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Metal and Oddities Reviews
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4 avril 2016

BABYMETAL - Metal Resistance

5thGFiw

earMUSIC / Sony Music - Power Kawaï Metal - Japon - 1er Avril 2016 - 12 titres – 54 minutes

C’est marrant quand même cette façon qu’à la presse mainstream de s’intéresser au Metal dès lors qu’il dépasse son cadre le plus strict et qu’il est susceptible de leur drainer de la bande passante ou de leur faire vendre du papier. Eux qui nous conchient à longueur d’articles, semblent se rapprocher de nous dans des cas très précis. Celui de BABYMETAL en faisant partie, vous trouverez trace des demoiselles partout. Dans le NME, les Inrocks, Billboard, j’en passe et des plus incongrus encore. Les mêmes sans doute qui nous pointent du doigt avec dédain en évoquant MAIDEN, SLAYER ou le PRIEST…Mais bon, parfois, on n’a pas envie d’être beau joueur. C’est le cas ici…

Mais les pauvres BABYMETAL n’y sont pour rien après tout. Elles jouent ce qu’on leur dit de jouer, chantent comme on leur dit de chanter et dansent comme on leur dit de danser. C’est le modus operandi de tout groupe préfabriqué, et elles en connaissent les règles.

 

A propos de moqueries, elles ont dû en subir de la part de cette même presse et d’une grosse frange du public Metal par la même occasion. Leur premier album, aussi explosif et Kawaï fut-il, fut l’objet de railleries incessantes, jusqu’à ce que ces mêmes pointeurs les voient sur scène, et constatent que leur présence sur les planches des plus grands festivals n’était pas due au hasard. Pour Babymetal, elles ont joué le jeu de la promo à outrance, elles ont headbangé sur les plus grandes stages comme dans les salles plus intimes, parcourant le globe pour convaincre, et elles ont presque gagné leur pari. Maintenant, elles sont en quelque sorte une institution sans l’avoir cherché, et au moment de parler de leur deuxième album officiel, la plume semble glisser sur mon clavier. Faut-il encore en discuter ? Oui, c’est l’actualité, le choix est restreint. Et que voulez-vous, moi, je les aime bien ces trois gamines bien plus intelligentes qu’on veut bien le croire. Et leur musique aussi. 

Kobametal se cache toujours dans l’ombre, en figure paternelle, et les mecs de DRAGONFORCE sont toujours là eux aussi. D’ailleurs, leur patine est bien plus patente sur ce second LP qui fait déjà grincer des oreilles depuis sa sortie en avant-première. Pourquoi ? Parce que c’est un second album, parce qu’il est plus mature, parce que la fraîcheur du premier a fait place à un professionnalisme exacerbé. 

« Je pense que nous allons révéler au public un nouveau BABYMETAL avec cet album » 

C’est ainsi que Su-Metal s’exprime à propos de Metal Resistance. Beau discours promo, lénifiant d’évidence, puisqu’alors qu’elles n’étaient encore que de jolies poupées à modeler lors de la gestation/sortie de Babymetal, leur premier effort qui provoqua un tsunami mondial, elles sont maintenant des artistes rodées, capables de prendre d’assaut n’importe quel public de masse et le mettre dans leur poche. Musicalement, Babymetal était le point de convergence le plus parfait entre la J-Pop la plus sucrée et juvénile et le Power Metal le plus abrupt et puissant. Nous avions droit sur ce séminal premier effort à des contrastes effarants de naïveté, qui faisaient le grand écart entre mélodies Pop sucrées à outrance et cavalcades ébouriffantes sur lesquelles les trois petites pouvaient se livrer à leurs danses tribales. Déstabilisant, choquant pour certains, mais incroyablement frais et incongru, ce qui faisait son charme. Comme tout second album où chaque détail a été peaufiné, Metal Resistance à aplani les différences, et joue la carte de l’homogénéité.

Finis les goûters au chocolat, le headbanging avec une minerve, place à la puissance, à l’uniformisation, à la recherche de l’adoubement de la communauté Metal.

C’est vraiment ce qui choque le plus à l’écoute de Metal Resistance, et avouons que Kobametal et les DRAGONFORCE ont mis le paquet pour séduire les fans de Heavy Metal que le signe du renard et les grandes chaussettes noires gonflaient légèrement. 

« En y réfléchissant bien, ces deux dernières années ont été une accumulation de bons souvenirs, mais honnêtement, tout s’est passé si vite…Je pense que nous avons beaucoup grandi en seulement deux années, comme si nous avions vieilli de cinq ans » 

C’est MoaMetal qui parle, et sans le savoir, avec cette déclaration touchante de naïveté, elle a trouvé la description la plus idoine pour parler de Metal Resistance. Soyons clair. Le fossé qui sépare ce second LP du premier est aussi large que le gouffre qui éloignait Iowa de Slipknot, sans comparaison de styles évidemment. On appelle ça le professionnalisme évidemment, et comme le souligne la chanteuse/danseuse au minois fripon, les trois BABYMETAL ont grandi, se sont affirmées, et en voici la preuve la plus éclatante, mais aussi la plus…décevante.

