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Metal and Oddities Reviews
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10 janvier 2016

POKERFACE - Divide And Rule

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Thrash - Russie - 15 Septembre 2015 - 10 titres – 36 minutes 

C'est assez amusant comme choix de nom de groupe. Oui s'appeler POKERFACE et susciter de tels sourires sur les visages de ses fans, c'est plutôt paradoxal. Mais j'aime assez cette ambivalence, d'autant plus que - et en premier lieu d'ailleurs - la musique de ces Russes est du genre explosive et vous pète à la gueule en moins de temps qu'il n'en faut pour hurler beneath the remaaaaaaaaaaaaaaaaains!!!!

Je m'emballe? Oui mais sincèrement, attendez d'avoir jeté vos deux oreilles sur ce premier album tonitruant qui revisite en quelques morceaux tout l'esprit Thrash des fabuleuses 80's. Tout y est, des syncopes de guitare aux rythmiques nucléaires en passant par les soli hystériques, les breaks fumants, et sans oublier bien sur les vocaux bien graveleux qui filent des MST à vos tympans sans en avoir l'air. Et pas la peine de mettre des préservatifs dans vos cages à miel, ça ne sert à rien, la musique de Divide And Rule est trop corrosive pour que le latex y résiste. 

Allez soyons un peu moins adolescent, et parlons clairement de cette détonante livraison. La puce m'a été mise à l'oreille par le management du groupe, et en fouillant dans les dossiers promo, je suis tombé au hasard sur ce quintette russe dont le nom m'a suffisamment intrigué pour que je me penche sur eux, et sans décolleté. Vous le savez, le revival Thrash c'est en quelque sorte ma came du moment, et ce, depuis l'avènement de WARBRINGER. N'étant pas né de la dernière pluie mais bien des amours fétides entre Kerry King et Mille Petrozza, je me méfie toujours des petits nouveaux qui veulent reprendre le flambeau, mais dans le cas de ces Russes particulièrement énervés, la torche ne risque pas de prendre la pluie.

Formé en 2013 par l'énigmatique cogneur Doctor, POKERFACE a vu valser ses musiciens pour se stabiliser autour du line up Delirium (chant), Maniac (lead), Nick (lead), et DedMoroz (basse), et avouons tout de go que cette formation à trouvé son équilibre pour nous balancer sans coup férir dix hymnes hautement radioactifs. 

Sur une rythmique infatigable viennent se greffer deux guitares qui n'ont pas oublié la science du riff acéré dans leur cahier d'écolier, mais le tout est crânement dominé par la splendide Delirium, qui outre son physique à tomber n'a pas non plus besoin de vos burnes pour savoir comment beugler dans un micro. Elle a certainement plus de couilles que nous tous réunis, et se pose gentiment comme la fille illégitime de Sabina Classen et Chuck Billy, alternant avec furie les cris hystériques et les growls diaboliques, sans jamais manquer de souffle.

Si le groupe aime les références éprouvées, et cite spontanément TESTAMENT, SLAYER, SODOM et KREATOR, c'est plus pour se situer précisément sur la carte du tendre du Thrash que pour aligner des noms fameux sur leur calendrier. Car leur Thrash se situe en effet sur une ligne médiane séparant l'efficacité et la précision des cadors US, trempée dans la soude caustique radicale du bourrin made in Germany. A l'écoute de ces dix morceaux, on pense bien sur à une mouture tardive et enthousiaste de HOLY MOSES, à cause du timbre rauque de Delirium, mais aussi au KREATOR d'Extreme Agression/Coma Of Souls, lorsque les brouillons sauvages de Pleasure to Kill et Terrible Certainty se voyaient recopiés au propre d'une copie plus technique et carrée. 

C'est simple, direct, mais bien pensé, et surtout, efficace en diable. Le quintette ne se prend pas la tête et ne cherche pas Brejnev à quatorze heure sur la Place Rouge, mais sait faire preuve de finesse dans l'exécution. Loin d'une assemblée de psychopathes défiant les lois de la vélocité, POKERFACE à posé des jalons, et à laissé l'inspiration et les respirations faire le reste, dans un ballet étourdissant de guitares qui tranchent et de plans rythmiques qui jamais ne flanchent.

Tous les titres valent leur pesant de roubles, et certains jouent même double jeu Est/Ouest en laissant les aveux traîner du côté d'un mid tempo typiquement US, comme cet inquiétant "Age Of Terrorism" qui lance une intro grouillante avant de se souvenir du KREATOR de sa langue natale. Même cas de figure pour le presque épique 'The Chessboard Killer" qui nous ramène aux tristes heures de ce tueur en série disputant une partie d'échec avec pièces humaines, mais qui fait preuve d'une belle conviction dans les mélodies acides et les breaks placides. La voix de Delirium va chercher au fond de sa rancoeur les fréquences les plus rauques et graves, et difficile en la voyant sur scène avec son joli minois et sa silhouette diaphane d'imaginer qu'elle est capable de pousser des grognements aussi effrayants. Et puis ce final tournoyant qui laisse des croches se répéter en une danse hypnotique et enivrante, j'adhère et j'adore... 

Mais le Thrash n'a jamais été une affaire de genre, mais bien de style. Et sur ce plan là, POKERFACE n'en manque pas, ni de classe d'ailleurs.

La précision d'Alex Skolnick et Kerry King, la puissance de Ventor et la dextérité de Lombardo, alliées à la furie d'un SODOM quand même tenu en laisse, sont donc les qualités premières de Divide And Rule qui terrasse plus qu'il ne divise. Il risque au contraire de rassembler les fans de vélocité intense ("Human Control"), mais aussi ceux d'une certaine subtilité agressive ("Kingdom Of Hate" et sa basse très ANTHRAX/NUCLEAR ASSAULT, doublée d'un riff à la Hanneman), qui se retrouveront à la table d'un Thrash intelligent mais ludique, qui replace dans un contexte moderne des plans mis en situation il y a plus de trente ans. 

La disette n'est pas d'actualité, tant que des combos de la trempe de POKERFACE continueront de faire parler la poudre avec un tel brio. Instrumental brutal et concis, soutenu par un chant qui vocifère et qui assume ses accents extravertis, Divide And Rule est une farandole sanglante et une véritable tuerie. Oyez nostalgiques de The Legacy, Seasons in the Abyss et Finished With The Dogs, voici venu votre nouveau messie, qui ne fait pas de quartier et tranche sans pitié. 

Avec ça, inutile de tirer la tronche. Laissez donc les fans de Lady Gaga figer leur pokerface, et souriez à pleins crocs. Le Thrash Russe est costaud, finaud, et s'ingurgite comme de la vodka en tonneau.  

 

 

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