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Metal and Oddities Reviews
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4 avril 2016

NOVEMBRE - Ursa

URSA-COVER-SML (1)

Peaceville Records - Progressive Doom Death - Italie - 1er Avril 2016 - 10 titres – 64 minutes

« Neuf semble être la mesure des gestations, des recherches fructueuses et symbolise le couronnement des efforts, l’achèvement d’une création.” 

Je ne sais pas si la mythologie, l’art numéraire et la divination savaient, mais en tout cas, cette définition tombe aujourd’hui à point nommé. Neuf années, c’est bien le laps de temps qui sépare The Blue, de Ursa dans la discographie des Italiens de NOVEMBRE. Neuf longues années qui ont complètement transformé le groupe d’un certain côté, mais qui l’ont gardé en l’état de l’autre. Le changement se matérialise surtout dans la forme, puisque le batteur Giuseppe Orlando a décidé d’aller exercer son talent sous d’autres horizons (en l’occurrence ceux de FORESHADOWING), laissant son frère Carmelo - seul membre d’origine – tenir la barre pour garder le cap sur la terre nouvelle. Ce dernier a bien sûr pu compter sur l’aide précieuse de son lieutenant Massimiliano Pagliuso pour arriver à bon port, mais une fois de plus, l’histoire égratigne ses héros et les laisse bien seuls… 

L’histoire de NOVEMBRE, vous la connaissez aussi bien que moi. Elle a débuté à l’orée des années 90, pour se concrétiser en 1994 avec le premier LP du groupe Wish I Could Dream It Again. A l’époque signé sur le micro label Polyphemus Records, le quatuor a depuis traversé les époques et les embuches, finissant par être hébergé par Century Media, avant de rejoindre leur seule véritable maison, Peaceville… 

Home is where the heart is ? 

Certainement, et le label Anglais était certainement le plus à même de comprendre la démarche des Italiens…On ne peut pas mieux appréhender la musique de NOVEMBRE qu’en faisant référence à ceux qui l’ont précédé au sein de cette écurie mythique…Les PARADISE LOST, KATATONIA, MY DYING BRIDE, tous ont un jour flirté avec une musique sombre, romantique, à mi-chemin entre la mélancolie du Gothique et la rudesse du Death, sans jamais vraiment choisir leur camp. NOVEMBRE n’a jamais vraiment tranché non plus, et Ursa ne viendra rien changer à ça. Car ce huitième album de Carmelo et Massimiliano (épaulés en la circonstance par Fabio Fraschini à la basse et David Folchitto au kit) semble s’incarner autour d’une recherche d’identité, qui ne passe en aucun cas par une aventure extraordinaire, mais par un regard en arrière appuyé, et une introspection sincère. 

Après neuf ans de silence, nous étions en droit d’attendre du neuf, des surprises, ou tout du moins quelque chose de nouveau. Nous l’avons obtenu en quelque sorte, mais pas forcément sous la forme que nous espérions. Sans chercher à avancer et à décaler son propos, NOVEMBRE a choisi de rester fidèle à une formule qui est sienne depuis plus de 25 ans, et propose sur ce huitième LP un résumé de son parcours. Mais loin de tomber dans la redite bâclée, ce résumé se déguise en best-of tant les morceaux de Ursa sont d’une troublante majesté, et parmi les plus beaux que les Italiens aient composés.

D’ailleurs, alors même que les grands anciens rivaux de PARADISE LOST ont réinjecté une solide dose de nihilisme Death dans leurs compositions pour se rapprocher de leurs racines, les Italiens de NOVEMBRE ont choisi d’occuper le créneau qu’ils ont abandonné, et le font avec une maestria incroyable qui pourrait bien faire de Ursa leur meilleur album à ce jour.

 

Une gestation, une recherche fructueuse, et un couronnement d’efforts. C’est bien de cela dont il s’agit ici, sur ce LP qui de son titre Orwellien (U.R.S.A : Union des Républiques Socialistes Animales, le titre original de la fameuse Ferme des Animaux de George), suggère une paranoïa qui n’a justement pas lieu d’être tant les pistes sont d’une douceur et d’une mélancolie apaisée. On note tout au plus un regain de méfiance sur le très long et épique « Agathae », qui propose enfin une rythmique montrant les dents et des riffs plus aiguisés que des crocs de loup, mais en dehors de cette pulsion somme toute assez isolée, le reste de l’album se concentre sur des tempi lourds enveloppés de mélodies sublimes et souvent éthérées. Et d’ailleurs, l’intro très Floydienne de ce même morceau appuie sans équivoque cette thèse…

On pense bien sûr à un mélange précieux entre le PARADISE LOST de One Second et MY DYING BRIDE, bien que la sempiternelle comparaison avec les esthètes d’OPETH soit une fois de plus d’actualité. Pas de surprise donc, comme je le précisais, sinon ce saxo qui sort de nulle part sur le final de « Oceans Of Afternoons » ou quelques bribes de voix féminines de çà et là, mais ce ne sont que quelques arrangements infimes qui ne servent en rien à cacher une inspiration nouvelle, juste des détails que l’on remarque en tendant l’oreille. 

Le mid tempo sied toujours aussi bien au quatuor, qui signe avec « Annoluce » un de ses titres les plus catchy et efficace, presque à la lisière du Métal d’ailleurs, tant ses lignes vocales sont apaisées, mais n’allez pas croire pour autant que le visage Death du groupe ait été complètement occulté, puisque la férocité outrancière de « Umana » vous le dévoilera d’une façon très crue, après une longue mise en bouche acoustique d’une pureté immaculée. Et si l’ouverture « Australis » est la plus discrète de l’ensemble, avec son parti pris de passé assumé et revendiqué, le final « Fin », n’ouvre pas plus de perspectives futures en optant pour un radicalisme violent appuyé par des percussions tonitruantes qui se stabilisent lors d’un refrain grandiloquent.

 

Il est évident que les fans les plus endurcis du groupe auront du mal à avaler cette pilule qu’ils ont déjà ingurgitée depuis très longtemps.

Le manque de prise de risque, la volonté de rassurer son public après ce long hiatus et le départ du frère Giuseppe a poussé NOVEMBRE à ne pas se placer en aval de décembre et à mettre la charrue avant les bœufs. Il fallait d’abord consolider les bases avant de regarder en avant et de songer à agrandir l’édifice, ce que Ursa fait admirablement bien, en piochant dans le passé pour tourner les vigies vers l’avenir. Avec une production majestueuse et des compositions parmi les plus solides de leur répertoire, ce huitième LP réussit à se poser en point d’orgue d’une carrière sans oser vraiment le faire ouvertement.   

Et à replacer ce groupe unique sur le devant de la scène Doom Death gothique internationale, place qu’il n’aurait jamais dû quitter… 

« L’achèvement d’une création ». 

J’aime beaucoup cette analyse. Neuf années, pour un couronnement sans partage. Mais loin d’être un achèvement, Ursa est une étape, une renaissance sous des traits déjà connus. A vous maintenant de le baptiser comme il se doit.

 

 

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