THE LOCAL BAND - Locals Only

Sony Music Entertainment - Pop Rock Covers - Finlande - 4 Décembre 2015 - 7 titres – 30 minutes 

On pourrait penser que des musiciens connus sont déjà assez occupés comme ça...Entre les enregistrements, la promo, les tournées, il ne doit pourtant pas leur rester tant de temps libre que ça. Mais ne sous estimons pas leur envie viscérale de faire la fête, et pas seulement à grands coups de shots ou de rasades de Jack. Les mecs peuvent aussi s'aérer la tête en continuant de faire ce qu'ils savent faire le mieux. De la musique. 

Ils n'en ont donc jamais assez... 

C'est la leçon qu'on pourrait tirer de ce premier EP d'un groupe sorti de nulle part, et dont tout le monde connaît pourtant les deux leaders.  Alexi Laiho (CHILDREN OF BODOM) et son grand pote Jussi69 (THE 69 EYES) devisaient justement un soir de décembre à Los Angeles, de choses et d'autres, lorsque soudain Alexi soumit une idée incongrue à son partenaire de boisson. Il avait envie de s'amuser, et donc, de se livrer à l'exercice fun de la reprise hors contexte, citant POISON, MÖTLEY, et d'autres petits passe temps comme d'écluser quelques verres. Trop heureux d'adhérer au concept Jussi le titilla d'une date possible pour concrétiser ce délire entre amis, lorsque la célébration de Noël s'imposa d'elle même. 

Après avoir recruté les partenaires idoines (Olli Herman de RECKLESS LOVE et Archie Cruz de SANTA CRUZ), le duo se mit au travail, répéta quelques covers bien senties, et commença son travail de propagation sur quelques scènes locales. 

Mais les idées de départ s'estompèrent vite, et le quatuor préféra opter pour une orientation moins convenue en tapant dans un répertoire assez éloigné de leurs considérations habituelles. Et en lieu et place de Glammers et autres chantres du Hair Metal, le tracklisting de ce petit projet se focalisa un peu plus sur des choses beaucoup moins Rock, à quelques exceptions près...Mais l'idée séduisit les deux compères, et après tout, un peu de folie et de surprise ne font de mal à personne. Alors ils se sont lâchés. Mais genre carrément. Et au final, leurs choix n'ont plus grand chose à voir avec le Hard Rock. Mais alors pas du tout même.

Jugez vous même, du Corey Hart, artiste plus connu pour sa Pop New Wave un peu musclée, du Pat Benatar, les Veronicas, Simon & Garfunkel, Peter Fredette pour la BO de Friday The 13th Part VIII, Little Steven, et - ouf - un peu d'Ozzy quand même pour faire bonne figure, avec "Waiting For Darkness", tiré de Bark at The Moon. 

Pas vraiment la playlist Métal Glam qu'on attendait, et l'exercice semble formel dans le fond. après tout, depuis quelques années les artistes affiliés Hard Rock aiment se faire les dents sur des tubes à priori aux antipodes de leur genre de prédilection, et Locals Only ne fait pas exception à la règle...Sauf que... 

Sauf que les LOCAL BAND ont pris les choses très au sérieux, et sont loin d'avoir bâclé un simple EP jetable pour le plaisir de jouer ensemble. Ils se sont en quelque sorte "réincarné" dans l'esprit des chansons qu'ils ont choisies et le résultat est tout simplement bluffant. Alors pour ceux qui attendaient un traitement à la COB/69EYES, a moitié gothique et à moitié Power, le choc risque d'être rude. Car l'approche qu'ont choisi les deux acolytes est pleine de respect, et offre un lifting fantastique à ces tubes intemporels, leur apportant une patine moderne sans dénaturer leur esprit d'origine. Mais l'avantage, c'est que vous serez fixés dès l'intro. La reprise de "Sunglasses After Dark" de Corey Hart annonce clairement la ou les couleurs d'ailleurs, et se fend d'un tube Pop Rock FM de grande qualité, qu'on pourrait presque prendre pour l'original si ces quelques guitares saignantes ne traînaient pas un peu partout. 

Sans faire de mystère, sur ces sept morceaux, il n'y a strictement rien à jeter ou mettre de côté. Bien sur, les soli d'Alexi prouvent que le mec n'a pas troqué sa panoplie de Hard Rockeur pour une paire de pantalons à pinces, mais l'ambiance très synthétique de l'ensemble ne trompe personne. THE LOCAL BAND aime les chansons qu'il interprète, et les respecte. On pourrait croire à une BO de Miami Vice, si ça n'était pour la présence anachronique du hit des VERONICAS, "Untouched", sorti en 2007, qui détonne légèrement par rapport au reste. C'est d'ailleurs ce qui se rapproche le plus du créneau des 69 EYES, quoique très proche d'un ROB ZOMBIE meets OOMPH!, enlevé, enjoué, avec une jolie atmosphère Gothique Pop. Choeurs sucrés, up tempo électronique, c'est une seconde jeunesse pour ce morceau déjà salement accrocheur à la base. 

Au niveau des décalages, "The Darkest Side Of The Night" remporte la palme de l'incarnation la plus incongrue du lot, et sur ce coup là, on a franchement du mal à croire que deux figures frontales de l'univers Métal se sont mises à la colle. Arpèges en son clair, basse ronde et lisse, beat tranquille typique du Rock New Wave, pour un peu, on penserait même que l'original a été réenregistré par son interprète d'origine. Même respect pour Pat Benatar, qui ne crierait pas d'effroi à l'écoute de son "Promises In The Dark", chanté avec la même passion, et joué avec l'énergie d'un vrai Hard Rock 80's, avec en cadeau cette voix de tête irrésistible et ce solo une fois de plus brillant. Sans passer en revue les sept covers, attardons nous quelques instants sur la plus "attendue", celle d'Ozzy bien sur, qui comme toutes les autres est une réussite flagrante. Même le chant singe les intonations si particulières du Maître des Ténèbres, et si c'est la moins surprenante du lot, elle n'en reste pas moins fidèle, avec en exergue ce petit "plus" apporté par les musiciens nordiques. 

Au départ, le projet devait se concrétiser de façon éphémère, pour un simple concert au Tavastia Club d'Helsinki, avec une rapide interview et un soundcheck sommaire. Mais je suis enchanté que l'aventure ait duré un peu plus que ça, puisque Locals Only est une récréation fantastique, qui donnera aux fans des musiciens impliqués autant de plaisir qu'ils n'en ont eu à l'enregistrer. Certes, le propos est à cent lieues de nos préoccupations habituelles, mais le fun est bien là, de même que le bonheur de pouvoir entendre deux amis qui ont traité leur sujet en profondeur. Décidemment, Alexi n'en finira jamais de nous surprendre, mais c'est souvent le cas avec les gamins surdoués. 

Et malgré son titre, ne croyez pas pour autant que seuls les Finlandais sont invités à la fête. Quel que soit votre pays, les portes de ce club imaginaire vous sont grandes ouvertes.