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Metal and Oddities Reviews
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26 novembre 2015

LIFELINE - Scream

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Escape Music - Hard Rock - UK - 23 Octobre 2015 - 12 titres – 49 minutes 

Quand deux amoureux du Hard Rock mélodique se rencontrent autour d'une table, de quoi peuvent ils bien parler? S'ils sont Américains, la question peut se poser, et la pose prédominer. Repas light, attitude...Mais s'ils sont Anglais, le flegme et la retenue l'emportent, et la discussion varie des plaisirs traditionnels et nationaux, thé, Queen et respect du voisin, jusqu'à la musique bien sur, qu'on aborde comme un art. Cet art de l'harmonie puissante exige en effet pour atteindre les sommets, des esthètes, des ciseleurs du riff, qui sait rester hargneux tout en évitant d'être mielleux. Trop sucré, et c'est l'AOR indigeste assuré. Trop touffu, c'est le Heavy qui pointe le bout de son nez, alors l'équilibre est dur à trouver.

Cette discussion, Nigel BAILEY (THREE LIONS, BAILEY) et Lee SMALL (SHY, PHENOMENA) l'ont eu, et elle fut instiguée par le boss même d'Escape Music, qui sentait le bon coup à jouer. 

De bon coup, il est question ici. Et au vu du pedigree des deux musiciens impliqués, ce duo improvisé était même une grosse anguille sous roche pas vraiment cachée. Si le groupe est juste né, ses concepteurs ne sont pas issus de la dernière pluie, et ont déjà bien traîné leurs guêtres dans le milieu. Pas question de bâcler le travail pour inonder les bacs d'un sous produit, leur réputation était en jeu. Surtout que depuis trois, quatre ans, l'AOR et le Hard Mélodique connaissent un énorme regain d'intérêt de la part du public. Il fallait frapper fort, bien, et constant.

Et c'est exactement ce qui s'est passé.

En douze titres, les deux hommes, appuyés par Paul Hune (guitare), Steve Clarkson (batterie) et Andy Bailey (claviers) ont fait le tour de la question, et la réponse tourne plutôt rond, sans justement tourner en rond. C'est du travail de précision, qui laisse une grosse place au feeling, mais aussi à la raison. On retrouve bien sur les ambiances Européennes des 80's, influence SHY oblige, mais aussi les tendances US à diluer la distorsion dans la tendresse, sans devenir mièvre. Somme toute, c'est juste un excellent album truffé de refrains accrocheurs, de soli vengeurs et de choeurs qui vous attend, et le titre Scream est particulièrement bien choisi, parce que celui ci fait du bruit. 

La tonalité générale est bien évidemment plus proche du Hard Rock que de l'AOR radiophonique US, origines anglaises obligent. Et même lorsque le quintette se décide à adapter ses chorus aux exigences d'outre Atlantique, le clavier sait rester discret et l'énergie ne pas trop se tamiser ("Feels Like Love", "Danger In The Sky"), même si parfois le ton s'assouplit et rappelle les meilleures productions du genre, parues entre 86 et 89 (le vitaminé "Destination Freedom" qui cavale à bon rythme mais sait rester sincère dans la légèreté). Non ici, le Heavy est roi, et teinte toutes les compositions d'une bonne couche à la SHY/HAREM SCAREM ("A Fortunate Man", qui rappelle même un peu le Gary Moore pré Bluesy), influence HAREM qu'on retrouve d'ailleurs sur le morceau d'ouverture, "Fear No Home" qui juxtapose des guitares saignantes et un chant gorgé de feeling. 

Nous n'évitons pas évidemment la ballade d'usage, qui permet aux claviers de profiter un peu de la lumière, et "Now His Angels Gone" de lâcher un peu la vapeur pour d'autres humeurs, plus mélancoliques. La voix de Lee fait merveille sur ces instants en demie teinte, un peu voilée mais débordant d'intimité, et cette gravité permet de passer juste à côté des récifs de la mièvrerie. Lorsque les deux mondes se percutent de plein fouet, ça donne de petits brûlots qui peuvent permettre d'avaler de la route sans s'ennuyer à regarder le compteur, et le morceau éponyme en fait justement un exemple parfait, avec ses couplets pur Hard Rock cinglant qui se crashent sur un refrain superbe et ouvertement mélodique. On pense à Jami JAMISON pour l'accommodage des riffs à la sauce AOR, et placé à mi album, c'est un coup de boost qui redonne la pêche, quoi que celle ci ne vous quitte jamais vraiment. 

Allant, dynamisme, envie, tout est convaincant, et pourtant sonne si naturel et pas du tout forcé. Peut être que Nigel a trouvé la formule magique pour ne jamais se défausser, comme il l'explique lui même: 

"J'écris le genre de chansons que j'aime écouter, que ce soit des parties Heavy ou des ballades...Je ne prévois rien en fait, je prends ma guitare et j'attends de voir ce qui en sort. Mais pour cet album, il me fallait quand même penser à des structures pouvant épouser les contours de la voix de Lee, et de la mienne" 

Le résultat est probant et le mariage des deux organes prenant. Il est clair que l'option Heavy n'a pas été négligée, et ce, même dans les moments les plus tardifs, lorsque "Mary Jane" nous ramène aux samedis soir des 80's, clubs de Los Angeles ou de Londres, alors que "Dark Skies" baisse un peu les spots pour se rapprocher d'un Hard Rock mélodique à la DANGER DANGER des débuts. 

Peu ou prou, c'est un album parfait. Classique, qui ne prend aucun risque, mais parfait. C'est techniquement largement au dessus de la mêlée, et musicalement dans les balises sans les franchir, mais sans non plus trop les suivre de près. En gros, une adaptation des coutumes US au label AOC Heavy UK, sans trop en faire, en restant soi même.

Mais si le Heavy/Hard/AOR ou plus généralement le Hard Rock mélodique hante vos nuits depuis plus de trente ans, il y a fort à parier qu'il continuera encore longtemps, tant que des albums comme Scream effleureront vos oreilles.

Harmonies, puissance, honnêteté, simplicité. Un bon résumé non?

 

 

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