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Metal and Oddities Reviews
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26 novembre 2015

BALZAC - Bloodsucker

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Diwphalanx Records - Horror Punk - Japon - 8 Juillet 2015 - 14 titres – 43 minutes 

La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste. 

De cette citation de Physiologie du mariage, que pouvons nous retenir comme enseignement? Bien des choses, mais surtout, qu'elle colle à merveille à l'album dont je vais vous entretenir...maintenant. Bon, le choix est osé, et pas sur que Balzac fut honoré (oui, je l'ai faite, désolé) de l'emprunt de son noble patronyme pour couvrir des exactions aussi horrifiques que Punk. Aurait on pu voir à l'époque en ce brave Honoré un rebelle avec une cause? Oui, celle de la plume, tout comme nos excentriques du jour en sont, mais avec des guitares... 

Déjà quelques années que les Japonais de BALZAC agitent nos oreilles de soubresauts Rock N'Shock, et plus les années passent, meilleurs dans le pire ils deviennent. Les fans se souviennent sans problème des délires d'antan, Blackout en 2013, Paradox en 2009, ou encore Hatred:Destruction=Construction quelques années auparavant. BALZAC n'a jamais hésité à jouer la carte de l'outrance déviante, s'est parfois abandonné aux expérimentations louches et bruitistes, mais revient aujourd'hui avec un album très concis, toujours articulé autour de cette fascination pour l'horreur bon enfant. Musicalement, les choses deviennent très solides avec le temps, et on pourrait presque affirmer assez vite que Bloodsucker est sans doute leur meilleure histoire... 

Oui, et c'est facile, tout le monde les compare aux MISFITS, pour ce look hérité de Glenn et Jerry, mais au niveau des compos, les deux ténébreux n'ont jamais rien accouché d'aussi accrocheur. Car BALZAC est sombre certes, mais plus dans l'imagerie que dans le ton, et leur Horror Punk peut même à l'occasion devenir un sacré Pop Punk direct et mélodique ("199666", plus catchy qu'une momie qui sort de son sarcophage la tête dans le cul), même s'il n'oublie pas au passage qu'une bonne ambiance glauque et embrumée plante le décor mieux qu'un squelette omnivore ("I Suffer", aux riffs noirs comme une nuit perturbée par une armée de zombies). Alors accrochez vous, car après l'intro d'usage empruntée à SLIPKNOT ("12-20-68 7-4-69"), tout dépote, RAMONES et multiplie les clins d'oeil à la culture trash sans vergogne.

Mais loin du mauvais goût de Waters, de la solennité des MISFITS ou du délire à lunettes de soleil des CRAMPS, les BALZAC jouent à fond la carte du revival DC Comics et Tales From The Crypt, le tout sur fond de Punk Hardcore de première bourre. 

Quatorze morceaux, RAMONES style, mais ça n'est pas non plus histoire de caser le plus de vignettes possibles pour remplir l'album Panini défraîchi. Tout est bon ici, que les contes soient haletants et percutants ("スローモーション", dans le genre crade Punk Rock dopé aux amphétamines trafiquées), ou racontés au fond d'un vieux Garage pas rangé mais qui vibre encore d'un mid tempo bien saignant ("逆光", genre de Pop Rock song chantée par Rob Zombie et aux riffs tronçonnés par Johnny Thunders), sans oublier les sales légendes de vampires qu'on balance à un gosse à toute blinde pour qu'il s'endorme en claquant des dents ("Return Of The Bloodsucker", limite Powerviolence quand même, mais sous la minute pour ne pas traumatiser le morveux)... 

Parce que l'image c'est bien, mais si le son qui sort des amplis est tout riquiqui, ça calme les ardeurs. Ne vous inquiétez pas, et même si les critiques ont vu en Bloodsucker un sacré retour en arrière, les morts vivants n'ont rien perdu de leur faim de cervelles, même s'ils se laissent aller au pilotage automatique Néo Punk un peu facile et mémorisable ("Blow Out", qui ne rechigne pas à accélérer le pas quand même). Tout ça s'écoute comme on regarde un vieux Shock Movie, de préférence mal fait et doublé par des quiches, la pizza froide sur les genoux et le rire facile ("Atomic Age II", qui déraille grave dans le genre Thrash Punk à la PLASMATICS), ou un standard de Carpenter, avec le Boogey Man derrière la fenêtre ("Trick Or Treat", qui pulse comme une victime avec un tueur sur ses pas, mélodie qui transpire et guitares qui tirent dans les pattes). 

Pas besoin de vous prendre la tête, le mauvais goût est assumé, mais tellement délicieux qu'on en redemande. A cheval entre volonté de séduire les kids et d'effrayer les parents ("Wonderwall" vs "残骸" et son orgue à la LaVey en intro qui fout la chair de poule avant de l'égorger d'un gros Doom pesant et flippant), Bloodsucker comme je le disais, pourrait bien être le meilleur album de BALZAC, tout du moins le plus efficace. Même si les déviations bruitistes ne sont pas complètement passées à la trappe, le groupe s'est recentré, et nous offre sur un plateau souillé d'hémoglobine quatorze hits d'outre tombe à reprendre en coeurs, saupoudrés d'une production énorme qui rend les guitares encore plus mauvaises. A partir de là, le parallèle avec les MISFITS n'aura plus jamais lieu d'être, sauf bien sur si vous vous arrêtez sur l'accoutrement en occultant la musique.

Ce qui serait fort dommage, parce que dans le créneau très restreint de l'Horror Punk, BALZAC est en train de devenir une référence, piochant dans le passé tourmenté comme dans le présent terrifiant. 

Un peu de Punk, du Rock, de la Pop, du fast, du slow, ce nouveau film pour les oreilles des Japonais se déguste avec jouissance, et on attend avec impatience le moment fatal ou la jolie héroïne va se faire bouffer par le loup garou lubrique aux poils qui luisent.

Du fun oui, mais abordé avec sérieux. Et surtout, une tonne de bonnes chansons qui font peur tout en faisant bouger la tête. 

Arigatô BALZACSAN!

 

 

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