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Metal and Oddities Reviews
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11 janvier 2016

APRICITY - Procession

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Post Black Shoegaze - USA - 16 Décembre 2015 - 6 titres – 32 minutes 

APRICITY : chaleur du soleil en hiver. 

De circonstance. Ce matin, le soleil brillait si fort qu'il transperçait la brume de ses teintes dorées/rosées, et la douceur ambiante me faisait réaliser que les saisons sont étranges...Allons nous avoir un véritable hiver ou bien une simple transition entre l'automne et le printemps? Cette nuance un peu trop appuyée s'est retrouvée incarnée musicalement quelques minutes plus tard lorsque j'ai décidé de chroniquer le premier album des Américains d'APRICITY, qui sans le savoir, avaient choisi leur nom à propos. Dual man band, APRICITY s'est formé autour du noyau d'amis Nehemiah Kitchkommie et Xxavier Tincher, qui se sont rencontrés au lycée, jouant dans des groupes différents. Se rendant vite compte que leurs visions artistiques présentaient beaucoup de points communs, ils ont franchi le pas et formé ce duo, pour jouer enfin une musique leur correspondant vraiment. 

Sans frapper de plein fouet le faciès de l'expérimentation, Procession est une première œuvre intéressante. Ses composantes sont bien évidemment communes, mais leur assemblage est frais, et parfaitement modelé pour épouser les contours d'un concept émotionnel dont ils ne cachent pas grand chose. La chaleur, la lumière, mais aussi la pénombre et la rigueur de l'hiver, telles sont des obsessions communes à beaucoup de combos Black ou Post Black, mais loin de se contenter de répéter des poèmes déjà écrits il y a longtemps, les APRICITY essaient d'en adapter les vers à leurs rimes, qui avouons le sont plutôt riches dans leur genre. Pochette sobre, mais très jolie, aux belles teintes vertes et dorées, production restant légèrement amateur pour l'introspection, Procession est un bel exemple de Post Black aux légères impressions Shoegaze, qui juxtapose de son intégralité des parties Black traditionnelles et subtilement emphatiques, et de longs intermèdes contemplatifs, découlant directement du Shoegaze le plus retenu. 

Découpé en plusieurs parties collant au rythme des saisons, cet EP/LP est assez intéressant dans son développement, même s'il fait évidemment la part belle à l'hiver, qui se voit consacré presque un quart d'heure, alors que l'été et l'automne sont évacués en cinq minutes chacun.

"Summer" justement débute sous des auspices clairement Black, avec cette puissance inhérente au style, et agrémenté d'un déferlement de blasts qui laisse régulièrement la place à un downtempo écrasant de sa double pédale. Classique dans la forme, ce morceau permet de savoir plus ou moins ou le groupe veut en venir, et sa présence en amont d'un "Fall" qui lui se veut purement instrumental et Dreamgaze n'est pas innocente. APRICITY joue parfaitement sur l'ambivalence de son nom, et met en parallèle des parties contradictoires, juxtapose des mélodies éthérées à des segments de pure haine. Précisons de suite que les deux musiciens ont parfaitement compris le principe de confrontation, et jouent sur les émotions, les sentiments et la contemplation, et usent de fait des possibilités des genres qu'ils pratiquent pour susciter chez l'auditeur une contradiction de ressenti entre la chaleur de ce fameux soleil et le froid d'un hiver rigoureux. 

D'ailleurs, c'est sur cet hiver qu'ils se focalisent le plus et parviennent à trouver l'équilibre entre les nuances qu'ils prônent. Si "Winter I"  se veut foncièrement Raw Black, "Hiver II" est beaucoup plus contrasté, comme si le Post, le Black et le Shoegaze trouvaient enfin l'équilibre parfait. La violence est mâtinée d'harmonies de synthé discrètes, le tempo ralentit volontiers, et le chant, aussi rauque et expirant soit il s'efface quelque peu pour que les guitares puissent dispenser quelques riffs plus grandiloquents. Ce diptyque est clairement l'épicentre de l'oeuvre et permet d'ailleurs d'enchaîner sur un final consacré au printemps qui continue de jouer sur les deux tableaux. Laissant une longue intro progressive se fondre dans un acmé de violence Black, il finit par laisser les deux mondes cohabiter au sein de la même structure, et la voix qui reste dans une désolation typiquement Black se noie dans des mélodies amères, aboutissant à la genèse d'un genre de Post Black atmosphérique assez prenant. 

Bien sur, en tant que premier LP, Procession laisse encore traîner quelques erreurs, des longueurs, et aurait sans doute gagné à être plus concentré, mais dans sa démarche, et bien qu'utilisant des recettes déjà employées, se montre convaincant et réfléchi dans son déroulement. Sa thématique poétique permet au duo d'éviter l'écueil des poncifs, et une fois ces quelques approximations ajustées, je pense que APRICITY pourra prétendre jouer une musique très personnelle. Mais Procession laisse augurer d'une suite encourageante, et il faudra à Nehemiah et Xxavier adapter leurs inclinaisons à leurs capacités thématiques pour vraiment nous embarquer dans leur monde, en proposant peut être des parties Black moins convenues. 

En attendant, si l'hiver et sa chaleur inhabituelle vous réchauffe tout en glissant un frisson dans votre échine, Procession ne vous rassurera en rien de sa dualité concrète.

 

 

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