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Metal and Oddities Reviews
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4 septembre 2015

DAWN PATROL - Democracy Delivered

DawnThrash - USA - 3 Juillet 2015 - 9 Titres, 30 Minutes

"Marie is only six years old, information please
Try to put me through to her in Memphis Tennessee
"

Je ne sais pas si depuis 1959, ce bon vieux Chuck B. a retrouvé sa petite Marie à Memphis, Tennessee, où s'il a arrêté de la chercher depuis que Francis Cabrel l'a retrouvé...Après tout, certains adieux déchirants inspirent les artistes pour écrire leurs meilleures chansons. Ce qui est certain, c'est que s'il traîne encore dans les rues de cette ville, il risque de rencontrer des individus suscitant une inspiration beaucoup moins poétique. Et si Chuck se retrouve face à face avec les frères Gonzales, il va falloir qu'il leur chante une autre ritournelle plus...virile.

Ok donc, le décor est planté, le Tennessee, notre Johnny national l'a aussi chanté, mais ce que je peux vous garantir, c'est qu'on ne trouve pas trace d'une quelconque nostalgie de cet état dans la musique de DAWN PATROL. Formé en 2012, le trio mené par les frères Tommy et Kyle Gonzales (guitare/chant et batterie) est déjà responsable de deux Ep's, Undead Horde en 2013, et Police State l'année suivante. En 2015, ils se décident enfin à passer au long format, et enregistrent ce Democracy Delivered aux Ardent Studios sous la direction artistique d'Alan Burcham qu'on trouvait déjà à la console sur Police State.

L'idée de base de ce premier LP nous est expliquée par le leader lui même:

"J'ai vu quelqu'un porter un T-shirt sur lequel était inscrit "Democracy Delivered", c'était une image d'un avion larguant des bombes du ciel. Cette image m'a frappé, alors lorsque je suis rentré chez moi, j'ai écrit une chanson basée la dessus. Comme il n'y avait aucun groupe appelé Democracy Delivered, on l'a gardé."

Le trio aime à se définir selon les pourcentages 85% Métal et 15% Expérimental. De ce côté là, impossible de les contredire, même si le partage 90/10 semble plus fiable. Car l'essence même de DAWN PATROL, bien loin des idées mélodiques de l'album éponyme de NIGHT RANGER, c'est le Thrash, le vrai, le pur, le costaud, celui qui garde les muscles du cou au chaud. Le trio ne s'embarrasse pas de principes, fonce bille en tête, et largue ses bombes sans crier gare en moins d'une demie heure, gardant ainsi une concision dans la puissance. Puissante, sa musique l'est. Elle fait référence aux meilleures heures du Thrash des 80's, laisse les rythmiques se développer le long de riffs francs et massifs, le tout survolé d'un chant hargneux aux harangues acerbes. DAWN PATROL se revendique de MEGADETH et HAVOK, mais mis à part le fait de partager son nom avec un morceau de la bande à Megadave, les points communs ne sont pas frappants. Les natifs de Memphis sont beaucoup plus virulents que ne l'a jamais été le teigneux rouquins, et on retrouve plutôt dans leur musique l'approche Européenne du style, ACCUSER en tête de ligne, voire la vague Thrashcore US de 88/90.

Niveau expérimentation, mis à part quelques incursions louches dans le Reggae/Ska, on ne peut pas dire que la fusion soit le maître mot de Democracy Delivered. Si "Dahmer" commence comme une jam impromptue du côté de Kingston, le morceau évolue vite vers un Thrash sans concessions, très rapide, constellé de up tempo à la double grosse caisse, qui ne fait pas la fine bouche et va à l'essentiel. Un concentré de ce que le style peut proposer de plus sauvage, joué carré et avec une belle énergie. Parfois, ça louche même sévère vers le Thrash Death moderne et hyper violent, limite Speedcore ("Lyndon Johnson"), voire le Métalcore d'il y a trente ans, à cheval entre les ruades Core et les riffs Métal ("Another Useless War", cinquante neuf secondes et pas plus), avant que le Reggae ne reviennent faire une brève apparition sur l'hommage cinématographique "Plan 9", hyper efficace et au chant encore plus éructé que sur le reste de l'album.

Le groupe ne se prive pas, et continue les private jokes, comme le démontre le final "Toxic Avenger",  qui débute salement Mosh, avant de se reposer sur des lauriers plus modérés. Thrash attack, refrain Core, belle façon de clôturer un disque ma foi...Ce qui est certain, c'est que le trio n'aime pas se perdre en route. Ils ont une ligne de conduite, et agressent l'auditeur sans relâche, même si quelques passages plus médium viennent calmer les ardeurs de la machine ("The Axeman's Jazz" qui ne rechigne pas à emprunter à AGNOSTIC FRONT quelques unes de ses harangues). Mais malgré ces quelques incursions sur les terres arides du Hardcore, le Métal de DAWN PATROL reste en acier pur et dur, et aiguise ses riffs, laisse à sa rythmique la place suffisante pour cavaler plein pot, le tout chapeauté par un frontman qui connaît son boulot, à la voix certes quelque peu monocorde, mais d'une belle efficacité, quelles que soient les circonstances.

Je ne sais pas si la petite Marie, âgée maintenant de soixante deux ans, retrouvera un jour Chuck dans les rues de Memphis. Ce qui est certain, c'est qu'elle a plus de chance de se retrouver face à une bande de chevelus hirsutes, très gentils au demeurant, mais un peu bruyants.

Oui Marie, le Rock N'Roll a évolué depuis 1959...Il va falloir t'y faire.

Alors un conseil, si tu optes pour sa version Thrash, tu peux faire confiance à ces hurluberlus. Ils savent de quoi ils parlent.

 

 

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