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Metal and Oddities Reviews
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14 avril 2016

BOUND BY FATE - Steadfast

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Sliptrick Records  / Sony - Groovy Thrash - USA - 2 Mai 2015 - 7 titres – 25 minutes

Parfois, un simple coup d’œil aux photos promo d’un groupe suffit à comprendre que les gus ne sont pas là pour rigoler.

Si en plus, ils déclarent avec fierté jouer du « Straight Up Metal », on saisit d’autant plus facilement que le temps des nuances et autres finasseries n’est pas vraiment d’actualité. Et si, par-dessus tout ça, ils citent comme influences Pantera, Job For A Cowboy, Hatebreed, Whitechapel, Dying Fetus, Slayer, Neuraxis, Mayhem, Cannibal Corpse, Jungle Rot et Sepultura, le doute n’est plus permis. On sent qu’on va avoir droit à du burné, à une bonne calotte dans la gueule, et il faut admettre que dans le cas des Américains de BOUND BY FATE, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise.

C’est du burné, sévèrement, et la calotte est en effet bien épaisse et plaquée sur la joue.

Pour autant, doit-on tendre l’autre histoire d’accentuer la douleur éventuelle ? A l’écoute de ce Steadfast je pense que c’est indispensable.

Ça fait du bien d’être ramoné de temps en temps.

 

Parlons histoire puisqu’il fait beau. Les BOUND BY FATE ont vu le jour en 2008, à Cleveland, Ohio, et ont depuis sorti une démo (Live Session), et un premier longue durée, Aftermath il y a trois ans. Quelles furent les conséquences de ce premier passage en studio ? Des tournées bien sûr, durant lesquelles leur Metal sans fioritures a sans doute fait forte impression, mais aussi de la composition, pour aboutir l’année dernière à une suite logique de l’aventure, sous la forme d’un LP qui par son contenu et sa durée s’apparente plus à un EP, mais bon, tous les formats sont dans la nature après tout. Sept morceaux seulement, mais une leçon magistrale de Metal moderne en fusion, qui va droit à l’essentiel, et qui bien évidemment évoque bien des références. 

On pense immédiatement au Hardcore bien plombé de HATEBREED, mais aussi au Groove sudiste viril des PANTERA, spécialement sur un morceau comme « Rebuild The Man », chanté à la Phil Anselmo et à la tension très symptomatique des frères Abbott.

 

Ce qui n’empêche guère le quintette d’ouvrir ses horizons et d’y laisser divaguer quelques influences Metal Indus, comme le prouve l’ouverture très PRONG de « Save Or Betray », dont la partie de guitare pourrait avoir été jouée par Tommy Victor, avec ces sifflantes et ces saccades si typées. Ajoutez à ça une basse à la Paul Raven et vous comprendrez que l’hommage est intégral. Mais c’est très bien fait, et pas du tout plagié, simplement guidé par une force vitale, celle qui fait jouer une musique directe et simple, mais surtout pas simpliste. Il faut dire que Phil Sonner, Dan Cameron, Cliff Sporcic, Tim Seale, et Dave Snodgrass n’ont pas adopté une philosophie alambiquée. Leurs motivations sont claires et affichées, « jouer une musique brutale, et échanger avec des gens ayant le même esprit ». Ils ne se la jouent pas, et savent très bien qu’en écoutant leurs morceaux, des références évidentes vont émerger, mais s’en foutent, puisque de toute façon, tout musicien a un background et l’utilise pour aller de l’avant.

Alors certes, un titre comme « Strung Out-Strung Up » sonne comme une grosse charge Hardcore donnée par un groupe purement Metal, avec un riff bien épais et une rythmique bulldozer, mais comme ça fait du bien par où ça passe, au diable l’originalité.

Loin d’être des accumulations de poncifs, les chansons de Steadfast sont plus à appréhender comme un manifeste de la violence moderne, certes maîtrisée, mais suffisamment crue pour vous apporter le surplus de vitamines dont vous avez besoin pour affronter le quotidien. 

Lorsque le quintette se décide à tout écraser avec un mid tempo bien velu, ça donne un exutoire intégral, aussi fédérateur qu’un PANTERA de Reinventing The Steel, avec cette petite touche sudiste un peu Stoner qui va bien («Crooked Blues »), et si le tempo se voit lâcher la bride, le staccato reprend ses droits lors d’un « The Cleansing » aussi groovy qu’une association de malfaiteurs PRONG/CORROSION OF CONFORMITY. Ils savent utiliser les fréquences lourdes d’une basse, ça ne fait aucun doute, et celle-ci se délecte d’ailleurs d’une intro aussi grave que coulante sur le final « Broke Apart », aussi lourd qu’une migraine qu’une douzaine d’aspirines ne saurait soulager. Cette ultime saillie est aussi la plus longue, et procure les mêmes effets qu’une sale gueule de bois du dimanche matin, lorsque le bourbon ou la bière de la veille se rappellent à votre mauvais souvenir. 

« Avec l’avancée naturelle du temps, alors qu’un homme vieillit, il fait toute sorte d’expériences, certaines bonnes, d’autres mauvaises, certaines vraiment terribles. Ces expériences provoquent de fortes émotions, qui s’ajoutent à un désir profond de s’élever contre ce qu’on perçoit être de flagrantes injustices. »     

Ce petit laïus qu’on retrouve sur la page Facebook du groupe résume parfaitement leur démarche, et il est tout à fait raisonnable de concevoir les deux albums du groupe comme une mise en musique de ce précepte. Dès lors, la voix de BOUND BY FATE résonne comme la colère et la rancœur accumulée par l’homme qui n’en peut plus de devoir se battre contre l’adversité.


Ces sentiments-là étant très purs dans leur révolte, il convient de les illustrer par une musique à l’identique, qui ne cherche pas la complexité, mais bien l’efficacité.
C’est exactement ce qui émane de Steadfast. Du Metal sans concession, direct, qui parle à tous ceux que la vie malmène.

Pas le genre de discours qui rassure, mais la vérité n’est jamais facile à entendre.

 

 

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