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Metal and Oddities Reviews
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16 mars 2016

ACCUSER - The Forlorn Divide

AccuserTheForlornDivide

Metal Blade Records - Thrash - Allemagne - 11 Mars 2016 - 10 titres – 46 minutes

L’underground Thrash allemand, ou l’éternelle renaissance. A l’heure où SPV nous annonce un nouvel LP d’ASSASSIN, c’est un autre OS local qui se manifeste via un quatrième album post reformation, ACCUSER. Pour les étourdis, ACCUSER, c’est un poids presque lourd de la sidérurgie véloce Allemande, né au milieu des années 80 et responsable de deux albums sinon légendaires, du moins fameux. Pour qui appréciait le costaud qui savait se montrer finaud, Who Dominates Who et Double Talk représentait le meilleur de la boucherie Germaine, avec en arrière-cour une jolie charcuterie Californienne. De grosses côtes à l’os d’outre Rhin, bien grasses, mais tranchées avec une précision toute ricaine qui donnait de belles tranches pas trop fines, mais sans nerfs. 

Le meilleur des deux mondes, pour une éclosion sur le marché somme toute assez…tardive. Oui, leur meilleur album paru en 1989 alors même que le Death de Floride commençait à prendre une sacrée plus-value, les pauvres ACCUSER se sentirent fort dépourvus lorsque la bise des 90’s fut venue, mais ils s’accrochèrent tout de même suffisamment pour survivre jusqu’en 1996, avant de jeter le torchon, le tablier et le couteau. 

Hiatus, démos, retour sous un nom différent pour noyer le poisson (SCARTRIBE), et puis, les années passant mais la passion restant, une reformation nominative en 2008, pour quelques longue durée de plus…De là, les sorties s’enchaînent comme les steaks hachés à la sortie du broyeur, Agitation en 2010, Dependant Domination en 2011 (ils ont vraiment un problème de domination ces gens-là…), Diabolic en 2013 et finalement, en ce morne mois de mars, The Forlorn Divine, petit dernier d’une longue lignée. Petit dernier certes, mais sans complexes. Il faut dire que.

Que quoi ?

Que si vous avez été cryogénisé ces huit dernières années, vous n’avez toutefois pas de quoi vous en faire. Si vous avez connu en leur temps Who Dominates Who ou Experimental Errors, alors soyez heureux, vous allez pouvoir comprendre les derniers épisodes sans vous creuser les méninges. Non que le feuilleton ACCUSER soit calqué sur une saison des Feux de L’Amour, mais il faut avouer que l’intrigue et le suspens chez les Allemands sont des données clairement secondaires. Ils font la même chose depuis leurs débuts, mais l’avantage, c’est que personne ne le fait mieux qu’eux. 

Depuis leur retour sous leur bannière initiale, il n’y avait pas grand-chose à dire. C’était propre, carré, inspiré, et la donne n’a pas changé. On pourra leur reprocher à la rigueur un sérieux manque de curiosité et d’ambition, mais après tout, quand on aime vraiment son travail, on n’a pas forcément envie d’en chercher un autre. Et le boulot de The Forlorn Divine (Le Désespoir Divin en VF) étant de nous rassasier avec un Thrash précis et bien soufflé, là encore, il n’y aura rien à critiquer. Mission accomplie, avec les honneurs du jury, mais ça devient une habitude. 

Comme je l’expliquais, la trademark du quatuor, c’est de frapper fort, mais net. Un savant mélange de Techno Thrash tout US radicalisé de franches coudées Européennes. Depuis les années 80, la recette n’a pas changé d’un gramme de beurre, et elle ne changera jamais. The Forlorn Divine reprend donc les choses là ou The Conviction les avait commencées, et où Diabolic les avait laissées. Entre farouches montées d’adrénaline et accalmies poisseuses et Heavy, tout y est, le compte est bon, pas besoin de rendre la monnaie.

La tendance se confirme depuis des années, ACCUSER privilégie les morceaux longs, et pas d’exception à la règle en 2016. Les bourrasques purement Thrash sont toujours aussi efficaces, et toujours diluées dans des cocktails à dominante Heavy qui ne tâchent pas, mais qui enivrent avec subtilité. Parangons de cette méthode de shaking, les épiques « Impending Doom », lourd comme un dimanche matin qui soudain se réveille et court bon train, ou « Unreal Perception » qui adopte peu ou prou le même schéma. 

Les morceaux atteignent pour la plupart les cinq minutes, mis à part « Fifth Column » qui lacère grave et épure la bidoche de ses scories avec une nervosité toute germanique, ou « Lust For Vengeance » qui introduit l’album sans prendre de gants en latex et nous éclabousse de grosse giclées en saccades. ACCUSER vieillit mais ne faiblit pas, et son inspiration, si elle semble figée, ne semble pas se tarir, puisque l’équilibre entre la technique et l’efficacité est toujours aussi précis.

La bande à Frank Thoms est toujours aussi affutée, et ce, de bout en bout, puisque la puissance et la pertinence s’imposent jusque sur le final « Flow Of Dying » qui par ailleurs nous gratifie de duels de soli tout à fait brillants, sur fond de rythmique purement Thrash qui ne faiblit jamais. Notons pour la bonne bouche le fabuleux travail à la basse de Frank Kimpel qui fait claquer ses cordes comme un Frank Bello à qui on aurait piqué ses comics, et la production parfaite qui fait briller le tout sans trop polir les aspérités. 

Alors, non, pas de surprises. Pas de Rapcore, pas de Death, pas de Post machin, juste du Thrash, lapidaire mais net, intelligent mais accessible, radical et fatal, mais qui laisse la lame immaculée. En gros, une nouvelle tranche de vie d’ACCUSER, ni meilleure ni pire que les autres, mais à l’intérêt stable et à la conscience professionnelle sans tâche. 

Il est toujours bon d’être rassuré, et de voir que notre jeunesse furieuse peut se prolonger bien au-delà des quarante balais. C’est un peu ça ACCUSER. Mais surtout, du talent, et de la passion. Et un certain sens de la domination, encore une fois.

 

 

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