SCROTOX - Scrotoxication

Grind Noise - Canada - 18 Février 2016 - 6 titres – 4 minutes

Bon, comme je suis malade et que j'ai le nez bouché, j'ai décidé de ne pas bouger. Enfin presque, puisque après un stage en Iran et une colo en Italie, je me suis dit qu'un café avec des Spéculoos du côté de l'Ontario, ça pouvait être sympa avant d'attaquer le repas.

A base de côtes de porc bien évidemment.

Comment? Pourquoi l'Ontario? Simple, puisque j'y ai déniché du côté de North Bay un duo assez intrigant en soi, qui propose un bordel à peine organisé qui m'a semblé de circonstance ce matin.

Et j'avais une fois de plus raison. 

Allons y, SCROTOX, un lettrage indéchiffrable, quelques sorties toutes plus anecdotiques les unes que les autres, mais un joyeux Noisecore à tendance Grind qui exhale une bonne humeur de sauvages et qui donne la pêche avant d'aller la poser. J'avoue, j'ai encore joué la montre avec six morceaux pour quatre minutes de foutoir. Mais que voulez vous, je suis concis et pragmatique. Et puis, c'est facile à chroniquer ce genre de truc, sans avoir à faire appel à des métaphores complexes et autres figures de style pompeuses. Ici, c'est la sérénité qui est pompée, et jusqu'à la dernière goutte de tolérance, puisque ce Scrotoxication ne fait pas dans le papier toilettes triple épaisseur, mais bien dans la feuille bon marché qui se troue dès qu'on la frotte sur le sphincter. 

Les mecs ne se prennent pas la tête, mais agitent la notre à grands coups de folie instrumentale à la limite de la schizophrénie, et se targuent d'être influencés par : 

 - Les micro-ondes (tiens, tiens...)

 - Les compacteurs d'ordures

 - Les bombes nucléaires

 - Le bruit blanc 

Et surtout, comme ils le disent sans vraiment l'expliquer, "le pouvoir du Yarl". Je ne chercherai pas à savoir ce que ça peut signifier, tout ce que je sais, c'est que ce fameux pouvoir semble leur procurer des capacités indéniables pour triturer la matière musicale et la rendre informe. On ne sait pas trop si on trempe les lèvres dans un cocktail de Powerviolence, de Grind ou de Noise, mais le tout, une fois bien secoué (c'est à dire dès les premières secondes), décolle bien les glaires des parois. 

Ils sont donc en tandem, et se partagent les tâches, laissant la batterie à un inconnu qu'on imagine petit, carré et électronique, ce qui ne les empêche nullement de foutre le bordel pour dix. Christ Puncher se lâche total dans un registre jeune lycéen énervé par une mauvaise note à la flûte à bec, et répand quelques réflexions sur la nature profonde et intrinsèque des végétariens (il inciterait plutôt à bouffer les animaux qu'à les caresser), sur les poissons et les oeufs pourris ("Fish and Rotten Eggs", un programme d'Halloween sympathique), ou sur les regrets de ne pas vous avoir collé sa main sur votre sale faciès ("I Should Have Hit You").

Un seul morceau conséquent, le fameux truc qui cause des nageoires et des trucs ovales qui sortent du cul d'une poule, avec en prime un groove en intro qui trompe le monde, avant que Alien Hybrid Interdimensional Energy Force (ça, c'est du pseudo bordel...) ne balance enfin un riff conséquent qui permet au bouzin de tenir un rythme sérieux pendant au moins deux minutes. 

Alors après, Noisecore, Powerviolence, Fastcore, Grind, c'est un peu tout ça, mais surtout le délire de deux potes qui se sont au moins creusé les trois neurones qui leur reste pour ne pas tomber dans le quart d'heure colonial de DECHE CHARGE et autres blagueurs à la petite semaine. 

Quant à moi, je peux enfin enlever mes bottes et repartir vers des horizons un peu moins bouchés que les toilettes d'un festival au bout du troisième jour. Ma mission Grind est terminée, et elle s'achève en beauté dans le foutoir éminemment joyeux des SCROTOX qui se font une petite place honorable dans le Landerneau de l'extrême festif Canadien.