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Metal and Oddities Reviews
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16 mars 2016

SIN REGRESO - Demo

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Powerviolence / Fastcore - Colombie - 29 Février 2016 - 9 titres – 10 minutes

Comme en ce moment je semblais un peu trop focalisé sur les USA, l’Allemagne ou la Russie, j’ai décidé de retourner non à Montréal, mais du côté de la Colombie voir si la scène Powerviolence/Thrashcore/Fastcore faisait encore feu de tout bois, et j’ai obtenu une réponse assez rapide et claire. Oui, les gangs locaux continuent de propager la sainte parole de la révolte sur fond de rythmiques échevelées, de vocaux écorchés et de lignes de guitare tronçonnées. Tout va bien donc du côté de l’Amérique du Sud, et je dirais même qu’un surplus d’animosité musicale peut s’y faire sentir.

C’est en tout cas le sentiment que m’a donné la première démo d’un trio de branques assumés, nous venant une fois de plus de la capitale Bogota. Car dans le genre, on peut difficilement faire plus rageur, instinctif et radical, et surtout, amateur.

Sous une pochette aux allures de cartoon improbable se dissimulent en effet neuf morceaux sans concessions, n’espérant aucun pardon pour leur agression, et qui alignent sans faiblir les riffs bloqués sur trois notes et les hurlements au micro qui font remonter la bile le long du colon. 

SIN REGRESO est donc un trio, qui ne fait pas dans l’enrobage à outrance et qui a bien retenu les leçons DIY du Fast et du Core. Guitare, batterie, chant, même pas de basse pour enrichir le son, et du coup, cette démo grésille d’une façon toute naturelle, sature comme un bootleg des SEA OF SHIT, et place la spontanéité de la rage en qualité primale, ce qui somme toute est plutôt une qualité. On retrouve dans les rôles principaux la passionaria Andréa au micro, Camilo à la guitare bricolée et Piry à la batterie raide comme un piquet, et los très amigos semblent ravis du boucan qu’ils font.

Leur première maquette prouve que la scène Colombienne n’a rien perdu de son animosité ni de son activisme, et fonce, hurle, percute, dérange autant qu’elle le peut, tout du moins dans le temps très imparti des dix minutes chrono. 

Samples en langue natale, intros qui détalent, et surtout, chant qui cavale et sature régulièrement les médiums qu’il torture de ses hurlements primaux. Et lorsque les vocal duties sont partagées, les niveaux grimpent d’un ton et défient les lois de la saturation (« Crea Caos », qui effectivement s’arrange très bien du bordel ambiant), pendant que derrière son kit Piry essaie tant bien que mal d’imposer quelques blasts qui en rajoutent dans la douce folie anarchiste. Véritable petit pamphlet de propagande, cette première démo est un concentré de rage pure, à cheval entre un Thrashcore vraiment velu et un Powerviolence sans retenue, et si la perfection technique et instrumentale est le cadet des soucis chez SIN REGRESO, leur fureur reste remarquable, et épidermique. 

Du Fast comme on l’aime, parce qu’il est fast justement, et complètement fou dans le fond comme dans la forme. Cette folie est bien sur accentuée par la voix incroyable d’Andréa qui ne relâche jamais son emprise et qui confère à l’instrumental une aura de démence rageuse presque palpable, mais aussi par le duo « rythmique » qui s’accommode très bien de l’absence de basse. On atteint parfois les limites de la rupture bruitiste sur les segments les plus courts et incontrôlables (« Absurda Obediencia »), et si l’exercice ressemble parfois à une répète de mise en place (« Pacto Suicidal »), c’est justement cet amateurisme flagrant qui fait le charme de cette poignée de morceaux qui n’ont de compassion que pour l’extrémisme revendiqué. 

Du Fastcore/Powerviolence très cru, sans jolie production pour noyer le poisson, et qui démontre que Bogota n’en finit pas d’être agitée par les soubresauts de son underground, l’un des plus actifs au monde. Si une version Sud-américaine et primitive des PICK YOUR SIDE vous intéresse, jetez-vous de suite sur cette première démo des SIN REGRESO, vous ne regretterez pas le voyage. 

Sans regrets, c’est le terme adéquat. 

 

 

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