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Metal and Oddities Reviews
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1 avril 2016

HUMM - Sanctuary

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Via Nocturna - Post Black - Italie - 24 Mars 2016 - 8 titres – 54 minutes

Souvenez-vous, il y a presque deux ans, je vous parlais d’un premier album aux couleurs étranges à et l’optique pas vraiment claire…Ce premier LP nous venait d’Italie, l’un des pays d’Europe les plus fertiles en matière de Metal avant-gardiste. Il était le fruit des réflexions d’un seul homme, Fabio Gatto, qui utilisait ce médium pour nous exposer ses vues sur le Metal moderne tel qu’il le concevait, et aujourd’hui, l’homme revient, avec une identité encore plus affirmée et un second longue durée encore plus énigmatique et…libre.

Si No Empathy Before Doosmday suivait plusieurs pistes à la fois pour tracer la sienne, le cas de Sancuary est admirablement suggéré par son nom. Il semblerait que Fabio ait en effet trouvé son sanctuaire musical, protégé des influences extérieures, à même de coucher ses idées sur partition, et cet isolement lui a fait un bien fou. Car si ce deuxième album emprunte des voies encore plus absconses que le premier, il finit par imposer sa cohérence via une diversité incroyable, et élargit encore plus le spectre musical du maestro Italien.

 

Parler de Post quelque chose est toujours une solution confortable en soi. Cela permet de briser les barrières, de rester dans un flou appréciable en termes de qualification, et de justifier une démarche sans trop avoir à entrer dans le détail. Certes, cette catégorisation sied à HUMM, qui va plus loin que les styles d’usage et se place donc en exemple type de ce genre de comparaison affranchie, mais évitons de trop vulgariser les étiquettes pour ne pas se montrer trop complaisant. Certes, Sanctuary est bien empreint de Post Metal, de Post Black, et de Post tout ce que vous voulez, mais il est avant tout une pièce musicale sans entraves, aux mélodies plus prononcées que son prédécesseur, et au feeling Rock appuyé. 

Rock ? 

Le mot est lâché, et celui-ci taquine le Metal en plus d’une occurrence, rendant de fait ce second effort encore plus fascinant que le premier. Il est d’ailleurs parfois assez difficile de raccrocher le wagon HUMM à la locomotive du Metal extrême, tant celui-ci a tendance à en décrocher ses tampons, dans un désir absolu d’affranchissement. Un morceau comme « Ashen Blaze », découpé tacitement en plusieurs segments sans vraiment l’avouer, à plus d’une fois recours au coup du chapeau souvent employé par PAIN et Tägtgren en général, et se recentre autour de guitares dont la distorsion est si légère qu’elle évoque bien plus la scène Post Rock Indie des années 2000, que le Doom qu’elles semblent parfois suggérer.

 

De Doom, il n’est que rarement question ici. Le genre est survolé et intégré par nuance, tout comme le Black d’ailleurs, et toute forme de Metal un peu trop prononcée et cloisonnée. Comme sur son premier album, Fabio s’en sert comme éléments à intégrer à un tout, mais jamais comme une fin en soi, juste des prétextes. Tout au long de morceaux progressifs (le mot est lâché), il n’hésite pas à incorporer de l’électronique, des basses tranquilles, des riffs plaqués d’un son rachitique, et ne se laisse jamais déborder par son propos, mais le contrôle entièrement. Ainsi,  un titre comme « And So She Wanders » échappe à toute définition, évoquant tout autant le PARADISE LOST le plus transitoire que les SISTERS OF MERCY, MAYHEM, AGALLOCH, et beaucoup d’autres références qui une fois évoquées forment un tout personnel, et dessinent les contours de la pensée de Fabio. Accélérations étranges qui semblent retenues par un fil, intermèdes synthétiques troublés par un solo de guitare purement Hard Rock, ou au contraire assumant l’héritage de The Edge, avant que le paysage musical ne se transforme complètement, retrouvant la liberté des 70’s pour un hallucinant break en riffs syncopés…Sur ce morceau terriblement atypique, la magie opère à plein régime, non parce que Fabio s’égare sans chercher la cohésion, mais justement parce qu’il la trouve sans l’imposer. 

On retrouve trace de cette démarche sur « A Graveyard Of Stars » qui en fait adopte les tics des deux premiers morceaux en les injectant dans la structure du troisième, se perdant même parfois dans les volutes d’une flute à la JETHRO TULL, sans se départir de ses guitares estampillées Halifax. Mais le talent de Fabio étant de partir dans des directions opposées sans pour autant paraître indécis ou brouillon, « Weeping Hermione » retrouve ses instincts Black les plus primaires, se rapprochant du BURZUM le moins contemplatif mais pas forcément le plus abrasif. Blasts contrôlés, riffs tournoyants à la distorsion trouble et aux motifs acides, avant bien sûr de contredire immédiatement cette prise de position par des choix mélodiques affirmés, qui gardent toutefois cette marque « Post Black » assez appuyés. 

Le final « Bird Of Prey », qui affiche dix minutes et trois secondes (le même timing au millième près que « And So She Wanders ») au compteur, se pose en conclusion surprenante et resserre les options au point de se focaliser sur un Post Black à peine interrompu par quelques accents une fois de plus très 70’s, un peu comme si le Folk de ses années-là venait étancher la soif de guitares à l’agonie. Du Folk qu’il faut bien évidemment concevoir en tant que fond ou concept et non comme une forme tangible, mais cette fluctuation entre violence aride et ouverture mélodique est très symptomatique du processus de développement de Sanctuary, qui ne se décide jamais à choisir entre radicalisme et souplesse…Ce qui en fait bien sur un album unique en son genre, et qui pourrait sans vraiment le vouloir définir une nouvelle optique pour le Post Metal, sans l’obliger à suivre ses préceptes.

 

Mais Fabio, avec ce second effort poursuit son chemin et ses expérimentations sonores, ne choisissant qu’un seul camp, le sien.

Il incorpore des éléments qui semblent disparates au prime abord, mais qui une fois amalgamés, déterminent un cheminement logique, qui résulte pourtant d’une inspiration naturelle, qu’on pourrait dans un désir d’ouverture qualifier de Post Metal, ce qui pourtant banalise un peu trop sa démarche. Mais il confirme avec Sanctuary tous les espoirs placés en lui, et je suis curieux d’avance de le voir affronter l’exercice périlleux du troisième album, qui confirmera si oui ou non, HUMM est définitivement un groupe à part sur la scène Metal Européenne.      

 

 

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