La spontanéité a disparu, chose normale quand on a acquis une telle notoriété et qu’il faut l’asseoir définitivement. Metal Resistance montre un trio sur de son fait, qui s’est éloigné définitivement de la J-Pop acidulée, et qui s’est concentré sur l’aspect « Metal » de l’entreprise. Les morceaux sont donc plus puissants, moins décalés, et plus directement dédiés aux fans de décibels à outrance qui constituent le gros du public du groupe. Les morceaux sont évidemment taillés dans le Rock le plus efficace, et très proche de la scène Power Metal Européenne et US, à l’image de l’ouverture tonitruante de « Road Of Resistance » que les trois poupées interprètent sur scène depuis longtemps.

Mais on y trouve aussi trace de Dubstep, avec « From Dusk Till Dawn » qui louche sévèrement du côté de la collaboration KORN & Skrillex, et d’ailleurs, cette patine électronique a contaminé l’album, le faisant pencher parfois du côté d’un Néo Métal du 21ème siècle, comme le démontre le monstrueusement efficace « Karate », illustré une fois de plus d’une vidéo imparable.

 

On flirte parfois avec les cimes de l’ultraviolence (« Sis. Anger » qui pratique le sepukku de masse, avec SLIPKNOT et SLAYER dans le rôle des bourreaux), mais la plupart du temps, les trois mignonnes se contentent de suivre les lignes tracées par un Power Metal ultra efficace et standardisé (« Amore », un des rares morceaux à garder une emprunte traditionnelle asiatique dans sa mélodie, même si STRATO aurait pu en faire son hymne), ou celles dessinées par un Metalcore moderne très travaillé (« Tales Of The Destinies », au refrain imparable).

Heureusement, de temps à autres, on s’éloigne de la ligne du parti, et on cherche à retrouver les impulsions juvéniles qui rendaient Babymetal si attachant (la ballade typiquement J-Pop « No Rain, No Rainbow », vraiment jolie et gentiment emphatique), ou au contraire à explorer de nouvelles pistes, un peu culturelles mais moins formatées (« Meta Taro », presque folklorique dans l’esprit). 

Mais inutile de faire une analyse exhaustive, puisque de toute façon ce second album va provoquer le même genre de raz de marée que le premier, à la différence près que cette fois ci, la menace est attendue au tournant…Il est possible que certains qui avaient ouvertement méprisé le premier LP s’attachent plus au second, mais il est aussi évident que ceux qui grinçaient déjà des dents en voyant ces gosses squatter les scènes de l’O2 ou de Reading ne changeront pas d’avis. Alors, gimmicks ? Metal for Hipsters comme l’ont affirmé certains ? Non, Metal tout court, puisque le trio est très bien entouré, qu’il gère toujours aussi bien son image et le marketing qui l’entoure, mais Metal un peu plus aseptisé, bien que plus foncièrement brutal dans la forme. Le fond lui n’a pas changé, et si les voix sont toujours aussi agaçantes/charmantes selon le point de vue, il y a fort à parier que maintenant que le phénomène est d’ampleur et reconnu, les BABYMETAL gagnent de nouveaux fans…Espérons qu’elles gardent le même enthousiasme, elles qui s’émerveillaient de découvrir que de grandes stars de la musique aimaient à s’afficher avec elles, et qu’elles continuent de s’amuser tout en assurant comme elles l’ont toujours fait. 

Mais sans passer pour un rabat joie, ni un vieux con, je regrette un peu l’époque où peu de gens les connaissaient, et ou leur musique faisant plus rire que trembler. Mais la vie continue, les gens évoluent, et c’est la loi du marché, il faut consolider ce qui a été construit. Objectivement, Metal Resistance en tant qu’album sorti de son contexte est en béton armé, inspiré, mais aussi prévisible…Il peut largement tenir la dragée haute à bien des artistes confirmés, ne connaît aucune baisse de régime, mais il ressemble à ce passage délicat de l’enfance à l’âge adulte, lorsqu’on laisse ses jouets dans un coffre pour affronter la vie.

Les parents connaissent cet instant déchirant, lorsqu’ils doivent dire au revoir à leurs enfants qui partent faire leur vie. Les critiques le connaissent aussi parfois…

Mais s’il vous plaît les filles, ne changez pas trop. Ne grandissez pas trop vite. 

« C’est un plaisir de faire ses premiers pas dans un monde encore inconnu » 

Metal Resistance est ainsi là pour prouver au monde entier que les BABYMETAL ont cette fois ci enlevé les roulettes de leurs vélos…

 

 

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