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Metal and Oddities Reviews
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19 janvier 2016

MURDEROFCROWS - Salt

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Hardcore Crust - Suède - 19 Mai 2015 - 12 titres – 35 minutes 

Si vous m'avez suivi tout au long de l'année 2015, vous n'êtes pas sans savoir que: 

 - Je suis un peu trop porté sur le Hardcore brutal et tous ses dérivés (Crust, Powerviolence, Fastcore, Grind)

 - J'ai une affection certaine pour tout ce qui vient de Scandinavie. 

Il était donc inconcevable pour moi de débuter 2016 sans faire référence à ces obsessions. La chose est à présent réparée d'elle même, puisque je vous entretiens en cette fin de matinée pluvieuse d'un quatuor de Göteborg, formé par Dj Dani, Anton, Jimmy et Carlito, et qui semble avoir pour but d'occire quelques corbeaux au passage. En auraient ils après la dernière et affligeante adaptation de The Crow, qui voit Edward Furlong cabotiner en corneille de pacotille auprès du charme passé et rance de l'autrefois très séduisante Tara Reid? On ne saurait les en blâmer si tel était le cas, et ils le montrent avec véhémence et férocité. 

Salt, ou l'autre méthode pour extirper des aveux. On imagine bien les quatre partenaires saupoudrer les plaies encore béantes de la musique moderne avec du gros sel, directement sur les cicatrices saignantes, et leur musique produit plus ou moins le même son que des cris de douleur déchirants d'une pauvre victime agonisante. En même temps, on enregistre pas aux Fuck Life Studios pour faire joli. Et on ne se fait pas produire par Fred Forsberg (ANCHOR/GUST) pour le simple plaisir d'avoir son nom au générique. Il faut pour ça avoir une nature profondément misanthrope et chercher à faire mal au premier impact, ce que les Suédois parviennent à réaliser. En gros et en détail, MURDEROFCROWS fouille dans tous les bas fonds du Hardcore pour en synthétiser ses aspects les plus sombres et violents, et passe sans transition d'un Hardcore classique à un Darkcore vraiment plombé, tout en s'affolant régulièrement d'un Chaotic Hardcore qui vire un peu au Crust. Voire au Grind. Ce qui vous garantit trente cinq minutes de punition auditive, qui sont autant l'avouer, autant d'instant de délice masochiste. 

Alors passe moi le sel, mais aussi le vinaigre, le poivre, et l'acide pendant que tu y es. Avec des pistes qui dérivent de la minute compressée au long cauchemar développé, Salt est un genre de traitement de choc qui vous fait entrevoir la vie en noir. Des nuances bien sur, mais toujours violentes et sans atténuation quelconque, ici, c'est la puissance qui prime, qu'elle soit véloce ou épuisante. On y va gaiement, dans le genre torture porn mis en musique, si tant est qu'on puisse encore parler de musique quant à cet étalage de sauvagerie absolue. Ce qui n'empêche nullement le groupe de proposer quelques nuances discrètes, comme cette basse en arabesques sur le dérangeant "Never Move Past" qui s'offre le luxe d'un pont central tout en ambiance, genre "Je retourne chercher le tournevis pour percer tes rotules", ou cette rythmique qui tourne autour du corps attaché pour finalement lui asséner le coup de grâce sous la forme d'une accélération Crust parfaitement impromptue ("Structure"). 

La séance est bien décomposée pour vous faire souffrir en vous laissant ce qu'il faut d'espoir pour lorgner vers la fenêtre en cas de relâchement, mais ce relâchement ne vient justement jamais. Vos bourreaux du jour se divisent en factions, vous titillant les globes oculaires avec un scalpel Crust/Grind ("Clown", "Love Less", plus ENT ou DOOM qu'une emprunte de doc sur la joue d'un fan de Birmingham), tout en devisant gaiement sur les joies d'un Hardcore sec comme un slogan de Ian MacKaye ("Nothing", rien dans le fond, mais une forme plus NYHC que nature). UNSANE, EXTREME NOISE TERROR, et mêmes quelques exactions sadiques sur un up tempo martelé sur vos tempes encore tremblantes ("Watered Out", qui fuit vers un Chaotic Hardcore presque Math dans la démonstration, mais salement heurté en tout cas), et tout ça pour quoi? Pour finir sur une pirouette/twist en forme d'aveu d'intention ("The Suffering" qui fricote avec le dernier REFUSED dans son ambiance synthétique pas rassurante du tout, tout en se vautrant sur un tas de riffs Sludge tellement crasseux qu'un Punk n'y retrouverait pas les restes de son chien). 

Quoiqu'il en soit, si vous avez fini là, c'est bien fait pour votre gueule, d'autant plus que les MURDEROFCROWS vous avaient prévenu. On ne hurle pas une ire comme "No Hope" quand on souhaite amadouer en douceur sa victime potentielle, et il faut dire que le Crust torride n'est pas la façon la plus subtile d'attirer le chaland naïf dans ses filets. Vous l'avez donc fait en toute conscience ce pas vers la douleur diffuse, alors assumez. Et puis quelque part, vous êtes comme moi, vous aimez avoir mal. Vous aimez les coups portés à vif qui laissent autant de cicatrices qu'une tentative d'évasion à travers des barbelés rouillés ("No Echo - Giving Up", qui ne ménage pas la sauvagerie).

Alors aucune plainte ne sera acceptée. Vous allez vous en prendre plein la gueule, et vous en redemanderez. 

Et quelle meilleure façon d'entamer 2016 qu'en se souvenant des cauchemars bruitistes de 2015 que ce Salt, si méchant qu'il finit par en devenir attachant? Un marché à l'aveuglette, qui remplit la trousse à pharmacie de Crust, de Chaotic Hardcore, de Grind, et même de Sludge boueux, en gros, de quoi infecter des plaies déjà méchamment vilaines. Très Suédois dans l'approche, mais universel dans le message. 

Bonne année 2016 à vous bandes de chair à psychopathes.

 

 

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