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Metal and Oddities Reviews
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4 avril 2016

IDOLATRY - Visions From The Throne Of Eyes

idolatry-visions-from-the-throne-of-eyesHumanity’s Plague Productions - Black  - Canada - 25 Mars 2016 - 9 titres – 43 minutes

Un groupe de Black Canadien, ça n’a rien de surprenant, bien au contraire. Un groupe de Black d’Edmonton, c’est déjà chose plus rare. Un groupe de Black Canadien qui ne sonne pas comme un groupe de Black Canadien, c’est une affaire qui mérite l’attention. 

Mais un groupe de Black Canadien qui cite les grands auteurs et propose une vision classique, riche, et abrasive de la chose, est une donnée tellement rare qu’elle se soit d’être disséquée avec soin. Edmonton donc, et déjà, un EP, un split, et des performances sur scène violentes qui marquent les esprits. Voici donc ce que le quintette IDOLATRY a à vous proposer en ce dimanche ensoleillé que leur musique ne va pas tarder à ternir de sa folie et de son nihilisme. IDOLATRY, ce sont Lörd Matzigkeitus (chant), Lycaon Vollmond et Nox Invictus (guitares), Fulgur Exorcista (basse) et Daemonikus Abominor (batterie). Mais c’est surtout une conception très particulière d’un Black qui rappelle autant MARDUK que la vague US, ou même EMPEROR dans ses accès de rage épique les plus furieux.

En gros, une musique sans concession, entièrement dédiée au malin, et d’une efficacité outrancière appréciable. 

« You shall not make for yourself a graven image, or any likeness of anything that is in heaven above, or that is in the earth beneath, or that is in the water under the earth; you shall not bow down to them or serve them » 

(Exodus – 20 :2-5) 

Mais c’est sans doute Lörd Matzigkeitus qui décrit le mieux le sens global de la démarche de ce premier effort : 

« Il n’y a aucun album de Black comparable à celui-ci, il est unique dans son agressivité sophistiquée et sa variété. Attache toi à sa table froide, et laisse toi te faire torturer ». 

Et c’est la vérité. Visions From The Throne Of Eyes est un OVNI dans la production Canadienne, bien loin de la vague que l’on connaît par cœur, qui abuse d’une froideur de ton et d’une musique toujours plus underground pour affirmer son identité, qui finalement est partagée par le plus grand nombre. Ce premier effort se rapproche d’un Black aux dimensions épiques, mais qui a su rester très cru dans ses développements, et qui parfois, se montre aussi malsain que les plus grandes réalisations du genre. Le quintette ne pratique pas l’outrance, et distille ses ambiances pour les adapter à ses thèmes, même si sur certains morceaux, le combat séculaire entre le radicalisme de MARDUK et l’ésotérisme de MAYHEM est presque palpable (« Cathartic Expulsion of Shrieking Sorrow »). Mieux, et plus concrètement, il ressemble à un ballet infernal où les créatures du diable vous font tourner en bourrique autour de riffs acides et faussement mélodiques qui s’incrustent sous vos chairs comme les chaînes des cénobites, vous apprenant de fait à prendre du plaisir dans la douleur.

IDOLATRY ne s’est pas foncièrement éloigné de la silhouette sombre qu’il incarnait sur son premier EP éponyme, mais a développé ses traits les plus effrayants, en s’enracinant toujours plus profondément dans les commandements du Black originel. 

D’une brutalité plus vicieuse que paroxysmique, les Canadiens évoquent plus volontiers des œuvres comme le Demonoir de 1349 qu’ils radicalisent de la grandiloquence d’EMPEROR, sans pour autant perdre de vue l’underground, comme le démontrent des morceaux franchement bestiaux et dérangeants comme « Visions From The Throne Of Eyes », qui de lignes vocales inhumaines en arrangements rythmiques évolutifs avance comme une créature difforme. Changements de rythme fréquents, mélodies sous-jacentes qui rampent le long de rythmiques mouvantes et instables, arrangements vocaux à la limite de la possession, Visions From The Throne Of Eyes est un LP d’une richesse noire et d’une créativité diabolique qui mérite largement sa place à la table des grands seigneurs du Métal sombre. Cohérent et progressif, mais d’une liberté indéniable. Cet album s’abat sur vous comme une tempête de larmes et de cris d’horreur, et ne relâche jamais son étreinte. 

Un des exemples les plus frappants reste le pourtant court intermède « Tiamatic Winds » qui parvient en un cadre très restreint à unir en un même maelstrom terrifiant les exactions nihilistes de BEHERIT et la démonologie harmonique du MAYHEM des années 90. Telle une coulée de lave en fusion se dirigeant inéluctablement vers Pompéi, ce morceau grouille d’idées et de changements de tempo, laissant le feedback combler le silence tandis que le chant s’époumone dans la nuit comme un prêtre de l’enfer de Dante.

Mais le final « Imperator Nero Murmurationis Hortum » provoque plus ou moins la même sensation, et on a souvent l’impression de retrouver l’ombre d’Euronymous derrière ces parties de guitares asymétriques et mélodiquement faussées, surtout lorsque celles-ci se cachent derrière une basse en ombres chinoises. IDOLATRY, en refusant la franchise retrouve l’essence même d’un style qui n’a plus guère d’écho de nos jours, les groupes préférant le confort relatif d’une brutalité franche ou la souffrance d’un lo-fi permettant de dissimuler un manque d’idées et d’ambition derrière le paravent de « l’authenticité ». 

Sans chercher la révolution, Visions From The Throne Of Eyes se démarque sans effort de la grande majorité de la production actuelle en jouant la carte d’un classicisme qui laisse toutefois une grande latitude à l’interprétation personnelle, ce qui le transforme en premier album assez impressionnant, au premier comme au second degré. Avec une production assez bizarre et pas vraiment parfaite qui correspond exactement à l’optique choisie, IDOLATRY s’impose comme un futur leader de la scène Black old school, qui pourtant projette le style vers les abysses d’un futur qu’on pressent encore plus ténébreux que ses origines. Efficace et malsain, violent et sournois, c’est un LP proche d’une certaine perfection dans l’approximation, mais surtout, une immense vague de violence qui engloutit vos doutes. 

Et vous pouvez vous incliner devant lui. Le châtiment n’en sera que plus cruel.

 

 

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L
Thank you for the review, can you please contact us idolatryblackmetal@hotmail.com
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