Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
16 mars 2016

UNRU - Als Tier Ist Der Mensch Nichts

a1865291425_10

Sentient Ruin Laboratories / Supreme Chaos Records - Extreme Black Crust - Allemagne - 28 Mars 2016 - 4 titres – 36 minutes

Mes amis de la Bay Area de SF sont allés chercher en Europe de quoi satisfaire les aficionados de leur catalogue, et autant dire qu’ils ont traqué l’underground pour y trouver de quoi nous faire plaisir. Underground certes, mais fameux avouons-le. Dans un constant désir de saper les fondations de la musique moderne, ils se sont rendus en Allemagne pour y débusquer un groupe assez étrange, dont la musique opaque et hermétique saura s’adresser à la frange la plus dure des fans de l’extrême, et surtout, à ceux qui considèrent la gravité et le chaos comme modes d’expression salvateurs.

De bruit et de fureur il est question sur le premier album des Allemands d’UNRU. De lourdeur aussi, de systématismes Indus, et d’une certaine forme de Black Metal, très froid et mécanique, mais surtout très ample, et parfois, pas si loin du Sludgecore qu’on aurait pu le penser. 

Même en tant qu’animal, l’homme n’est rien. C’est donc le programme de ce premier LP qui avec seulement quatre titres pour presque quarante minutes de musique n’a pas versé dans la facilité.

Avec deux pistes de plus de dix minutes, le jeune groupe Allemand a pris des risques, risques qui finalement s’avèrent payants tant cet album dégage une puissance phénoménale qui fait dire au label que la seule formulation possible reste le « Massive Black Metal », qu’ils teintent d’ailleurs de Crust, sans que l’on sache vraiment pourquoi.

Non, s’il est vrai que Als Tier Ist Der Mensch Nichts est résolument ancré entre les balises les plus extrêmes du BM, le Crust et le Core n’y ont pas droit de cité, et auraient d’ailleurs beaucoup de mal à trouver leur place dans ce déluge de violence clinique.  

Pour l’histoire, sachez que UNRU s’est formé en 2012/2013, et que le groupe a lâché une démo qui a fait grand bruit cette même année, avant de partager ses vues sur des splits avec PARAMNESIA et SUN WORSHIP en 2014. Ils ont pris le temps de préparer leur grand œuvre qui aujourd’hui se matérialise sous la forme de ces quatre morceaux, qui s’ils s’abreuvent à la source d’un Black germain sans concession, est joué d’une approche presque Punk et Indus, mais surtout, dans un refus de tout compromis. Si son label estime sa vision en tant qu’hommage au Black Scandinave - il est certain que certains riffs glacés en sont directement influencés – je préfère voir en ces torrents de blasts et de riffs presque imperceptibles l’affirmation de l’identité Allemande et sa contribution au mouvement dans les années 2000.

Pour repère, quelques noms sont jetés en pâture, comme CELESTE, WOLVES IN THE THRONE ROOM, ALTAR OF PLAGUES, et il est certain que les deux premiers partagent bien des points communs avec nos jeunes héros nihilistes du jour.

 

Alors donc, Massive Black Metal.

 

C’est un fait, et la production ne fait rien pour alléger ce constat, le son de Als Tier Ist Der Mensch Nichts est immense, compressé, compacté, et il en ressort un sentiment de grandiloquence qui écrase l’auditeur de toute son ampleur.

Tout commence par une terrible déclaration d’intention, « Zerfall & Manifest » à la longue intro s’étalant sur plusieurs minutes, avant que le schéma global ne s’impose via une rythmique marteau pilon dont on n’appréhende que les fréquences les plus sourdes. La guitare lacère un riff presque Punk, tandis que le chant souffre en arrière-plan et s’égosille comme aux plus grandes heures du Black tirant sur le Dark Ambient. Vous êtes déjà dès le premier morceau jeté dans le grand bain, et l’optique ne changera pas vraiment pendant les quarante minutes de ce premier album, alors autant vous y faire, ou…fuir. 

De temps à autres, quelques breaks viennent interrompre la charge des panzers, et quelques répétitions totalement Indus bloquent les chenilles, avant qu’un riff sombre et acide ne s’impose, ralentissant par extension le rythme pour l’alourdir. « Das Anna-Karenina-Prinzip » suit bien évidemment les mêmes préceptes, mais ne s’embarrasse pas de présentations excessives. L’influence de CELESTE est palpable, et si la basse semble s’imposer au premier plan, étouffant les fréquences des guitares, celles-ci se vengent quelques secondes plus tard en faisant valser un motif à la BURZUM, écrasé de nouveau par le duo rythmique qui décidemment avale de sa haine le reste de l’instrumental.

Il est très ardu de pouvoir décomposer la musique des Allemands tellement cette dernière s’assimile comme un tout, et évoque avec autant de véhémence les origines du Black le plus Raw, que le Blackened Punk le plus lo-fi. Dans l’interprétation s’entend… 

Les deux derniers morceaux prennent des libertés avec le plan prévu à l’origine, et « Hédonée » se vautre dans une lourdeur éprouvante, aux dimensions Doom et Sludge, et bride sa rythmique pour lui faire adopter les inflexions d’un marquage temporel au ralenti. Si l’amplitude sonore n’était pas constante, on pourrait penser ne plus avoir affaire au même groupe, puisque pendant dix longues minutes UNRU abandonne les préceptes BM pour adopter les dogmes du Doom Indus lancinant et traumatique, avant que « Totemiker » ne reprenne sa course pour arriver au terme de cette aventure aussi chaotique qu’unique. 

Si pour les Allemands, l’homme n’est rien, il semble pourtant que sa vacuité leur suggère une colère le confinant à la haine viscérale. Musicalement, ils repoussent les limites de la violence du Black pour la confronter au fatalisme de l’Indus le plus figé, en interprétant le tout sans chercher à enjoliver sa sauvagerie primale, d’une crudité Punk suggérant plus par sa forme que par son fond le Crust le plus bruyant. 

Un premier album qui demande beaucoup d’efforts d’écoute, et qui se révèle aussi énigmatique qu’il n’est outrancier.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité