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Metal and Oddities Reviews
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4 septembre 2015

WET PETALS - II

wet petalsPost Screamo - USA - 19 Mai 2015 - 8 Titres, 19 Minutes

Le Screamo, c'est pas vraiment mon truc. Je dois être trop vieux...Mais déjà l'Emo dans les 00's, ça me saoulait, ça semblait trop superficiel et trop axé sur une douleur fantoche qu'il fallait éprouver sous peine de passer pour un ringard...Alors ce chant plaintif, ces riffs déjà tièdes, ces morceaux interchangeables et ces textes pseudos romantiques, non sorry mais je passais mon tour...Et puis une nouvelle génération de groupes est arrivée, semblant privilégier la créativité à l'apparence...Alors, en faisant un effort, j'ai pu me tenir au courant de l'avancée de la scène, ce qui me mène finalement à la chronique d'aujourd'hui...

Le Screamo, c'est bon s'il est dilué, ou s'il propose de nouvelles idées. Et si en sus, il est un peu branque, genre désespoir des losers, alors là, je deviens client. Et le groupe abordé aujourd'hui fait partie de cette caste restreinte de combos qui savent allier musique sombre, textes délirants et décalés, attitude, et approche de la composition personnelle. Difficile d'ailleurs de les raccrocher à un wagon, leur locomotive semble avancer seule sur les rails...Les WET PETALS nous viennent de New Paltz, petit village de l'état de New York, et ont déjà à leur actif un bon paquet de sorties depuis leur formation, dont un truc assez marrant, au titre improbable, Sous l'Arc en Ciel de Plastique (Constamment Matraqué par des Licornes), qu'ils nous recollent d'ailleurs ici...

Musicalement, l'affaire ressemble un peu à ce délire verbal, et II fait à peu près autant de bruit que ses prédécesseurs. Sous une production sèche et abrupte, se cachent huit morceaux hétéroclites, qui défoncent l'espace tous azimuts, en prenant grand soin de ménager quelques instants de paix...

Il semblerait d'ailleurs que seul le chanteur s'égosille sans pause. Même si leur bio précise qu'ils ne sont que "trois mecs qui font du bruit", II est plus complexe que la fausse nonchalance affichée, et des morceaux comme "An Echo In The Carnage" le prouvent sans complexe. Arpèges célestes, blindés d'écho et de delay, guitare qui monte en tension, pour découler sur une déferlante Scream N'Roll d'a peine plus d'une minute...Le schéma se répète d'ailleurs plus ou moins sur "Opium Summer", qui se la joue un peu DEFTONES/CONVERGE, avec ses accords de plage coucher de soleil et son chant râpé. Mélodique mais biscornu, c'est une recette qui fonctionne à plein régime et qui séduit...

Le trio ne s'embarrasse d'ailleurs pas de principes. Si les connaisseurs les comparent volontiers à STATE FAULTS, leur identité propre ne doit pas être remise en cause. Cette façon de bricoler des trucs à la limite du lo-fi (l'outro estampillée Nintendo de  "Opium Summer", le son huit pistes on tape de "Interlude" et son phrasé grave), leur donne une patine unique qui les rend incroyablement attachants....A la limite, ça passe pour un délire entre potes, un soir de septembre...D'ailleurs, ils avaient annoncé que II serait un album posthume, ayant décidé de continuer à naviguer sous un autre drapeau...Ils semblent prendre ça par dessous la jambe, tout en jouant carré, et cette façon dédaigneuse de prendre au sérieux le fun donne à leur morceau une brillance particulière...

Ainsi, si "Cascade" ne pose pas le pied hors de sentiers balisés du Screamo le plus brut, avec ses perçussions hypnotiques et sauvages, "Peach Plum Pear" s'amuse à côtoyer le Mathcore teinté de Black Indie le plus sauvage, et balance les blasts comme à la parade. Six cordes acide comme du vitriol, chant qui pousse encore plus loin les limites usées de ses cordes vocales, exécution en règle pour laisser l'auditeur sur un sentiment en demi teinte, j'achète...

J'aime bien cette méthode qui consiste à commencer une chanson comme si on emmenait le fan vers de verts pâturages, avant de le tronçonner par surprise dans un grand rire de fracas. Appeler un morceau "_________", et le lacérer de furieuses stries mi mélodiques, mi bruitistes, c'est assez finaud...

Mais ça résume bien la démarche globale.

Screamo? C'est possible, mais à la rigueur on s'en fout. Musique oui, créative, bruyante, agressive, puissante, doucereuse, trompe l'oeil, en gros, libre. Pas de plan, ou bien caché, une liberté de ton, et une façon très habile de nous envoyer nous faire foutre tout en nous offrant une piste qui tient la route.

On trace avec eux? Parce qu'on ne sait pas combien de temps ça peut encore durer...Et si demain tout était fini?

Possible, alors allons-y.

 

 

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