MENTAL IDIOT - Reclaim

Punk Hardcore - Indonésie - 2 Mai 2016 - 8 titres – 10 minutes

On n’a pas besoin de grand-chose parfois pour être heureux. Un appel d’un proche, des coquelicots qui poussent, ou un simple bonjour du voisin, ça peut suffire pour donner le sourire. Ou alors, autre solution.

Tomber sur une bonne grosse démo de Hardcore bien vintage de la cover au son des guitares. Vous je ne sais pas mais moi, ça suffit amplement à faire mon bonheur. Alors ce matin, je suis heureux, puisque j’en ai trouvé une qui vaut largement le coup d’oreille que vous pourrez lui consacrer.

Partons donc en Indonésie, pays qui s’éveille à la brutalité outrancière du Thrash et du Hardcore depuis quelques années, et qui rend hommage aux grands noms du style sans autre ambition que de jouer une musique sincère et efficace. Abordons donc le cas de ces petits nouveaux qui viennent de Medan, et qui se complaisent dans un Hardcore à forte connotation Punk.

Les MENTAL IDIOT sont loin d’en être, je vous rassure, et connaissent les classiques des années 80 sur le bout de la discographie de MINOR THREAT. Mais c’est plutôt du côté des BONES ou des JERKS qu’il faut aller chercher leur inspiration, avec cette patte Rock N’Roll qui les rattache tout autant au Punk qu’au Core. Avec des riffs simples et déliés, et une voix vraiment véhémente, les MENTAL IDIOT signent avec Reclaim une des démos les plus attachantes de ce premier semestre, développant une jolie agressivité contrôlée qui nous ramène aux grandes heures du CGBG’s et du pogo d’avant-scène les docs en avant.

Production sobre et sèche, pas de fioritures, telle est la recette appliquée sur ces huit morceaux qui atteignent à peine la dizaine de minutes, et qui passent comme un gros coup de vent dans une ruelle de New-york. Visiblement, le Hardcore Indonésien sait s’exporter virtuellement et retrouver l’essence urban des années 82/84, tendant même à rappeler les harangues des THREAT et AGNOSTIC FRONT, tout en ne crachant pas sur une petite blague de bon ton. Ainsi le dernier morceau « War Between Same God » s’amuse beaucoup à plagier le riff de « Eye Of The Tiger » des immanquables SURVIVOR, avant de partir à fond dans une charge bourrue qui n’a pas grand rapport avec le Hard Rock léché des Américains. Et si le chanteur du gang à des intonations à la SHEER TERROR, le reste n’est que Hardcore bien Punk N’Rock, ce qui transforme cet essai en coup de maître, avec juste ce qu’il faut d’amateurisme pour rester frais. 

Pas grand-chose à signaler au niveau des compos, ça se partage entre mid tempo à la ANTI NOWHERE LEAGUE et Crust à la DISCHARGE («Bloody Golden Land »), et un D-beat relativement modéré (« Sacrifice The Land », qui d’ailleurs exhale un joli parfum à la MADBALL sous amphétamines). Quoiqu’il en soit, aucun morceau n’atteint les deux minutes fatidiques, alors autant le déguster tant que c’est chaud, d’autant plus que c’est bien bouillant à la base.

Il est plaisant de voir que des groupes n’ont pas la mémoire courte et prennent du plaisir à jouer un Hardcore brut et un brutal sans chercher à aller plus loin. Ça peut paraître passéiste pour certains, moi je préfère y voir une foi indéfectible en une musique née il y a presque quarante ans et qui trouve encore des disciples fidèles de nos jours. En tout cas, même si c’est court, ça peut facilement s’écouter en boucle sans lasser, même si quelques riffs reviennent assez régulièrement.

Et puis une ruade sans pitié comme « Trapped By Dogma » s’apprécie en l’état, sans chercher à en savoir plus. 

Les MENTAL IDIOT sont donc tout l’opposé de ce que leur nom suggère, et jouent intelligemment une musique instinctive et viscérale.

Avec ça, pas besoin d’attendre un signe de la main de vos voisins, puisque le bonheur est à portée de casque. C’est en tout cas comme ça que je vois, et que j’entends les choses.