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Metal and Oddities Reviews
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10 janvier 2016

RIVERDOG SAMSON - Station

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Jokikoira Records - Progressif Alternatif - Finlande - 15 Décembre 2015 - 9 titres – 37 minutes 

Vous n'avez jamais rêvé prendre une valise, y mettre le strict minimum, et vous barrer, aller dans une gare paumée et prendre un train pour nulle part? Juste pour partir, et voir autre chose?

Moi si, et souvent. Et comme dans les films, j'aimerais que ce départ impromptu et sans doute définitif se fasse en musique, de la vraie musique, sans chichis, sans tension dramatique et trémolos excessifs. Une musique qui sortirait de haut-parleurs imaginaires, que je serais le seul à voir/entendre. Je pourrais partir pour le Nord tiens, comme Chris dans Into The Wild, ou pour n'importe où et marcher, comme Cheryl dans Wild. Tiens, vous avez remarqué à quel point le mot "sauvage" se répète lorsqu'on parle de retour à l'essentiel? Peut être et sans doute parce que c'est notre nature intrinsèque. Sauvage dans le sens libre, dans le sens essentiel d'une concentration sur le formalisme d'une vie banale et sans surprises. Ou tiens, je me barrerais bien pour aller faire un tour dans les pays nordiques, en Finlande sûrement. J'ai justement une nouvelle bande d'amis qui m'attend là bas. Des amis simples, qui pourraient me jouer cette musique que j'ai tant envie d'entendre. Et il m'attendront à la gare, avec un sourire qui en dira long, et des chansons plein leur sac à dos. 

RIVERDOG SAMSON ne joue pas une musique précise d'ailleurs, et si je l'ai définie comme je l'ai fait, c'est par facilité, parce que je ne savais pas quoi dire. En fait, Ville, Heikki, Pekka et Ossi jouent juste du Rock, un Rock mélodique mais pas commercial, un Rock progressif mais pas proverbial. Juste un Rock qui se laisse aller à explorer des possibilités certes déjà fouillées, mais de façon humble et sincère. Certains s'amusent même à les ranger Country, comme si ça allait les vexer. Mais ils ne se vexent pas comme ça... Non, les mecs sont accueillants. "Pose ton sac, assieds toi où tu veux, on va jouer!", c'est un peu ce qu'ils pourraient vous dire une fois la porte passée. Porte qu'ils ne fermeraient sans doute pas...

En fait leur plan à la base, c'était un simple trio mélangeant l'acoustique et l'électrique, sans idée précise. Ils ont répété, tranquillement, avec des coups de main aux percussions, et ont fini par enregistrer leur premier album éponyme en mars 2012. Ils sont repartis donner des concerts, et le temps passant, ils ont senti qu'il fallait une suite à tout ça. Cette suite, c'est Station, élaboré patiemment, délicatement, sans précipiter les choses. Agir en amateur mais prendre soin de rester professionnel. Un credo comme un autre. Et en décembre 2015, ces neuf nouvelles chansons pourraient m'accueillir chez eux. Et putain, qu'est ce que ça fait du bien d'entendre ça quand on a tout plaqué... 

Ils s'inspirent de tout ce qui leur parait évident, de musiciens qui comme eux ne se focalisent pas sur quelque chose de précis, mais juste d'harmonies simples qui font toujours les meilleures chansons. Led Zep, Mark Lanegan, Devin Townsend, David Crosby ou Graham Nash, et puis voilà, rien de plus. Alors c'est vrai que Station échappe à tout contrôle, mais c'est justement parce qu'il est la bande son d'un voyage sans destination précise, celui que nous avons tous eu envie de faire un jour. Sauf que leur voyage à eux vous fait voyager intérieurement, dans votre âme, votre coeur,votre passé, présent, et dessine votre avenir. Un avenir primal et sauvage, et surtout, beau comme la liberté. 

Je ne vais pas faire le malin et trouver de grandes phrases pour parler de ce disque, il n'aspire pas à ça. Station est Rock, mais aussi Pop, Shoegaze dans un sens, alternatif dans le sens où il propose des échappatoires, et puis un peu roots, pas vraiment 90's, mais pas non plus d'aujourd'hui, il n'a pas de point d'ancrage temporel, parce qu'il se contente d'être spontané et simple.

Comme une visite impromptue.

Et c'est fascinant, vraiment, cette façon de tomber soudain dans un Rock progressif à la RUSH tout en donnant le sentiment à l'auditeur qu'on reprend du Creedence au coin d'une cheminée ("Faces"). Parce qu'à la base, on attend un truc plutôt épuré, ce que laissent croire les deux premiers morceaux, mais petit à petit, les textures, les constructions, les arrangements se dessinent, et la richesse s'étale sous vos yeux. Mais la vraie richesse, celle des échanges et de l'empathie, celle des rapports conviviaux pas faux du tout, de l'amitié, des portes ouvertes sans rien attendre en retour. Ils ont traduit ça en musique, cette notion de partage, et ils donnent beaucoup, vraiment beaucoup. Ce sont des musiciens extraordinaires qui jouent des chansons extraordinaires, mais qui semblent...ordinaires. Alors oui, acoustique, électrique, Blues parfois, progressif, un peu post grunge, mais surtout mélodique, énergique, euphorique tiens même. 

Production smooth un peu cotonneuse, guitares qui tressent des paniers de notes en arrière plan, voix qui s'affirme mais humblement, aux accents un  peu nordiques, pudiques. Basse qui tourne, passe le mot, survole, mais toujours présente sans jouer des coudes. Un peu Devin oui, mais Graveyard aussi, King Crimson, Neal Morse, Rush et Graham Parker qui partagent un café...Ça pourrait être Américain, mais non, c'est Finlandais, et il est clair que l'école nordique peut être fière d'eux. Ils ont pigé que pour dire quelque chose, il fallait juste le dire, mais d'une façon détournée, comme une métaphore simple que tout le monde peut comprendre. Jouer un Rock basique façon progressif par exemple, faire sonner l'acoustique en électrique, et surtout, faire tout ça sans en faire trop, en restant dans le cadre de chansons presque Pop dans le contexte, pas plus de cinq minutes, les longs bavardages qui se perdent dans la nuit, c'est pas leur truc.

Parfois, on se demande si tout ça ne va pas virer Post Rock ("The Eraser"), mais finalement non, ça reste palpable. Et la soirée d'accueil se termine même sur une splendide déclaration ("GOAM"), qui en trois minutes vous donne le sentiment d'avoir traversé l'histoire de la musique, sans en avoir l'air. 

Le pire, c'est que sur des morceaux comme "North" par exemple, ils rappellent autant ENCHANT que Tim Buckley. Là, je pointe du doigt leur singularité, retenez bien l'exemple. Savoir en même temps être dense et complexe et pourtant si direct et...sauvage. Mais je ne sais pas quoi dire, parce que depuis que j'ai posé ma valise, je les écoute. Les yeux ouverts, l'âme aussi, le coeur en partance qui finalement s'est trouvé un port d'attache. Quelque part en Finlande, là où les mots n'ont plus d'importance puisque c'est la musique qui parle.  

Mais attention, Station, c'est un voyage sans retour. Cette gare, c'est le terminus, là où on s'arrête parce qu'on a compris qu'on avait pas besoin d'aller plus loin, puisque tout vous y attend. Bizarre de tomber sur un des meilleurs albums de l'année en décembre. La magie de Noël sans doute. 

Magie, oui c'est ça. Cet album, ce groupe sont magiques. Merde, c'est juste merveilleux le soleil qui se lève sur un autre jour...

 

 

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