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Metal and Oddities Reviews
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6 novembre 2015

LA MENADE - Disumanamente

La_Menade_I-Tunes

Valery Records - Alternative Metal - Italie - 15 Décembre 2014 - 10 titres – 43 minutes 

Un week-end à Rome, tous les deux sans personne? Bonheur, soupirs, chanson pour rire, chanson ritale, chanson ritale pour une escale... 

Tu avais bien prévu le coup Etienne, et tu avais anticipé ma matinée, bien vu. Mais tu as toujours eu du flair, c'est indéniable, en sus d'avoir une classe naturelle, qui je n'en doute pas, aurait particulièrement plu aux musiciennes que j'aurais pu te présenter. Elles sont quatre, se sont formées dans cette ville que tu as chanté, et depuis, continuent leur chemin.

 En 2000, Tatiana (guitare) rencontre Tanya (claviers). C'est l'entente cordiale, et l'idée de fonder un groupe cent pour cent féminin germe dans leur esprit. Alors répétitions, concerts, pendant quelques années, équilibre enfin trouvé à quatre membres en 2003, puis vient le moment d'enregistrer un premier EP, deux ans plus tard, Conflitti e Sogni. Produit soigné, et puis l'aventure continue, les filles gagnent un concours organisé par le magazine Freequency, qui leur permet de jouer au Rock Festival de Rome. Premier longue durée en 2007, encore assez approximatif dans la direction à suivre, mais porteur d'une emprunte personnelle indéniable, Male di Luna. Et puis, le silence...

Problèmes de line up, départ en 2009 de Lucia et Cristina, laissant Tatiana et Tanya seules avec leurs ambitions.

Tout s'arrange en 2010, avec l'arrivée de Chiara à la basse et se peaufine en 2012, lorsque Laura accepte le poste de batteuse.

Les filles se remettent au travail, et en deux ans, bichonnent leur retour qui finit par prendre la forme d'un second LP à la pochette sublime, sombre et féminine, sorti en fin d'année dernière, Disumanamente. Pochette qui en passant décrit admirablement bien le contenu du disque, avec son mélange de féminité exacerbée et de ténèbres assumées. 

Inhumainement? Il est vrai que la situation actuelle pousse les gens à se replier sur eux mêmes, adoptant des comportements égoïstes, voire violents dans certains cas, mais impossible d'être pessimiste à l'écoute de ce second effort des italiennes, tant celui ci est rempli de promesses et de moments de réelle euphorie. Elles qui dénoncent justement le repli sur des valeurs personnelles et sans issue ont beaucoup à offrir, et si leur Métal délicatement alternatif ne se démarque pas vraiment des canons du style, il garde une efficacité de tous les instants, et se livre, tel quel, sous une production large et brillante parfaitement adaptée.

Ce qui frappe au prime abord, ce sont ces arrangements synthétiques, qui loin de servir de simple gimmick enrichissent les morceaux, et leur confèrent une âme synthétique intéressante, qui contraste avec l'approche purement Rock/Heavy des structures et offre un contraste intéressant. Un peu à l'image de ces groupes de Néo comme CROSSBREED ou SPINESHANK, en version beaucoup plus Rock que Métal d'ailleurs. Mais pas d'équivoque, Disumanamente est foncièrement Heavy dans l'esprit, et les passages en double grosse caisse de "Carne Fragile" le morceau d'ouverture ne laissent aucune place au doute.

Le chant en Italien apporte une petite touche exotique et sexy à l'ensemble, mais gare à vous, Tatiana (qui depuis quelques années est aussi passé au micro) a du coffre, et même si ses feulements se veulent parfois plus doux, ses interventions sont la plupart du temps très puissantes et affirmées. Elle sait chanter, pousse parfois sa gorge dans la rocaille, mais ne se contente pas d'éructer, pour pouvoir garder les mélodies la tête hors de l'eau. 

Ces mêmes mélodies sont d'ailleurs très présentes, même si les riffs sont globalement lourds et gras. Ceux ci sont simples, directs, parfaitement placés, parfois très syncopés comme sur le très efficace "Maschere", qui n'oublie pas par ailleurs de laisser de l'espace au silence, pour distiller une ambiance un peu louche, avec en arrière plan quelques touches de synthé. Construction en tension, progression, ce morceau est un modèle de montée en volume intelligente, qui mène à un refrain explosif durant lequel Tatiana fait monter les décibels.

Ne négligeons pas l'apport d'une basse très pertinente, qui loin de se contenter de faire la jonction entre la guitare et la batterie se permet quelques libertés, tout comme son acolyte percussive, qui se laisse parfois aller aux joies d'un mid tempo à l'emprunte quasi Disco ("La Differenza").

Les morceaux forts ne manquent pas, qu'ils évoluent à la lisière d'un Heavy vraiment sombre ("L'assassino", aux trouvailles d'arrangements bien sentis), ou qu'ils trompent leur monde en débutant sous une lumière douce et tamisée avant de laisser aller parler la poudre ("Boogeyman", jolie performance vocale). 

Outre ce clavier qui s'intègre parfaitement à l'ensemble, jouant parfaitement le rôle d'instrument à part entière et non de simple glaçage sur le gâteau, on peut souligner chaque performance individuelle qui justement ne recherche en aucun cas la performance. L'osmose entre les musiciennes est notable, et la cohésion d'ensemble frappe fort.

Néanmoins, et c'est le seul bémol que j'apporterai au constat, ces mêmes morceaux sont parfois un peu trop similaires, et il aurait été assez pertinent de glisser un ou deux titres échappant au schéma général pour aérer l'album, qui semble suivre la même structure de titre en titre. Synthé qui ouvre le bal, mise en place, couplets qui grondent un peu en sourdine, refrain qui dépote...

Le final de ce même "Boogeyman", plus progressif et tendu aurait pu être utilisé sur d'autres exemples, et le final "Black Chaos" échappe justement à cette logique inévitable, rappelant légèrement 69 EYES en version plus expurgée et moins gothique, mais plus Rock. 

Le bilan est donc plus que positif, et Disumanamente est un très bon second album, qui je n'en doute pas, va ouvrir bien des portes aux italiennes. Il a déjà provoqué de très bons échos dans la presse nationale, et ne doutons pas que ses chansons vont faire un carton live. On demandera juste un peu plus de prise de risque pour la suite, mais au vu du potentiel énorme de LA MENADE, je ne pense pas que la déception soit de mise. 

"Week-end rital, retrouver le sourire. J'préfère te dire, j'ai failli perdre mon sang-froid" 

Tu as raison Etienne, LA MENADE m'a donné le sourire. Et elles ne perdent jamais leur sang froid...Et puis leur album, on peut l'écouter jusqu'alla fine della notte...

 

 

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