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Metal and Oddities Reviews
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27 décembre 2015

SAINTLY ROWS - Heaven In The Hollow

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Too Far Gone Records - Post Screamo - USA - 5 Février 2015 - 10 titres – 20 minutes 

On va dire qu'en ce moment je fais exprès d'aller chercher du côté du Screamo matière à disserter alors que j'en suis allergique, mais je vous assure que seul le hasard en est responsable. En plus, ce matin, je suis en veine, puisque je suis tombé sur un groupe vraiment à part, qui s'apparente plus à un genre de Post Screamo qu'à un truc d'adolescent en proie aux affres des indécisions juvéniles à propos du choix de son nouveau blouson.

Et puis comment voulez vous résister à une accroche pareille : 

"On ferait mieux d'être les SMASHING PUMPINKS" 

Ok les gars, Halloween c'est fini depuis longtemps et les citrouilles sont rangées. Et pas sur qu'à l'écoute de Heaven In The Hollow, ce brave Corgan soit honoré de cet hommage ironique un peu maladroit. 

Ne vous en faites pas chers lecteurs, durant les vingt minutes de ce premier album aux allures radines de EP, vous ne risquerez pas de tomber sur un nouveau "Bullet With Butterfly Wings" ou une digression sur Gish, les résidents d'Albuquerque, Nouveau Mexique, en sont très loin, aussi loin que les TRAP THEM peuvent l'être de CORONER. La façon d'aborder le Screamo du trio est très particulière, et parfois avouons le, très bordélique. On est souvent assez proche d'un genre de Noisy Core très bizarre, enfoncé la tête jusqu'à la racine des cheveux dans des mélodies dépressives, mais quand même aéré régulièrement par des guitares claires qui se demandent sans doute à quel moment elles ont raté l'embranchement. C'est puissant, assourdissant même ("Luminarias"), et surtout, étrangement construit. Les morceaux sont très courts et pourtant bénéficient tous d'une ambiance particulière, même si toutes partagent ce goût pour une introspection qui fait mal à l'âme, sans en avoir l'air. 

Atmosphérique dans un sens, un peu contemplatif, mais puissant au demeurant, la musique des SAINTLY ROWS est très atypique, et se sert dans les plats du voisin pour enrichir son assiette un peu rachitique. Enregistré dans des conditions live par Lee Sillery aux Push Drive Studios, c'est un disque qui sent l'urgence, qui ne triche pas et ne cherche pas à séduire. C'est pourtant ce qu'il parvient à faire, en se partageant de façon schizophrénique entre harmonies typiques du Post Rock et dissensions Noise hautement effectives. On retrouve cette dualité dans chaque morceau, même si certains jouent volontiers la carte de la franchise, et au final, l'impression laissée par Heaven In The Hollow est relativement troublante et étrange, et cette sensation d'inconfort est renforcée par le fait que le groupe a splitté très peu de temps après avoir enregistré ce premier album longue durée. 

Il est dommage de prendre acte de cet avis de décès, car le trio avait manifestement beaucoup de choses à offrir. En utilisant le vocabulaire Screamo des OFF MINOR et autres OLD GRAY, mais en détournant le tout à des fins beaucoup plus personnelles, le groupe était parvenu à trouver un équilibre instable entre mélodies subtiles et charges sans compassion aucune, donnant à sa musique un relief irrégulier, comme des montagnes russes élaborées par un architecte un peu fou et à la recherche de sensations très fortes. Les textes en parfaite adéquation avec l'atmosphère ambiante renforçaient cette sensation de malaise presque palpable, et quelques vers suffisent d'ailleurs à tout résumer assez fidèlement. D'ailleurs, l'un d'entre eux ressemble même à une prémonition funeste qui finalement, s'accorde aux faits de manière étonnante : 

"If this is what you need, a life away from me, then I will be an ocean and slowly recede." 

Finalement, cette image d'océan qui reflue est très pertinente, et illustre bien le propos du trio. Les vagues successives s'écrasent contre les rochers, provoquant un fracas énorme ou au contraire une délicate mélodie d'eau qui se répand sur la plage. Mais il est assez ardu de décrire des chansons qui ne sont qu'émotions, complémentaires et/ou contraires, et si les accents Screamo sont bien présents au détour d'un hurlement (le travail au chant est gigantesque d'ailleurs), Heaven In The Hollow tient plus d'un Post Hardcore nuancé et contrasté. Ironiquement, les SAINTLY ROWS terminent sur un aveu, le plus long de leur répertoire, "I'll Be Seing You", qui semble être un joli signe d'adieu à l'égard de leurs fans. 

"If there’s a heaven in this hollow, don’t mourn the loss of flowers when Spring is soon to follow." 

S'il y a un paradis dans ce vide, il est évident que le trio l'a découvert, et a choisi d'y rester. Dommage pour nous, car l'aventure s'arrête prématurément, mais il nous reste leurs témoignages musicaux pour nous consoler. Et gageons que tout ça continuera sous une forme ou une autre, sous un autre nom, dans un autre créneau.

En attendant, Heaven In The Hollow laisse une trace indélébile dans la mémoire une fois sa dernière note dissipée, un peu comme la dernière vague que l'on voit s'échapper un matin d'hiver, lorsque le froid vous oblige à rentrer.

Il y a du paradis la dedans, mais aussi un bout d'enfer. Et surtout, la fin d'une route. 

Dommage.

 



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