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Metal and Oddities Reviews
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27 décembre 2015

SADISM - Alliance

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Mechanix Records - Brutal Vintage Death - Chili - 4 Décembre 2015 - 12 titres – 41 minutes 

Bon décidemment, le Chili, Santiago, c'est comme une deuxième maison pour moi, une ville d'adoption, qui n'en finit pas de me présenter ses enfants pour arranger des mariages entre l'Amérique du Sud et l'Europe. Mais convoler en justes noces avec des gangs pareils, ça demande de l'abnégation. Pas vraiment le genre de troupes qu'on présente à ses parents, à moins d'avoir une table bien isolée de laquelle ils ne pourront communiquer avec personne. La speed date du jour, bien préparée par le comité des fêtes local est encore plus rapide et chelou que d'habitude. D'autant plus que les promis n'ont pas franchement la tête de l'emploi, et paraissent plus à même de tout casser dans la cuisine et tout voler dans le salon. Et puis, ils ne sont plus tout frais les gus quand même. Faut dire qu'ils traînent leur solitude depuis 1988, et que le temps commence à se faire long.

Depuis trente ans ou presque, ils sèment des faire-part qui restent lettre morte mais pas pour tout le monde. les accros au Death brutal les ont déjà ramassés et lus attentivement, séduits par leur lettrage morbide et leur message lapidaire. 

Sus aux analogies douteuses, présentons les comme ils sont. SADISM, c'est un quintette qui nous vient donc de Santiago, Chili, et qui en a dans le pantalon. Alliance, qui là aussi multiplie les appels du pied est déjà leur septième longue durée, et on ne peut pas dire qu'il change beaucoup la donne, puisque Ricardo (chant, depuis 1988), Juan (batterie, depuis 88), Juan (basse, depuis 88), Gabriel (guitare, depuis 2012) et Pablo (guitare, depuis 2013) se cantonnent à ce qu'ils savent faire le mieux, un Death primaire, barbare qui retrouve le souffle putride de ses débuts, et ne tente même pas de s'adapter à l'air du temps, puisque le leur, le meilleur, n'a pas changé depuis leur initiation. Mais si d'ordinaire le quintette prend son temps pour affiner ses compositions, cette fois ci une seule année sépare Alliance de son prédécesseur, le recommandable The Ocularis Domination, paru en 2014. Précipitation? Envie de s'imposer plus régulièrement? Je n'en sais rien, mais je dois avouer que les différences entre les deux opus sont plus difficiles à trouver que les points communs... 

Du Death donc, version Sud Américaine, donc épais, consistant, et efficace comme du barbelé enserrant un visage tuméfié. Halte là, les Chiliens ne se posent pas non plus en CANNIBAL CORPSE locaux, et louchent plus vers le Death à la Chris Reifert ou la vague Scandinave des 90's, avec toutefois une approche de la froideur plus...chaleureuse. On ne change pas une recette qui gagne, et on peut même se dire que le Thrash rapide est parfois plus présent que le Death putride, même si le grand écart entre les deux n'est pas si acrobatique que ça. Les frères d'armes de TORTURER, ATOMIC AGGRESSOR et TOTTEN KORPS ne trompent pas leur monde sur la cargaison, et cavalent, virevoltent, alignent les rythmiques rapides et les riffs qui ne le sont pas moins, le tout diabolisé en quelque sorte par la voix caverneuse de Ricardo, qui domine les débats de son timbre raclé.

Pas de changement notable dans la façon d'aborder les choses, leur musique est sensiblement la même depuis leurs débuts, et il serait fâcheux d'y trouver matière à se plaindre. 

A dire vrai, il est ardu de comparer SADISM a qui que ce soit. On peut trouver à la rigueur des accointances plus ou moins affirmées avec IMMOLATION, ou même des réminiscences du MORBID ANGEL à mi chemin entre Covenant et les démos de Abomination Of Desolation, mais avouons le tout net, la franchise des Chiliens n'a que peu d'équivalents, et symbolise à merveille cette période charnière ou les groupes hésitaient encore à quitter un Thrash ultra violent pour un Death qui ne l'était pas moins. 

En fait, ce Death se retrouve surtout dans les riffs, sombres, saccadés mais laissant tournoyer des motifs salement mélodiques pas vraiment nets. Sous cet aspect là, les deux guitaristes qui sont aussi les membres les plus récents abattent un travail de titan, et tissent un canevas piège qui attire les oreilles dans ses mailles, sans relâcher son étreinte.

Et comme le quintette à l'intelligence de ne pas faire traîner les choses, l'impact est soufflant et immédiat. On ne se perd pas dans de longs bavardages, on récite même quelques psaumes à la DISMEMBER en singeant le phrasé de Scream Bloody Gore ("Putrid Golden Cord"), tout en laissant parfois le champ à un panachage de plans qui se percutent à grande vitesse  ("Pain Will Tear Us Apart", c'est Ian Curtis qui va être content d'entendre ça de là où il est...). 

Alors concision, respect de la tradition, efficacité, tout est là pour flatter vos instincts les plus primaires, mais avec flair et panache. On ne se vautre pas dans la facilité, ni dans l'innovation, et on suit peu ou prou la même ligne de conduite depuis le début, comme si le temps était resté bloqué. A dire vrai, les deux deniers efforts du groupe pourraient se concevoir en diptyque ultime, mais lorsqu'on écoute SADISM, on ne cherche pas à être surpris, juste rassasié par une grosse dose de rythmiques fatales et de riffs à pédales. Et même si le quintette se lâche un peu sur la fin avec une intervention un peu plus longue que la moyenne, "Alliance/We Decline!" change légèrement le ton pour se faire plus lourd, et plus contemporain, avec même quelques dissonances à la GODFLESH de bon ton qui s'écrasent soudain sur un SEPULTURA des débuts. 

Loin de toute forme d'évolution, Alliance n'en propose aucune, et reste les deux pieds fermement campés en terre Death, et enthousiasme au plus haut point avec son savant mélange de Thrash brutal et de Death primal. Et ça, c'est déjà pas si mal. Pas de gore, pas de tronche en biais, mais du direct qui fait du bien et qui ramone dès le matin. 

Le Chili, l'autre terre de la violence musicale, qui va bien finir par nous envahir un jour. Après tout, la demande en mariage n'est pas si déplacée que ça. Ils sont virils ces Chiliens, alors certes, ils ne sont pas vraiment portés sur les bonnes manières, mais en cas de déménagement, comptez sur eux. Ils le font à tous les étages.

 

 

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