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Metal and Oddities Reviews
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14 avril 2016

MORROW - Covenant Of Teeth

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Alerta Antifacista Records - Neo Doom Crust - UK - 8 Avril 2016 - 4 titres – 39 minutes

On prend des trucs comme ça, sur des Vk, des forums, des Bandcamp, sans savoir où on met les pieds…Enfin plutôt les oreilles et le cœur en fait…La plupart du temps, ces découvertes restent en archives, bien planquées dans le dossier « review », parce qu’après quelques secondes d’écoute, on se rend compte qu’on n’a pas grand-chose à en dire. Un sur dix en réchappe, sans aucune raison objective, juste parce que la sensibilité est touchée.

Quant à être capable de l’expliquer…Je ne suis qu’un être humain après tout…

Alors l’Angleterre, un combo obscur, dont je ne savais rien, sauf qu’il allait sortir son LP sur le très actif label Allemand Alerta Antifacista, dont j’apprécie les sorties et dont j’ai déjà pas mal parlé des productions…Carnist, Archivist, Moro Moro Land…Si j’y reviens si souvent il doit bien y avoir une explication non ?

Oui, la qualité je crois. Et puis l’amour de l’underground, comme moi…

 

Emo Crust ? 

J’ai déjà entendu parler de mariages contre nature assez farfelus, mais celui-là tient le haut du pavé, la palme de l’incongru, la couronne de l’inattendu. L’Emo, c’est ce truc improbable, chanté par des mecs en guerre contre leur coiffeur et leur maquilleuse, qui prennent l’air pénétré dès qu’ils pensent avoir trouvé une licence poétique qui va faire se pâmer les adolescentes prônant l’automutilation. Non que je déteste hein, mais bon, plutôt un truc de jeunes…Et moi je ne le suis plus depuis longtemps.

Le Crust ? Totalement l’inverse. Une machine à broyer, peut être encore plus perverse que le Grind ou le D-Beat. Un style qui peut cavaler, écraser, broyer, enfin faire mal dans tous les sens du terme…Après tout, on parle bien de comédies dramatiques alors pourquoi pas…Mais il ne me semble pas avoir vu un jour un mélodrame horrifique. C’est pourtant ce que l’association de ces deux termes semble suggérer. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai écouté Covenant Of Teeth, et il n’est pas question d’Emo, alors vous pouvez rester attentifs, parce que finalement, ce LP vaut sacrément le coup d’oreille.

 

Emo non. Screamo non plus d’ailleurs. Mais Crust, en effet, mais aussi Sludge, Doom, Post Hardcore, et quelques effluves de romantisme noir bien diffuses, mais palpables. En gros, un groupe qui a quelque chose à dire, et le dit à sa façon. Sans chercher à coller à un style particulier, mais en en créant un de toute pièce. Et je ne m’amuserai certainement pas à en chercher une définition précise. C’est du ressenti aucunement de la logique. Mais parlons faits un peu avant d’aller plus loin.

 

Pas Emo pour deux sous les Londoniens de MORROW, mais pas non plus de petites frappes de quartiers populaires qui préfèreraient s’arracher un ongle à vif que d’admettre qu’ils ressentent des choses. Ils sont trois à la base (David : guitare, basse, batterie, Alex : chant, cadre artistique et narration, Nicole : violoncelle), mais pour Covenant Of Teeth se sont entourés d’une pléiade de guests assez impressionnante dans le listing. Jugez du peu, Brian Josh et Lacy d’Anopheli, Natalie de Wildspeaker, Oskar et Erik de Monachus, Lee de The Nepalese Temple Ball, Dean de Knifedoutofexistence, Joe de Masakari, et Anna d’Archivist. En gros, une sacrée bande de potes et de label mates, qui sont venus prêter main forte au trio pour qu’il accomplisse son grand œuvre. Et ce travail collectif trouve son apogée sur cet album qui parvient à être beau, et terrifiant à la fois. Tout ça en refusant les barrières, les convenances, et la logique. Mais après tout, il n’y a aucun mal à brasser des styles tant qu’on en régurgite un breuvage enivrant et envoutant.

 

Celui de MORROW est visiblement inspiré par quelques annotations, laissées en marge par TRAGEDY, HIS HERO IS GONE ou ICTUS. En gros, pas de quoi vous renseigner précisément, mais qui vous donne une ampleur assez large. En détail, ça donne quatre morceaux seulement, mais qui s’étendent sur presque quarante minutes de musique. Avec ça, vous avez largement le temps de comprendre. Comprendre que peu importe l’approche, seul le résultat compte.

Ils tentent de nous faire assimiler une atmosphère, un état d’esprit. Celui qui émanera d’une terre enfin libérée de l’oppression humaine. Alors ils utilisent des astuces, des codes, empruntent au Doom et au Sludge leurs longues processions funèbres, au Crust ces envolées de colère, et y ajoutent des arrangements lyriques, symphonies humbles le plus souvent dessinées par un discret violoncelle. Alors non, pas de trace d’Emo, nulle part, mais de l’émotion, à foison. Sombre parfois, mélancolique, et même triste pourquoi pas, sans oublier la rage, bien sûr. 

Néo Crust, Néo Doom, Post Sludge Progressif à tendance Crust, vous pouvez appeler ça comme vous le souhaitez, il suffit juste de parler de longues séquences mélodiques soudainement interrompues par des charges abrasives et graves. La mélancolie morbide de MY DYING BRIDE, la puissance de LIGHTING BOLT, l’emprunte massive de MASTODON, et l’instabilité de WORLD NARCOSIS, avec un peu de NAILS par-dessus. Un nouveau monde qui se reconstruit sur des ruines encore fragiles, mais qui annonce des lendemains sinon meilleurs, du moins peut être plus en phase avec la nature. 

MORROW, le lendemain, et une musique étrange, qui résonne de nulle part, émane de la terre pour s’envoler vers un ciel qui pourrait être bleu.

Une intensité fragile, une force délicate, et pas mal de ressentiment aussi. En gros, un album non formel, mais d’une beauté dérangeante et troublante.

Le chant d’une humanité qui se retrouvera peut être dans le silence…..

 

 

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