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Metal and Oddities Reviews
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6 janvier 2016

PHRENETIX - Fear

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Inferno Records - Thrash - Lituanie - 11 Novembre 2015 - 8 titres – 36 minutes 

De la violence à Vilnius. Ça vous rappelle quelque chose? Oui moi aussi, mais pas de parallèle d'un goût douteux, ce qui serait franchement déplacé. Mais l'anecdote est troublante, d'autant plus que la musique de ces nouveaux venus de Lituanie ne fait pas dans la dentelle, et rappelle bien des tours de forces connus des amateurs de Thrash des années 80. Vilnius donc, capitale de la Lituanie, pour une musique qui ne résonne pas comme une litanie. Litanies en Lituanie, ça aurait pu donner du Gainsbourg moyen, mais c'eut été sacrilège pour parler du premier album de ce quatuor qui fait montre de bien des qualités, et refuse d'être timoré. 

L'histoire est simple, et la bio concise. PHRENETIX s'est formé en 2011, et depuis cette date, n'a cessé d'affuter sa musique on stage, partageant les estrades locales avec ses frères d'armes, avant de se lancer dans l'enregistrement d'une démo en 2013, State Of Ruin, histoire de propager la bonne parole Thrash en version digitale sur la toile. Pas de méprise, l'univers musical de ce quatuor évolue en plein dans l'univers Thrash des glorieuses 80's, et il n'est pas étonnant de trouver bien des similitudes entre ce Fear et des vinyles fameux parus il y a quelques décennies. Lina (Guitare/Chant), Paulius (Guitare), Jonas (Batterie), et Daumantas (Basse) connaissent leurs classiques, et la configuration en quatuor leur sied à merveille. Alors évidemment, avec une frontwoman de la trempe de Lina dans leur rangs, la partie est déjà faussée, et les bons points s'accumulent. Tout comme les analogies avec d'anciens combos aussi menés de voix de fer par des demoiselles à l'énergie indéniable, HOLY MOSES, DETENTE et MEANSTREAK en tête de liste. 

La voix délicatement rocailleuse de Lina est évidemment le point névralgique de ce Thrash nostalgique qui ne prend pas de gants, et en huit morceaux comme à la grande époque, PHRENETIX emballe les débats, sans tomber dans la précipitation.

Il est assez remarquable qu'un groupe aussi jeune avec aussi peu d'expérience de studio ait réussi à enregistrer un album aussi pro et inspiré que Fear, mais je dois reconnaître que dans la masse de sorties vintage Thrash qui inondent le net depuis cinq ou six ans, ce premier LP surnage de la tête et des épaules, sans faire vraiment d'effort particulier. Le Thrash de PHRENETIX est simple et direct, mais ne tombe pas pour autant dans le simplisme outrancier, loin de là. En majorité médium, mais ne rechignant pas à accélérer le tempo, il peut compter sur une paire de guitaristes solides, un soliste pertinent dans ses interventions, et une rythmique créative qui ne chôme vraiment pas. 

Fear est donc un panachage du meilleur Thrash des eighties, juxtaposant des tempi furieux et des assises Heavy copieuses, et ne sonne ni roboratif, ni répétitif. En fait, il se pose en union pas si forcée que ça entre DETENTE et son côté Punky et HOLY MOSES et son amour pour le Thrash sans vernis, tâtant aussi du Power de POWERMAD, de la finesse d'ANNIHILATOR, mais aussi de la franchise d'EXODUS et de l'approche biaisée des groupes à emprunte Mosh de la fin des années 80. 

Rien à jeter, et on regrette même que quelques saillies supplémentaires ne soient pas venues enrichir la fête. Car de fête il s'agit, celle des riffs joliment saccadés, des lignes de chant scandées d'un timbre convaincant, et surtout, celle des breaks qui s'enchaînent sans temps mort dans une fluidité impressionnante. Je le disais, la maîtrise des Lituaniens est énorme, et j'ai vraiment du mal à croire que ce premier album en soit un. On sent plutôt un combo à l'aise dans ses baskets délacées, qui avance avec frondeur sans douter de ses capacités. Basse qui résonne clairement, déliés de guitare pertinents, ligne de chant pénétrant, tout est réuni pour remettre au goût du jour la violence bonne enfant du Thrash d'il y a trente ans. Si tous les titres valent le détour, certains sont encore meilleurs que les autres et se posent en hymnes définitifs, comme cette agression compacte "Unconscious Game", qui garde la rythmique sous contrôle pour se lâcher sur un refrain vraiment prenant. 

Le talent de vocaliste de Lina est à souligner, son phrasé est coulant et souple, et sa diction absolument parfaite, et en tant que leader de fait, elle assure comme deux, dans un style de Dave Mustaine meets Sabina Classen.

Lorsque l'ambiance change et se veut plus Punky, ça donne des intro à la MOTORHEAD qui dégénère en furie Thrash de première ("Art Of Jail"), et on se retrouve parfois à la lisière d'un Techno Thrash subtil, qui marie l'efficacité US à la préciosité Européenne, sans tomber dans la démonstration. Le TOXIC de Think This, épuré de toutes ses scories démonstratives n'est pas non plus un parallèle déplacé, et les titres les plus longs, à l'instar de "Posera" se permettent même un croisement entre les Techno Thrasheurs US et la rugosité du PANTERA de Cowboys From Hell.

Car PHRENETIX a mis à profit ses années de scène pour tester ses riffs les plus percutants, n'a retenu que la crème de la crème, et se permet de faire la nique à bien des groupes connus qui ne sont jamais parvenus à un tel équilibre entre puissance et finesse. 

Neuf sur dix, parce que ce premier effort mérite une telle note. En 2015, il est assez difficile de se démarquer des autres dans le créneau du revival Thrash, pourtant ces quatre musiciens l'ont fait, sans chercher la petite bête ou l'excès d'originalité, mais en signant neuf compos si efficaces qu'on s'y remet une fois l'écoute achevée. Fear vient donc rejoindre le peloton de tête des sorties Thrash de ces dix dernières années, sans forcer, mais en regardant plus loin que le bout de son nez. 

Le Thrash est certes une musique simple d'approche, mais il faut beaucoup de talent pour la transcender. Et de talent frénétique, les PHRENETIX n'en manquent pas.

 

 

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