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Metal and Oddities Reviews
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3 mars 2016

FORFALL - Ingenmansland

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Misanthropic Generation Media - Crust D-Beat - Suède - 9 Février 2016 - 7 titres – 26 minutes

Comme d'habitude, ça commence par une bonne dose de feedback. C'est la règle, et tout le monde la respecte. Et puis ça se lance dans un gros riff/beat à la DISCHARGE, qui dégénère vite en espèce de truc un peu Blackened Core, au chant schizophrénique à deux voix, mais qui pourraient venir du même gosier. Le son est énorme, grave, bien équilibré pour ne laisser filtrer aucun médium, et ça écrase les tympans en quelques secondes. Vous avez vu, je rentre directement dans le vif du sujet sans passer par un préambule qui se veut drôle, mais qui finalement est souvent complaisant.

Tout simplement parce que dans le cas des Suédois de FORFALL, il n'y a pas de préambule possible. Leur musique est directe, monte rapidement au cerveau en prenant à peine le temps d'écraser le coeur au passage. 

On ne sait pas grand chose de Helge (chant, guitare), Björn (chant, basse) et Ulf (chant, batterie). Mis à part que Ingenmansland est leur première démo, disponible en cassette via l'indépendant Misanthropic Generation Media. D'ailleurs, je ne sais même pas si ce qu'ils considèrent comme leur première démo est téléchargeable en format digital, puisque leur Bandcamp n'est pas vraiment à jour. En gros, pas mal d'opacité, mais ça sied très bien à leur musique un peu étrange sur les bords. 

C'est vendu comme un gros machin Crust et D-Beat, et si c'est en partie vrai, c'est aussi logiquement en partie faux. J'y vois du Crust évidemment, pour cette rythmique qui avance brutalement, à cause de ces riffs sombres et concentrés, mais il y a quelque chose de plus la dessous, presque résigné dans l'attaque, et pourtant salement efficace mais...résigné, j'insiste.

C'est puissant, mais aussi très glauque, c'est rapide, mais très lourd. Un morceau comme "Självhat" débute trop Sludge pour être assimilé à un quelconque mouvement Core, avant bien sur que les musiciens ne soient piqués par le virus Crust de nouveau. En fait, on pourrait s'imaginer à ce moment là un boeuf d'époque entre ENT et DOOM, capté de loin par DARKTHRONE, un genre de Hardcore métallisé et déprimé, un machin pondu dans une banlieue pourrie de Londres ou de Liverpool, et repris à leur compte par une bande de Suédois mal dans leur peau, qui commenceraient à peine à comprendre les tenants et aboutissants du Black. Et puis, sincèrement, des blasts soulignés par un chant à deux voix aussi plombées, c'est chose rare dans le Crust, et inexistant dans le D-Beat. Voilà, ça résume un peu la situation. Et comme vous le constatez ça n'explique rien. 

Et ce genre de confusion continue sur "Spottas På Av Er", qui nous embrouille encore plus en partant dans toutes les directions possibles, sans offrir une porte de sortie. Parfois, on a même le sentiment de se retrouver en pleine émergence de la scène Anarcho Punk anglaise des 80's, qu'auraient découvert sur le tard les Punks...Espagnols. Il est certain que la langue gutturale est assez éloignée des consonances ensoleillées des Ibères et pourtant, ce phrasé, ces lignes vocales...ça y ressemble. 

Dans le Crust on a tout dit, tout détruit, tout reconstruit. FORFALL semble se délecter du spectacle de démolition, mais sans chercher à rebâtir quoi que ce soit de viable. Je ne dis pas que leur démo est révolutionnaire en soi, puisque la plupart des fondations sont bien enfoncées dans le sol depuis longtemps, mais leur approche presque Indus par moments offre un regard malsain sur le mouvement, qui fascine autant qu'il inquiète. On sent bien que ces jeunes (ou pas) gens veulent partir sur des routes de biais, mais qu'ils hésitent encore pour l'instant en restant attachés à leurs racines. Et j'ai eu beau écouter "Nyttig Idiot" en long en large et en travers, je n'ai pas vraiment su décrire ce que ces notes assemblées déterminaient au juste. C'est Core, mais sale, up tempo, mais pataud. Un peu trop grave pour être dissonant, linéaire mais surprenant. Pas facile... 

Et comme les petits malins terminent leur présentation sur les deux morceaux les plus longs et "perdus", la tâche conclusive s'avère encore plus complexe que je ne le pensais.

"Hycklare" cache tellement bien son Crust qu'on le voit même plus. Par contre, ce morceau ne se gêne pas pour aborder les échos de JESU, ou même d'un GODFLESH qui aurait été contaminé par une fièvre un peu Doom. Et puis ce chant hurlé au delà de toute raison...ça fait froid dans le dos. Sont pas vraiment fun ces Suédois...Batterie martiale, suivie par un crescendo de guitares qui montent en pression avant d'éclater leurs accords qui explosent dans un déluge de violence effarant d'exhibition...La trajectoire est légèrement rectifiée sur le final "Den Andra Sidan", mais non, décidemment, tout ceci n'est pas très clair, encore moins franc...Longs passages atmosphériques, basse qui gronde un peu trop, arpèges, arrangements de bruit blanc... 

Le Crust et le D-beat partagent cette franchise qu'on reconnaît au premier coup d'oreille. Ici, l'affaire est beaucoup moins évidente, et même après des écoutes prolongées, il est toujours aussi difficile de savoir à qui on a affaire. Alors on dira pour la formule que ça reste Hardcore, évidemment, mais un Core trempé dans l'acide de l'Indus et du Post.. 

Ah mais attendez, c'est bon ça...Du Post Crust? 

Je valide. Mais vraiment parce que je dois y aller. Et puis c'est pas si mal comme chute pour une démo qui nous laisse dans le brouillard...   

 

 

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