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Metal and Oddities Reviews
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14 avril 2016

PLAGUE PORTER - Don’t Let Them Breathe

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Avant-Garde Black Metal - République Tchèque - 11 Avril 2016 - 8 titres – 29 minutes

La peste, c’est quand même un petit fléau sympa…propagé par les rongeurs via quelques puces qu’ils se coltinent, ça donne des effets assez néfastes sur l’organisme, et les siècles d’histoire peuvent encore témoigner des millions de victimes y ayant succombé…Personne n’est passé à travers…L’Europe, les USA, l’Afrique, tous les pays et continents en furent les cibles, ce qui a permis aux médecins d’arborer un look aussi effrayant que marquant, puisque aujourd’hui encore, ces masques d’Halloween aux longues pointes nasales continuent de se vendre façon steampunk sur Ebay ou ailleurs…

La peste donc, les PLAGUE PORTER en ont fait leur obsession majeure. Après tout, c’est un thème comme un autre qui de plus s’accorde très bien à l’optique musicale qu’ils ont choisie. Mais cette même optique est relativement complexe, voire multiple, et pas forcément facile à définir…

 

On parle de Post BM, de Black avant-gardiste, voir expérimental, mais à l’écoute de leur second LP, il semblerait que les contours soient beaucoup plus flous et empiètent sur d’autres styles, plus directement identifiables…Continuant le travail d’assainissement public entrepris sur leur premier album Taste The Fetus And Make A Wish, au titre plein de délicatesse et de bon goût, Don’t Let Them Breathe fait prevue d’une grande véhémence et d’une puissance radicale, tenant tout autant du BM le plus farouche que d’un Death technique qui fait mouche. L’un dans l’autre, cette juxtaposition de styles pourrait expliquer ces rythmiques à l’abattage impressionnant, ces riffs sombres mais pas vraiment francs, et cette ambiance moite et étouffante. On pense au prime abord à un croisement entre le 1349 de Hellfire, le MARDUK de Heaven Shall Burn, mais aussi à MORBID ANGEL, en version survitaminée, et aussi à NILE pour cette accumulation de plans qui s’enchaînent en donnant le tournis. Mais quelle que soit l’explication fondamentale, l’effet est maximal et prend à la gorge.

 

En moins d’une demi-heure, les Tchèques ne perdent pas de temps, et mettent en musique un authentique fléau de violence crue mais sournoise. Les pistes se suivent et ne se ressemblent pas, tout en gardant cette cohésion incroyable dans la violence la plus absolue. Pour autant, parler d’avant-garde semble légèrement déplacé. Certes, l’approche est personnelle, mais elle utilise des codes qui n’ont rien à voir avec l’expérimental. Et je ne suis pas sûr que le groupe même se satisfasse d’une quelconque étiquette excentrée… 

Je concède qu’ils apprécient le mélange des genres, et un titre comme « Monuments To Vanity » le prouve avec une emphase toute particulière. Une intro incroyablement Heavy et presque Indus, dans la veine d’un TERRA TENEBROSA, avant que le chant ne change subtilement ses intonations pour adopter des inflexions moins ouvertement graves. Imposition d’un mid tempo implacable renforcé par des lignes vocales déviantes et presque sadiques, et une multitude de riffs qui tournent en se frôlant, défiant la gravité de la rythmique par des arrangements dissonants et/ou mélodiques.

Je parlais de 1349 tout à l’heure, mais il est vraiment possible de trouver des points communs entre les deux groupes, quoique les PLAGUE PORTER ne renient pas l’incision Death pour autant…

 

Death, le mot est prononcé, et finalement, c’est peut-être ce qui serait le plus honnête lorsqu’on aborde le cas de ce deuxième album. Certes, le fond est résolument Black, mais la fluidité des enchainements et la percussion des thématiques dans un ballet étourdissant de précision et de virtuosité évoque plus volontiers la scène Death moderne, qui se repaît d’ombres Black nihiliste, que l’inverse. En optant pour des morceaux courts et concis, PLAGUE PORTER offre à sa musique une portée immédiate et optimale, et ne se perd pas dans les dédales de délires improvisés qui souvent noient ce genre de productions.

Mais une simple écoute du monumental et emphatique « Collosal Embrase » vous mettra sur la bonne voie, sans pour autant vous en dire trop.

Alors que la rythmique accumule les descentes, les breaks, les contretemps, les guitares au contraire plaquent des motifs simples, la plupart du temps en déliés mais sans renoncer aux syncopes, et la voix vient chapeauter le tout de ses humeurs…

 

Il semblerait en fin de compte que Don’t Let Them Breathe puise son inspiration dans le BM moderne et technique, sans pour autant négliger l’apport de groupes comme SUFFOCATION ou NILE, sans les côtés « exotiques » de ces derniers. Les blasts bien sûr ne font que confirmer les accointances les plus noires (« When Pain Turns To Passion »), mais encore une fois, le Thrash sait se faire une petite place dans les ténèbres ambiantes, comme une soudaine poussée de fièvre.

 

Mais après tout, est utile de proposer une définition précise ? Ne peut-on pas laisser la musique le faire par elle-même de sa propre nature ? En jetant une oreille sur le final « Apeiron Obssesion », la plupart d’entre vous n’y verront qu’une exaction BM de plus, pas plus originale que le reste de la production, mais Don’t Let Them Breathe n’est pas qu’une somme de détails, c’est avant tout un…tout. Une basse bien trop présente pour n’être que Black ou Death, un chant évolutif mais toujours rempli de haine, et surtout, des guitares et une rythmique, qui s’amusent à se contredire tout en se respectant.  

Un monument de violence sourde, des arrangements discrets qui accentuent encore plus le malaise ambiant, et au bout du compte, un album majeur. 

Alors Black, Death ou autre chose. C’est d’abord l’efficacité et l’originalité qui priment. Et vu la vitesse à laquelle les plans déroulent sur ce second album, on n’a aucun mal à imaginer la progression du fléau originel qui a inspiré ces Tchèques.

Le genre de pathologie qui en effet, ne vous laisse pas respirer

 

 

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