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Metal and Oddities Reviews
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23 janvier 2016

THROES - To Dust

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Chaotic Sludgecore - USA - 25 Décembre 2015 - 6 titres – 23 minutes 

On fête Noël comme on le souhaite. Un joli sapin, des cadeaux, du rôti, un chapon, ou que dalle. On peut rester assis à regarder la télé toute la journée ou se les cailler dehors parce qu'on a ni toit ni thunes. Et puis est ce qu'il existe d'ailleurs ce bedonnant gentilhomme qui se traîne de ses 150 kilos sur son traîneau? Et si oui, on a vraiment été assez sage, dans tous les sens du terme, pour être remercié?

Non. Sûrement pas.

Et c'est aussi l'opinion de THROES qui pourtant... 

Qui pourtant nous a offert le 25 décembre 2015 son premier album qui peut en un sens être considéré comme un présent, et un bon. Un présent, mais aussi un avenir, et surtout, un passé. Car THROES concrètement n'est que l'extension de l'aventure BONE DANCE, autre figure notoire de Boise, Idaho, puisqu'on y retrouve les mêmes musiciens, rejoints depuis par une fraction de DOWNSIDED. Ça ne vous dit peut être rien, mais musicalement, c'était une sacrée affaire, dans le même style que celle ci. On ne sort pas une galette comme J'ai vécu comme un Animal, mais je mourrai comme un Ange sans laisser de traces, et beaucoup se souviennent de ce Sludge joué façon Hardcore, aussi lourd que violent, aussi compact qu'en dents de scie. THROES prend donc la suite des opérations en main, main qui s'avère être aussi ferme. 

La première chose qui choque sur To Dust, c'est sa pochette, superbe, et qui fonctionne à plusieurs niveaux. D'abord en tant que métaphore indirecte, avec son nouveau né qui se pose en Dieu de la nativité, et en tant qu'image d'une race humaine qui se prend pour une engeance divine, mais aussi par la cruauté de sa beauté. Aussi pur, beau et à peine né soit cet enfant, son destin est de retourner à la poussière, comme chacun d'entre nous. 

Message Ô combien lucide, mais d'une terrifiante ironie humaine. 

Les THROES sont comme ça, comme l'étaient les BONE DANCE. D'ailleurs, la musique est pratiquement la même, à quelques poils près. L'équation est donc simple. Quatre cinquièmes de BONE DANCE, plus le frontman de DOWNSIDED égal ce nouveau projet aux ambitions aussi lourdes et grinçantes qu'une existence vouée à une marche vers...la mort.

Beaucoup regrettaient que le groupe de Boise n'ait eu le temps de sortir qu'un seul album avant de jeter l'éponge. Ils seront donc satisfaits de jeter leurs deux oreilles sur cet EP qui reprend les choses presque là où l'éponyme Bone Dance les avaient laissées. Les morceaux sont certes plus longs, mais la trame musicale bruitiste est quasiment inchangée. Rythmique écrasante, riffs lourds comme le poids d'un destin qu'il faut assumer quoiqu'il arrive, chant grave et à la limite du seuil de la douleur, itérations, répétitions, hypnotisme, lancinances, et le pas avance, mais un pied à la fois, en prenant bien soin de marquer son emprunte d'un très, très lourd écho. 

Des mélodies torturées se font mutiler par des guitares tranchantes, une basse si énorme qu'elle avale presque les fréquences de la grosse caisse qui pourtant martèle comme une damnée ses leitmotivs, et le tout tourne autour d'un axe central, concentré sur des lignes vocales rauques et lancées comme autant d'avertissements sur la futilité de croireComme un résumé de la scène abrasive New-yorkaise, un raccourci via UNSANE ou BOTCH, mais en un pendant encore plus désabusé et sinueux. Si la musique semble franche, son propos, une fois décortiqué, est assez tordu et sadique. Certains y verront un Sludge particulièrement dangereux, version sables mouvants, d'autres un sale Hardcore aux tendances maladives qui appuie sur les plaies de l'espoir, mais à la rigueur, la finalité est la même. 

Puisque de toute façon tout ceci se suit comme une évolution, autant le prendre en tant que tel. Et sans passer par chaque étape que vous appréhenderez vous même, sachez qu'il débute par un des morceaux les plus syncopés, les plus heurtés, qui symbolise à merveille la souffrance de la naissance, et qu'il se termine sur une longue spirale infernale qui concrétise la fin de l'existence dans toutes ses répétitions pénibles et son issue inévitable. En tant que conclusion "The Hell You Say" est une dernière épreuve qui ne ménage pas vos nerfs, et qui flirte même avec le Sludge/Doom le plus éprouvant, forçant sur les dissonances, ombrageant encore plus ses riffs pour les rendre crépusculaires, avec cette grosse caisse qui égrène les derniers instants d'une vie qui arrive à son terme. La puissance prend alors toute son ampleur, dans un dernier élan de souffrance, pour se frotter aux échos en drones de NEUROSIS/ISIS, auxquels ce morceaux emprunte même sa dualité vocale schizophrénique. 

Alors oui, comme je le disais, on peut fêter Noël comme on le souhaite. THROES vous proposait de retrouver l'essence même de la vacuité de la vie, dans son chemin de croix dessiné à l'avance. Un chemin de croix que nous empruntons tous, avec parfois, sur la route, quelques fulgurances de bonheur illusoire. 

Mais To Dust ne prend pas en compte le bonheur. Juste la douleur. 

 

 

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