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Metal and Oddities Reviews
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13 janvier 2016

SLAVE CYLINDER - Cultus

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Dickcrush Records - Extreme Doom Sludge - USA - 24 Octobre 2015 - 2 titres – 15 minutes 

Hier, en cherchant des infos sur un obscur groupe de Grind, je suis tombé par hasard sur le Bancamp d'un label très actif en matière de sorties toutes plus étranges et extrêmes les unes que les autres. Du Grind, du Drone, de l'excessif, du grotesque (dans le bon sens du terme), du Core, du fun, enfin tout ce qu'on peut espérer d'un label qui n'a pas froid aux yeux et qui oseCe label, c'est Dickcrush  Records, et je peux vous garantir que leur catalogue vaut le détour. Alors ce matin, j'ai décidé de leur consacrer quelques entrées via des groupes qui méritent l'attention. Et je commence de suite avec un groupe qui nous vient de Rockford, Illinois, et qui pratique un style certes répandu, mais qui en étire les excès comme un vieil élastique prêt à craquer. 

Je n'en suis pas certain, mais il semblerait que SLAVE CYLINDER soit une fois de plus le projet d'un seul homme, qui se cache derrière un concept outrancier qu'il manipule comme bon lui semble. L'homme aime cultiver le mystère, et sa page Facebook n'offre pas plus d'informations que son Bandcamp. Toujours est il que Cultus semble être son premier EP/LP, et que dans son outrance, il soit déjà unique en son genre. Pourtant, le Doom, le Sludge, on connaît par coeur, du moins on aime à la croire. Mais SLAVE CYLINDER, au contraire de bon nombre de groupes du créneau, n'a pas uniquement misé sur la pesanteur et la claustrophobie pour en accentuer les dérives. Il a aussi mis l'emphase sur la puissance, et même si son premier effort ne dépasse pas le quart d'heure, il se montre plus puissant que bien des albums étalant trois ou quatre fois cette durée. 

Très compact, ce Cultus est un effort "de masse", non par la quantité de musique qu'il propose, mais par sa qualité et sa densité. Un peu dans l'optique du Colossus de SCORN, en version évidemment beaucoup moins Dub/Indus.

Enregistré par Chris Galvez au studios Good Fortune Audio, et comprenant un featuring de Chris Rodriguez de TUNDRAS, ce premier effort est tellement massif qu'il agit comme une gigantesque pression sur le coeur, qu'il enserre comme dans un étau de douleur musicale. 

Pour ça, SLAVE CYLINDER n'a pourtant pas appuyé sur les aspects les plus nauséabonds du Doom ou du Sludge. Certes, sa musique est constante et répétitive, se base sur des riffs longs et lents, mais l'intensité qui se dégage de ces deux uniques pistes est telle qu'elle pourrait s'assimiler au choc sismique d'un tremblement de terre sonore, faisant trembler votre chaîne stéréo sur place. Cultus est un choc frontal, qui pourtant cherche à vous induire en erreur via une intro samplée délicate qui ne laisse en rien présager de la suite. Et soudain, un gigantesque riff sombre se retrouve plaqué en plein milieu de l'espace, tandis que le chant démarre dans la douleur sa longue litanie vocale. Tapis de guitare sobre mais efficace, growls, grosse caisse massive qui distille quelques blanches, la progression est lente, mais si dense qu'elle vous étouffe. "Love Sermon" utilise la pesanteur du Doom le plus extrême et l'intensité du Sludge le plus ténébreux, et l'association des deux composantes produit une telle onde de choc que vos oreilles ont du mal à y croire.

Car Cultus est bien plus qu'un simple effort Doom supplémentaire. Il emprunte aussi quelques astuces au Post Hardcore, et surtout, sait construire ses évolutions avec intelligence pour les rendre encore plus oppressantes. Il n'est pas rare qu'une mélodie s'incruste dans le décor, aussi décharnée soit elle, pour insuffler une dose minimale d'oxygène vous permettant de tenir le coup plus longtemps. 

Les fréquences graves sont à la limite du Drone, mais SLAVE CYLINDER ne tombe jamais dans la facilité d'une note en écho intempestive, et préfère construire plutôt que détruire, ce qui rend ce premier EP si essentiel dans son fond comme dans sa forme. Si certains ont cru bon de parler de GNAW THEIR TONGUES, c'est plus par facilité que pertinence, car Cultus n'abandonne jamais l'harmonie en route pour se laisser aller à des divagations monocordes épuisantes. "The Seed" plante quant à lui les graines de la discordes entre la mélodie et le chaos, et accentue encore plus le décalage entre une guitare sépulcrale et un chant qui ne l'est pas moins. La voix semble provenir d'un univers décalé et lointain, et hurle d'une voix résignée ses vers, tandis que le riff central se répète et rebondit sur une rythmique mouvante et instable. On pense à une version poussée au paroxysme de NEUROSIS, accentuée par une touche de MASTODON en version damnée, mais la beauté de la noirceur est là, tangible, en vie, et se mouvant lentement le long d'un couloir unidirectionnel. 

Impressionnant même si d'une brièveté  étonnante pour le style, Cultus fascine par son extrémisme qui sait rester mélodique et humain, et pourrait représenter un avenir possible pour le Doom, celui bien sur qui est pratiqué par des musiciens aimant vraiment le genre. Refusant les facilités et les figures imposées, c'est un EP surprenant et prenant, qui laisse KO, mais sans pour autant vous étendre au sol sans réaction possible.

Une matrice fertile et putride à la fois, et une extension éventuelle qu'on demande à voir évoluer dans le temps et l'espace. 

Celui occupé est déjà énorme, il y aura donc peu à faire pour en agrandir l'étendue de l'influence.         

 

 

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