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Metal and Oddities Reviews
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6 novembre 2015

BEATEN TO DEATH - Unplugged

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Grind - Norvège - 9 Octobre 2015 - 13 titres – 21 minutes 

Si la Hollande est l'autre pays du fromage, il est certain que la Norvège est vue comme la nation du Black Métal et du Crust/D-Beat. Mais les affreux locaux qui manient plus ou moins leur instrument ne peuvent pas être réduit à cette constatation. Enfin presque. 

Prenez les ténébreux TSJUDER, avides de Raw Black et au sourire aussi prompt qu'une bonne idée à la télévision française. Leur batteur, Christian Svendsen bien que légèrement misanthropique et pas forcément avenant s'éclate comme un fou dans son groupe parallèle, qui lui n'a rien à voir avec les laïus passés de MAYHEM ou BURZUM. Non, l'homme se défonce comme une bête au sein d'un combo pur Grind, BEATEN TO DEATH, dont voici justement le troisième album, qui sort dans les frimas de ce mois d'octobre. Avant toute chose, considérerez ceci. BEATEN TO DEATH n'est pas que du Grind, mais une espèce d'hybride entre le style, le Hardcore fêlé, le Métal zélé, et un brin d'expérimentation, mais pas pénible pour deux sous. On pourrait dire en guise de résumé qu'ils se vautrent dans un Grind bouillonnant de créativité, mais surtout exubérant au possible, et bourré d'images sonores fantaisistes et stimulantes. 

Dès le départ, on sent bien la bonne blague. Rien que le titre, Unplugged en dit long sur les intentions du quintette, puisque évidemment, tout ici est à l'extrême opposé d'une musique dépouillée et acoustique. Et pour l'occasion, ce brave Christian d'ordinaire relativement farouche à toute forme de religion se voir affubler du pseudo affable et percolateur de "Bartender", qui prouve s'il en était besoin que BEATEN TO DEATH est là pour délirer, tout en jouant une musique qui ne nous prend pas pour des cèpes.

Le quintette s'est formé en 2010, sous l'impulsion de Martin Rygge et Tommy Hjelm (guitaristes, tous deux dans INSENSE), vite rejoints par Christian donc ( TSJUDER, THE CUMSHOTS), Mika Martinussen à la basse et Anders Bakke (SHE SAID DESTROY) au chant. Premier LP en 2011, Xes & Strokes, puis second en 2013, baptisé Dodsfest. Presse underground euphorique, réactions unanimes, BEATEN TO DEATH devient une vraie légende du milieu Grind nordique, et aligne les concerts happening et les sorties disponibles en vinyle impeccables.

L'heure tant redoutée du troisième album qui confirme ou infirme se rapprochant, les cinq olibrius travaillent leur grand soir, et accouchent enfin de ce Unplugged qui ne fait qu'enfoncer un peu plus l'écharde bruitiste dans le pied. Car une fois de plus, la qualité est au rendez vous, saupoudrée d'une bonne dose de capacité instrumentale et de délire ambiant. 

Mais si la lecture des titres pourrait faire vaguement penser à une version nordique des poilants ANAL CUNT, musicalement, l'affaire est beaucoup plus sérieuse, et disons le, "musicale". Même si les Norvégiens s'amusent à raconter des histoire sur "Le Papyrus Contenant le sort permettant de convoquer le Souffle de Vie enroulé dans les papiers de Sheryl Crow", de condamner à "Mort le faux Grindcore", de décrire des techniques hybrides entre le flux menstruel et l'onanisme dans "Mensturbation", ou de dédier une ode aux maîtres à penser "Greenway-Harris", ne les prenez surtout pas pour de joyeux fouteurs de merde à la petite semaine, car ils sont tout sauf ça. 

Certes, leur Grind étrange écrase tout sur son passage. Constitué en grande partie d'alternances de blasts fumeux et de pesanteurs douteuses, il fait la part belle à la diversité, mais surtout à une forme de folie contagieuse, qui rappelle dans le fond mais pas la forme les nucléaires TOTAL FUCKING DESTRUCTION. D'une puissance inouïe, conférée par une production nickel mais aussi par une alchimie instrumentale de dingue, Unplugged aligne les plans souvent très courts, qui s'ajoutent les uns aux autres pour finir par former une sorte de sarabande de la violence qui ne perd pas son sourire en route.

Pour ça, tout est bon. Les variations de tonalités porcines au chant (parfois cochon de lait, parfois gros porc qui mange, souvent goret qui couine), avec quand même quelques inflexions plus Hardcore, les riffs balancés à la hâte comme prétexte ou au contraire purement réfléchis, et surtout, une rythmique de fou qui en colle partout, mais toujours logique et cohérente.

Alors on emprunte. Un peu d'Indus, un peu de Core, pas mal de Métal, parfois du Goregrind pour le fun, et on empile.

Pas un seul morceau au delà des deux minutes, mais au vu du nombre d'idées étalées dans le temps imparti, nul besoin d'aller plus loin. Pas non plus de segment lapidaire à la "You Suffer", on veut bien rigoler, mais tout à ses limites. 

Alors on ne rechigne pas sur un bon gros swing tartiné de Goregrind fulgurant ("Til Himmels", avec même des riffs presque catchy), ou sur le démarcage de BRUTAL TRUTH, avec basse brillante en avant ("I Keep Stalling", proche de l'épilepsie incurable), on n'hésite pas à se la jouer gros méchants sur une saillie bordélique au possible qui ne ralentit presque jamais ("Greenway-Harris", z'ont du être contents quand même), et puis tiens, à la volée, on jette quelques arpèges dissonants pour mieux entamer une suite limite Black par son intensité, mais qui sait garder une louche de Math bordélique dans le plat ("Robert Sylvester Kelly", pas loin du non sens global).

Difficile à expliquer, mais facile à apprécier. Bourrin, mais festif, drôle, mais pensé. En gros, du Grind intelligent qui déborde souvent sur autre chose, joué par des mecs qui aiment vraiment le style, et qui ne jouent pas les pingouins amateurs. 

Mais pas sur qu'à la grande époque, MTV leur aurait consacré un Unplugged rien que pour eux. Après tout, les trouble fête sur un plateau, ça fait tâche, même si leurs blagues sont élaborées. Non, un truc à mettre le matin, pour se donner un coup de fouet. Genre la serviette mouillée bien nouée et claquée sur les fesses de votre pote. Ca fait mal?

Oui, mais c'est bon....

 

 

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