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Metal and Oddities Reviews
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22 février 2016

VACATE - I Have Loved You With An Everlasting Love

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Chaotic Noise Powerviolence - USA - 14 Février 2016 - 10 titres – 23 minutes

Qu'est on en droit d'attendre d'un groupe capable d'appeler son Bandcamp thebestbandintheworld, qui se targue d'avoir obtenu le prix Nobel de la Paix, qui ne s'intéresse qu'aux ténèbres, se prétend nihiliste, refuse toute affiliation avec la plèbe, et prétend pratiquer de l'American Sludge? Et qui, par dessus le marché baptise son premier LP "Je t'ai aimée avec un amour éternel"?  

A peu près tout, vous avez raison. Aussi un peu n'importe quoi. En gros, tout ce que nous avons toujours aimé d'un amour inconditionnel.

Soyons sérieux quelques instants. Les VACATE sont donc originaires du New Jersey, semblent de joyeux lurons toujours prêts à manier l'ironie, mais ce qui les rend si attachants, c'est que cette même ironie est aussi orale que musicale. 

Car définir clairement les contours de leur vacarme n'est pas chose aisée. Si peu d'ailleurs que j'y ai renoncé.

Mes chers dealers de Dead Air at The Pulpit ne se sont pas plus engagés que moi d'ailleurs, et on laissé les gus évoluer dans un contexte plus ou moins flou, mariant le Grind, le Powerviolence, le Hardcore et le Punk. Je me permettrai d'y ajouter quelques touches Noisy flagrantes, mais aussi une bonne dose de Sludge vénéneux et poisseux abruti de dissonances et plombé de larsen envahissant. 

Mais le pire dans tout ce fatras d'influences et de bruits variés, c'est que l'alchimie non désirée fonctionne, et que le résultat est aussi efficace qu'assourdissant. Mais surtout, foncièrement barbare et original. 

Subtil équilibre entre fulgurances bruitistes et longs pamphlets douloureux, ce I Have Loved You With An Everlasting Love lâche quand même quelques bonne bombes compactes qui éclatent sans vraiment prévenir. Tergiversant constamment entre lourdeur, déviances Hardcore et vices Post Noise, le duo US ne cherche pas vraiment la facilité, mais se complaît dans une véhémence absolue, et n'en retire rien de plus qu'un sain plaisir de faire chier le monde avec leurs exactions. Ces dites exactions, toujours selon mes fournisseurs, pourraient se comparer aux tactiques d'intimidation de NAILS ou IRON LUNG, mais il semblerait que ces points de comparaison ne soient que des leurres, tant la musique de VACATE est une entité à part en tant que telle. 

Il est vrai que ces morceaux, aussi puissants soient ils, ne peuvent pas se raccrocher à une locomotive quelconque. Pas vraiment Powerviolence, à part justement dans l'utilisation de la violence instrumentale même, pas Grind pour deux sous mis à part en quelques accélérations éparses, et pas totalement Sludge non plus car trop loin du Doom et trop Induscore sur les bords, ce premier album reste une énigme. On y trouve de quoi rassasier sa faim de vitesse chaotique ("Toaster Bath", genre de Powerviolence Metalcore malsain et absurde tourné en dérision), de quoi ranger toutes ses affaires Core dans le même tiroir un peu fourre tout ("It's Lonely In The Case (Joe Franks Is Actually a Telecaster)", bordel intégral que même les WORLD NARCOSIS n'auraient jamais osé), de quoi étancher sa soif de sang souillé tel que s'en repaissaient Christian FETISH et les UNSANE lors des nuits de pleine lune ("Skater Stomp", un des plus intenses du lot, qui fait durcir le marteau et l'enclume), mais surtout, de quoi satisfaire son envie d'autre chose, en subissant évidemment des assauts difficilement supportables pour le commun des mortels, mais salvateur pour les enragés d'extrême qui ne se découvre pas si facilement que ça au premier rendez vous. 

On pourrait dans un désir de bien faire son travail (ce qui me caractérise, merci de le souligner), parler de Post Sludge aux accents Noisy très prononcé, ou de Sludgecore à tendance Powerviolence qui n'utiliserait la lourdeur que comme moyen et non but. 

Et un morceau aussi paroxysmique que "Lloyd's New Lunchbox" d'appuyer cette thèse, puisqu'il laisse des riffs maousses se taper le bras de fer avec une rythmique qui part dans tous les sens et qui finit même par craquer en blasts. Guitares qui miment un Thurston Moore converti à la cause Hardcore dissonant, chant caverneux qui pourrait sans conteste se taper l'incruste à un tremplin Death ou Doom, décélérations en piqué qui finissent même par s'écraser sur un mur de feedback...Tout est fait pour laminer les tympans, sans vraiment savoir par quels moyens...Alors on use et abuse d'une basse à la Shane Embury polie par un Kurt Ballou consciencieux et qui squatte la console ("The Former President Of The United States, Mr. Bill Clinton", là on frise le NY Noisy Core des 90's qu'on fracasse sur un mur Sludge anglais), et on finit le travail de sape par une dernière blague acoustique d'une trentaine de secondes aux paroles immondes ("Asthma Crutch Vol 2." et ses "Fuck You" susurrés d'une voix aphone). 

Voilà en gros le tableau. Oui, pas facile d'en tirer des conclusions, mais c'est fait pour. C'est bruyant, ironique, drôle, créatif, un peu bordélique, mais on ne vous a pas non plus demandé de ranger votre chambre avant de l'écouter.

Alors prenez le comme ça vient, vous comprendrez bien ce que ça fait une fois dans les oreilles. Et en sus, la pochette noir et blanc est très belle, et à l'image de ce qu'elle contient.

Et - Ô argument sans failles - c'est gratuit. 

Alors le premier qui l'ouvre bouffera du Metalcore faisandé jusqu'à la fin de sa vie. 

 

 

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