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Metal and Oddities Reviews
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3 mars 2016

GRIZZLOR - Cycloptic

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Hex Records - Noisy Sludgecore - USA - 28 Octobre 2015 - 7 titres – 9 minutes

Sur ce coup là, j'arrive un peu à la bourre, et quelques semaines après mes petits camarades. Mais comme le dit l'adage, mieux vaut tard que jamais, alors je m'y mets. Et j'avoue, je me suis bien fait mettre. Pas de ma faute en même temps, le truc était vendu sur un forum Russe comme du gros Sludge qui tue la mort. Ce qu'il est par moment, mais aussi beaucoup plus que ça. En fait, c'est le genre de EP qui ne se résume pas, qui s'écoute, et qui laisse avec des idées bizarres. Bizarres comme ses textes et son approche du bruit. Puisqu'il en est, pas de doute la dessus. Mais sincèrement, avec un peu plus d'attention j'aurais pu prévoir le coup fourré.

Quel groupe de Sludge sortirait un EP avec sept morceaux de moins de deux minutes??? 

Ben justement... GRIZZLOR. 

GRIZZLOR, c'est déjà un bon paquet de trucs. Des splits, et puis des trucs perso, comme ce We're All Just Aliens paru en janvier 2014, ou When You Die, en octobre de la même année. Mais à chaque fois, aussi peu de morceaux qu'ils aient pu contenir, c'était un poil plus conséquent. Là, on ne sait pas trop si c'est du à un changement d'optique ou une simple humeur passagère. Mais sept morceaux pour même pas dix minutes, selon les standards Sludge, c'est clairement du foutage de gueule ou...autre chose. Il y a de la lourdeur la dedans évidemment. Mais elle est triturée, un peu défoncée sur les bords, et pas vraiment déclarée, et pourtant, certains y ont vu du MELVINS, ce qui n'est pas totalement crétin puisque les deux groupes partagent ce goût pour la gravité détournée en dérision. Tiens, matez les noms des morceaux, c'est attachant tout ça..."Sundays Are Stupid", "I'm That Asshole", "Winter Blows", on dirait des petits poèmes écrits sur un cahier de texte et qui témoignent du dérisoire du quotidien qu'il faut bien supporter. 

Et pour le supporter justement, les GRIZZLOR ont une méthode bien à eux. Le chaos, le bordel, le dédain Noisy. Mais aussi, pas mal d'affection pour les petits riens qui les stimulent. 

Mais rassurez vous, intimes du trio de New Haven, Connecticut. Ils n'ont pas pour autant changé leur regard sur la musique en se focalisant sur des épisodes de la vie quotidienne. Leur musique est toujours aussi barrée, là haut dans l'espace, ou dans les tréfonds de leur psyché légèrement perturbé. Et puis pour vous rassurer, même s'ils parlent de ce pauvre Tommy ou des dimanches chiants comme la pluie, ils n'oublient pas pour autant les machines de guerre ou les vaisseaux de l'espace. Et non, ils n'ont pas troqué leurs champis comme des tisanes ou des infusions. Mais pour les autres, ceux qui n'en auraient jamais entendu parler, il convient de préciser que les anecdotes narrées par les trois Américains le sont toujours sur fond de Sludge Noisy et Fuzzy, peut être un peu plus ludique qu'avant, mais toujours aussi psychédélique. D'ailleurs, ce fameux Tommy voit aborder son cas à la façon des BUTTHOLE SURFERS qui taperaient le boeuf avec CLUTCH, un soir de pleine lune quand les bières commencent à manquer. Une ligne de basse minimaliste à la FLIPPER, un chant narquois qui vous toise de son ironie, et puis un riff plombé mais guilleret, et la recette fonctionne. 

D'ailleurs, cette putain de basse est décidemment omniprésente, se met à la hauteur de la guitare, enterre presque les drums, mais la voix s'en fout, elle est déjà perchée depuis longtemps. "Winter Blows" nous la montre sous un jour bien distordu, sans lâcher le groove pour autant, et tout ça dégénère assez vite en jam de camés notoires. En fait tout s'enchaîne avec une certaine logique déviante, et offre une fois de plus son lot de riffs gras et enthousiasmants, décortiquant le Sludge pour l'adapter au format Noisy Rock, presque Post par moments, et qui dérive dans l'espace d'une âme bouffée par les psychotropes.

Tiens, du Sludge joué par la scène Noisy Core 90's, pas mal comme image non? 

Et s'ils avouent clairement être des trous du cul ("I'm That Asshole"), ils le font au moins avec la classe d'un groupe de Crust qui découvre les joies d'un Heavy déformé par un télescope de Dave Brock. Et en quarante secondes je vous prie. Mais comme la vie est une blague, on laisse encore la basse vous expliquer pourquoi, le long d'un puzzle déchiqueté par les PRIMUS, conjointement avec des MELVINS encore plus feignants que d'habitude ("Lifer's A Joke"). Alors non, je ne peux me convaincre de vous dire, là, comme ça, que tout ça EST du Sludge. C'est plutôt une façon de regarder l'existence et la musique à travers un miroir pas vraiment lisse, qui renvoie un reflet Noisy d'une lourdeur pourtant palpable.

Et aussi, un moyen de continuer l'histoire en restant cohérent, mais capricieux. Et de se placer sans le vouloir en défenseur d'une liberté de bruit qui commence à attirer l'attention de tout le monde. Et tout ça, avec sept morceaux, et même pas dix minutes de bruit.  

Moi non plus je n'aime pas le dimanche. C'est pénible, et puis ça me rappelle les après midi interminables en compagnie de Jacques Martin. La lose.

Mais à l'époque, personne n'aurait pu partager mon désarroi de cette façon.

Alors, finalement, c 'est pas si grave d'avoir été un peu à la bourre...

 

 

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