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25 mars 2016

HECK - Instructions

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NPAG Industries - Chaotic Hardcore/Math - UK - 11 Mars 2016 - 9 titres – 26 minutes

On change de nom parce qu’on veut changer de vie. Tirer un trait sur le passé. Parce qu’on change d’identité et qu’on veut éviter la confusion avec « l’avant ». Mais parfois, c’est par obligation. Tenez, les DISNEYLAND AFTER DARK. Sous la pression du géant Mickey, ils avaient du devenir un acronyme. La même chose est arrivée aux HECK. Mais c’est un autre genre de monstre qui les a inquiétés. Moins moussu et plus trapu, et plus japonais aussi. Un énorme monstre qui les a convaincus que s’appeler BABY GODZILLA n’était pas une bonne idée en termes de droits. 

Dont acte. 

Oui, rien de nouveau sous le soleil, les HECK sont donc les ex BG, qui s’en reviennent donc après leurs problèmes juridiques, affublés d’un sobriquet tout neuf choisi de concert. Mais ne vous inquiétez pas, aussi important soit-il, ce changement est le seul que vous remarquerez à l’écoute de ce Instructions, qui justement vous donne les bonnes pour appréhender la musique du quatuor.

Qui elle, n’a pas changé d’un iota.

Pour info et pour les étourdis, les ex BG nouveaux HECK, nous en viennent de Birmingham, le bled célèbre pour avoir servi de rampe de lancement à la fusée Grind dans les années 80, ils sont donc quatre (Matt Reynolds, Jonny Hall, Tom Marsh et Paul Shelley), et ont déjà à leur actif pas mal de réalisations diverses, dont la plus fameuse fut un LP sous leur ancien nom, Oche, qui en 2012 avait fait grand bruit dans l’Underground, au point de les en extraire pour les besoins de la presse mainstream.

On sait les Anglais un poil chauvins, mais comme de ce côté-là, nous n’avons pas grand-chose à leur envier, il serait malvenu de les taquiner. Mais les média locaux s’étaient fait des gorgées chaudes de la puissance de HECK lors de leur découverte, ce qui pour une fois, était en partie mérité.

 

En partie seulement, même si Oche était une sacrée explosion qui vous laissait un peu la tête dans le coton.

 

Pour être franc, HECK (exclamation qui transpose le « fait chier » en « zut » chez les gens polis) n’a pas inventé la poudre, ni d’escampette ni d’amandes pilées, mais sait la faire parler. Ils sont l’incarnation même d’un groupe taillé pour le live, qui de temps à autres se doit de fixer ses idées en studio pour avoir du matériel neuf à traîner sur les routes. Ce qui ne les empêche nullement d’être efficaces une fois coincés en cabine, comme le démontrent les neuf pistes puissantes de ce premier LP sous leur nouveau nom, qui n’ont rien à envier à celles qu’ils ont signées sous leur ancien. Comme je le précisais, rien n’a changé. Leur musique encore moins que leurs personnalités, et on retrouve sur Instructions les influences qui étaient leurs à l’origine, les sempiternels CONVERGE, DILLINGER, et autres THE CHARIOT ou même REFUSED quand l’intensité se veut plus stable et Hardcore.

Mais les signatures rythmiques abruptes, les changements de tonalité de funambule, et surtout, l’énorme puissance qui se dégage de leurs pics de fièvre sont toujours présents, qu’ils soient complètement démarqués du séminal Calculating Infinity de DEP (« White Devil », là pour le coup, on ne parle même plus de démarquage mais bien de parallèle troublant et limite mimétique), ou de son successeur Miss Machine qui aurait fusionné avec un inédit de CONVERGE (l’ouverture drastique « Good As Dead » qui ne fait pas de quartier et reprend même des pans entiers des deux géants US). 

Pas vraiment du plagiat, même si les Anglais ont vu le jour bien avant les deux références utilisées, mais beaucoup de similitudes. Pas désagréables en soi, puisque le tout est joué avec des tripes salement dérangées par un excès de piment, mais il convenait quand même de noter le parallèle histoire de rendre aux USA ce qui n’est pas à l’Angleterre.

Les bons moments ne manquent pas cependant, mais on les doit à ces instants d’amnésie où les HECK oublient qu’ils ont besoin de breaks à rallonge pour exister.

Dans ces cas-là, le quatuor nous gratifie de fulgurances Punk absolument délicieuses, qui si elles n’occultent pas entièrement les tempi bizarroïdes, savent les amadouer pour les plier à une linéarité appréciable. Avec ses dissonances plaquées sur un thème à la REFUSED, « Mope » est sans conteste un des meilleurs uppercuts du lot, grâce notamment à un motif en mid qui revient régulièrement et qui écrase toute la concurrence. On pense à un gros MCLUSKY dopé à la fonte, mais si « Fastback » pourrait ressembler à un extrait de McLusky Do Dallas, il exhale de ses riffs alambiqués un parfum très personnel, comme un baiser fugace dans le cou de Ben Weinman. 

D’ailleurs, ils le disent sans qu’on les force. Le Hardcore est une grande et vaste escroquerie. « The Great Hardcore Swindle » en est une indéniable preuve, avec son mélange détonant de Punk Rock de teigne et ses accélérations en forme de tapes dans le dos faussement amicales. THE CHARIOT ? Possible, mais en répète avec les REFUSED et CONVERGE. «A Great Idea Bastardised », c’est encore une fois le Mathcore US passé à la moulinette Anglaise, mais pour le coup, c’est tellement furieux qu’on se laisse prendre au jeu. C’est là que le chant atteint son apogée, et que les trouvailles Jazzcore s’incrustent le mieux. Alors on passe l’éponge. 

HECK ou BG, quelle importance ? Bah, le nom était salement cool quand même. Mais bon, vu que du côté instrumental, rien n’a changé, on s’en tape et on va faire avec. Surtout que même rebaptisés, les Anglais sont toujours plus dangereux que la bébête susceptible en question. Parce qu’elle a beau dézinguer des bâtiments entiers, ses dégâts sont moins importants que la lame de fond Instructions. 

Et puis honnêtement, vous êtes contents de la photo sur votre carte d’identité vous ? Alors si vous la perdez, ça n’est pas grave, vous resterez quand même un sale con.  

 

 

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