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Metal and Oddities Reviews
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5 septembre 2015

TELEVANGELIST - Wild, Jealous, Youth

TelevangelistOzana Records - Indie Post Mathcore - USA - 31 Juillet 2015 - 7 Titres, 28 Minutes

Ah les télévangélistes, ce phénomène typiquement US, comme les infomercials, les fontaines à coca, et les armes en vente libre dans les supermarchés...Ca me manque un peu tiens, ces prières énoncées avec ferveur et conviction, le visage grimaçant, avec en filigrane ce bandeau défilant en bas de l'écran, mentionnant l'adresse où envoyer ses dons...Le télé-achat américain, pour fidèles à la générosité guidée, ou brebis égarées en quête de rédemption télévisuelle? Un exorcisme de tube cathodique plus tard, et vous voilà lavé de tout pêché, jusqu'à la prochaine collecte en tout cas...Et ça roulait en Rolls, en Jaguar, tout de blanc vêtu. Arpentant les villages de paysans pour abuser de leur crédulité...Mais tout ça, c'est du folklore, du messianisme de mass media. Heureusement, malgré son nom, le quatuor dont je vais vous parler ce matin n'a rien d'une assemblée de faux prophètes qui n'en veulent qu'à votre argent. Ils vendent leur musique certes, mais son prix est abordable, et l'affaire reste très honnête.

TELEVANGELIST est un quatuor du Texas, forme en décembre 2011. Après deux EP et deux années de préparation, les voilà qui se lancent dans le grain bain du longue durée, sans pour autant changer leur missel de main. Ils ne psalmodient pas, ne suscitent pas la pitié à chaudes larmes de crocodile, mais cherchent plutôt leur voie à travers différentes options musicales, pour tisser leurs oeuvres au final d'un fil Indie/Emo délicat, mâtiné de Post Rock, et d'une légère touche de Math Core. Emo Math Core? C'est une possibilité, les mélodies, les soudaines flambées de violence, les délires labyrinthiques qui couvrent tout le manche et se baladent sur les toms, tout suggère une appellation en marge, mais surtout, beaucoup de technique au service de beaucoup d'émotion, pour une musique très riche, aux harmonies flagrantes et délicieusement amères.

Guitares en avant, qui libèrent des arpèges calmes et délicats, ou qui tapissent un mur sonore compact et nichant les dissonances au creux des harmonies, interrompant le déroulé par quelques cocottes en écho. Rythmique volatile, volubile, qui sait se faire discrète. Chant murmuré, puis époumoné de toutes ses forces, sur une frange relativement étroite qui n'empêche pas les montée en falsetto un peu fragile. Voici donc la recette de TELEVANGELIST pour mettre en pratique ses théories musicales...Ce n'est assurément pas du Math Core stricto sensu, mais ça en emprunte les dérives, les tics techniques, et les met au service d'un Post Indie Rock presque contemplatif la plupart du temps, comme un regard qui s'amuse de l'humanité tout en soulignant ses travers et ses qualités. Parfois, l'osmose est parfaite, et "You're The Devil" de confronter le chaos rythmique de CONVERGE avec la colère larvée des DEFTONES, sous couvert des mélodies de TENGIL. C'est de temps à autres plus symptomatique, comme ce "Crossing Ponds" qui laisse la guitare libre de ses choix, la batterie pleinement maître de ses impulsions nerveuses, protégée par une basse ronde, précise et ludique qui rebondit de plan en plan.

Si la musique se veut limpide et claire dans ses intentions, l'arrière plan de chaque morceau fourmille de petites idées presque indiscernables au prime abord, mais qui se révèlent au fur et à mesure des écoutes. Wild, Jealous, Youth est un empilement de textures sonores, d'arrangements parfois très discrets, qui se souviennent des 90's, de la scène Indie des années 2000, et qui s'en approprient les codes et les méthodes pour les adapter à leurs vues. Ca peut paraître simple comme ça, à l'image de "Forget Her", sorte de blue song sur la perte de l'être aimé, mais en tendant l'oreille, on peut distinguer toute la complexité de cette construction qui veut sciemment faire passer l'ardu pour du spontané. Enchevêtrement de choeurs désincarnés, fausse logique de la rythmique qui finalement s'avère techniquement pointue, et surtout, nappes de guitares qui explorent tous les aspects d'un jeu imbriqué, avec riffs faussement sobres, picking alambiqué, arpèges déconstruits pour occuper l'espace...

Mais faisons fi des métaphores et autres analyses musicales, et soyons plus spontané dans la réaction. TELEVANGELIST, sur ce premier album étale de fausses prétentions, mais une réelle humilité harmonique et technique. Le quatuor n'utilise son talent que pour mettre en valeur des mélodies étirées, et désosse le Math Core pour le reconstruire d'une façon très Indie Rock, avec quelques respirations Post Rock. Il n'est pas question ici de frime gratuite, ni de démonstration de force, juste de tirer la quintessence de chaque voie pour trouver la sienne. Si la voix juvénile de Mark Anthony Esquivel rappelle si souvent celle de Chino, c'est parce que la possibilité de se voir assimiler à une succession de la vague Emo/Néo des années 90/2000 est une option viable, et nous nageons alors dans les confluents d'une rivière qui serpente entre élaboration musicale optimale, et émotion à fleur de peau.

Et aux contraires de leurs homologues pleurnichant à la TV, les Texans demandent peu, mais donnent beaucoup. Leur musique est décalée, violente mais apaisante, heurtée mais coulée, et logique. Ce premier album laisse présager d'un futur qu'on espère prolifique et de plus en plus pointu, même si pour l'instant certains automatismes laissent encore planer quelques similarités entre plusieurs morceaux.

Mais c'est fort, violent, doux, absorbant, envoûtant, comme une jeunesse qui se heurte aux grandes énigmes de la vie. C'est ça, l'adolescence. avec toutes ses contradictions, ses oppositions, ses larmes et ses rires. Le tout en musique.

It smells like teen spirits in bloom...

 

 

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