Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
4 avril 2016

CULT WIDOW - Cursed II-Corrupting Worship

a3750635448_10

Blackened Crust - USA - 27 Mars 2016 - 4 titres – 13 minutes

Après deux shots de Powerviolence non édulcoré, il me fallait un breuvage plus solide, de ceux qui vous arrachent la gorge en malmenant votre estomac. Sans vous filer la gerbe, mais suffisamment costauds pour vous en mettre un coup dans l’oignon, et vous redynamiser pour le reste de la journée. Alors après Buenos Aires, Austin, direction les Pays-Bas et Amsterdam pour une bonne dose de drogue légale qu’on ne consomme pas dans un vieux parc pourri, l’air absent et l’aiguille encore pendante de l’avant-bras.

Après tout, y’a des gosses qui se baladent alors autant avoir l’air de rien et rester désinvolte…  

Je voulais du sérieux et du solide pour terminer ma matinée, et je me suis souvenu de cette pochette en noir et blanc qui avait attiré mon attention…

Comme le nom du groupe me plaisait bien aussi, tout comme le titre de leur EP, j’ai jeté une oreille sur leur Bancamp et j’ai su assez rapidement qu’il proposait ce que je cherchais. 

Bon, comme d’habitude, rien de rien, ou presque pas grand-chose. Sur le Facebook de ces Hollandais, le minimum vital, quelques reviews et autres annonces de concert, mais rien de plus. Mais surtout, une accroche en forme d’avertissement, qui généralement tient plus de la provoc’ cheap que de la philosophie de fond. En l’occurrence, un tonitruant : 

« We are CULT WIDOW, we worship Death ». 

Avec ça, on est calmés. Mais comme en sus ils précisent sur leur Bandcamp qu’il « font de la musique pour Satan », ça commençait à faire beaucoup. Alors je ne sais pas si la radio du malin est à grandes ondes ou glisse le long d’une FM infernale, mais si jamais les oreilles du rougeaud à la queue fourchue arrivent à capter les fréquences propagées par ce Cursed II-Corrupting Worship, gageons qu’il sera fier de ses représentants sur terre. Après un premier EP bien senti l’année dernière, en forme de premier chapitre (Cursed I: Feed Me Death), le port d’Amsterdam trouve une seconde vieillesse dans ces quatre morceaux extrêmement lourds et violents qui pissent non sur les femmes infidèles mais sur les croyances religieuses benoites qui vénèrent le Nazaréen.

Pour autant, les CULT WIDOW ne versent pas dans le Black unidimensionnel, mais bien dans l’underground abrasif et aux multiples facettes, toutes plus horribles les unes que les autres.

 

Ils se taggent eux-mêmes avec quelques références clés (Black Metal, Blackened Hardcore, D-Beat, Hardcore, Punk), et pourtant, ne sont rien de tout ça. OK, le Blackened Hardcore est sans doute ce qui se rapproche le plus de leur bruit infernal, mais même en admettant ceci, il manque quelque chose de fondamental pour appréhender leur musique. 

D’abord, les apprentis satanistes bénéficient d’un son gigantesque pour une production de ce calibre, lourde, compacte, aux fréquences délicieusement assourdissantes, qui mettent en avant une rythmique polyvalente et des guitares loin d’être évidentes, qui gazent à tous les étages, en privilégiant quand même un sacré son Nordique bien Death qui nous rappelle les côtes Suédoises des 90’s, mais aussi le D-Beat le plus gras de ce siècle. Alors évidemment, dissonances, violence, mais aussi lourdeur, en gros tout ce qui est nécessaire à un sacrifice rituel de l’harmonie en bonne et due forme, et vogue la galère…

Sauf que cette dernière sait parfaitement où elle va…

Dès la moiteur intenable de « The Alchemist », qui cavale dru autour d’un D-Beat bien tendu, avant de le laisser tomber pour valser en tourbillon Indus qui se transforme en polka Hardcore, les dés sont jetés, et vous savez déjà que vous allez expérimenter quelque chose de foncièrement mauvais, mais terriblement bon pour votre mal être. 

« Deathdealer » suit plus ou moins la même direction, en proposant tout de même un sale mid tempo bien costaud qui rapproche presque les Hollandais d’un Downtempo bien salaud. « In The Noose » dès son nom vous rappelle qu’ici, l’espoir n’est pas de saison, et évoque les esprits de GODFLESH, de NAILS, pour une longue procession en robes noires impeccables, presque Indus Core, à faire passer les flingués de WORLD NARCOSIS et BREACH pour de gentils mormons souriants. La basse ridiculise presque le Streecleaner pourtant élevé au rang d’icône, et le feedback devient de plus en plus envahissant jusqu’à ce final d’une puissance strangulatoire, comme un dernier souffle qui s’échappe avant que la corde ne vous enlève à la vie… 

« No Love » reprend la vitesse à son compte, la laisse maîtresse des débats, et accentue le nihilisme ambiant tout en gardant au coin de l’œil ces modérations tenues en laisse par un chant si cru qu’il fait passer n’importe quel MC Black pour un gentil prêcheur de rue. 

Cursed II-Corrupting Worship, c’est du brutal, du noir, du pessimiste, un sacrifice sans artifices qui remplace la jeune vierge par vos oreilles et votre utopie déplacée. Je ne sais pas si les CULT WIDOW vont chercher leurs victimes dans les shoot parks Hollandais, mais il vaut mieux s’être injecté suffisamment d’héro dans les veines pour supporter le traitement qu’ils vous réservent… 

De la musique pour Satan ? C’est une certitude, même si le cornu dans ses pires vociférations n’a jamais été aussi effrayant.

Je ne sais pas si dans le port d’Amsterdam il y a toujours des marins qui vous montrent les dents à décroisser la lune, mais il reste des musiciens qui l’invoquent les soirs d’infortune…    

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité