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Metal and Oddities Reviews
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20 mai 2016

SPOTLIGHTS - Tidals

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Crowquill Records - Doomgaze/Post Hardcore - USA - 13 Mai 2016 - 6 titres – 38 minutes

Coup d’œil à la pochette, à la longueur des morceaux, nom du groupe…Tout ça sentait la clarté des ténèbres à plein nez, et je ne pouvais pas me tromper. Je sentais le bon coup fourré Sludge à dix bornes, et pourtant…

Je me suis bien fait feinter.

Non qu’on n’en trouve aucune trace, puisque la lourdeur et la puissance sont assez omniprésentes. Mais le cas est beaucoup plus complexe à définir en profondeur, cette profondeur de ton que ce duo semble affectionner, vu son background et son présent.

Duo ?

Ou trio, comme bon vous semble. Mais ne vous leurrez pas. Ce side-project, puisque c’en est un, est un groupe à part entière, qui certes dérive d’autres projets plus conséquents, mais dont l’identité forte lui permet de revendiquer le statut d’ensemble à part entière.

 

Projet donc, de concert entre deux musiciens qui sont aussi mari et femme dans le civil. 

A gauche, Madame, Sarah Quintero, basse, guitare et chant. 

A droite, Monsieur, Mario Quintero, guitare, synthé, chant. 

Au milieu, l’arbitre, Josh Cooper, batterie.

 

Une union d’amour de soi, de l’autre, mais aussi d’une musique envoutante, étrange, lancinante et poétique, qui a nécessité une création de termes contre nature pour en définir les objectifs. Le duo aime à parler de Doomgaze, de Post Hardcore, et si tout ça sent la formule accrocheuse à plein nez, c’est pourtant une grosse portion de vérité qui s’y cache.

Doomgaze ?

Mélange de Doom et de Shoegaze donc, et c’est très vrai. Musique planante mais écrasante, contemplative mais efficace, en gros, un cocktail monstrueux de guitares pesantes et d’harmonies céleste, comme un Yin-Yang concentré en musique, comme un mariage entre la beauté et les ténèbres. 

Deux ensembles à la base, SLEEP LADY et CODAS, qui ont finalement donné naissance à un enfant commun, ce SPOTLIGHTS qui nous abuse de son patronyme en nous faisant croire que la lumière n’est pas filtrée par l’ombre. Pourtant, on retrouve cette ombre dans les pistes de Tidals, qui se place dans celle de la scène alternative des 90’s, en la décalant d’un Doom/Sludge typiquement années 2000. Le mélange peut sembler étrange, et il l’est assurément. Etrange, mais pertinent et concret. Les abstractions sont formulées, les parallèles, métaphores et images employées à dessein, mais il est pourtant simple de résoudre l’équation proposée en question par cet album.  

Doom+Sludge+Shoegaze+Alternatif+Pop+Indie=… 

Tidals. 

Simple non ?

 

Je le concède, c’est lapidaire, et pourtant vrai. On pense à tellement de choses à l’écoute des six morceaux de cet EP/LP qu’on a du mal à faire le tri dans les influences possibles. Alors le duo en jette quelques-unes, comme des bouées dans une mer incertaine. Mew, Isis, Helmet, The Cure, Fugazi, Jesu, Melvins, Failure, Barbaro…

Incongru, trop hétéroclite pour être honnête ?

Mais pourtant, c’est assez bien vu. Ils auraient pu ajouter à la liste les LUSH, MY BLOODY VALENTINE, SMASHING PUMPKINS, MASTODON, et même MYRKUR pourquoi pas, quoiqu’ils n’aient rien en commun avec le Black, sauf cette propension à se cacher dans la noirceur d’harmonies troublantes. En gros, une union étrange entre des styles pas si antagonistes qu’ils n’en ont l’air, et au final, une sorte de Shoegaze Metal qui s’abreuve à la fontaine de la montagne Doom, tout en se reposant près d’une rivière brillante d’harmonies Shoegaze, ou… Pop. Osons le terme. 

Il n’est pas interdit de voir dans un titre comme « Hover » une forme très apaisée des SONIC YOUTH, débarrassés de leurs accordages de petits malins et de leurs dissonances de fous. Des YOUTH qui auraient finalement adopté l’obsession de Black Francis pour la Pop des sixties, tout en parvenant à le convaincre que les stridences pouvaient très bien s’accommoder de mélodies Surf.

 

Enoncé comme ça, tout à l’air simple. Sauf que juste après, on tombe sur « To The End » et que les belles théories s’effondrent…C’est sans doute le morceau qui s’arrange le plus des qualificatifs hybrides que le duo a trouvé pour définir sa musique, avec cette entame purement Sludge mélodique, qui avance lourdement et se retrouve soudain stoppée dans son élan par une brisure harmonique divine, qui se love au creux de l’ambivalence des DEFTONES et du Devin TOWNSEND le plus introspectif. Evidemment, la machine démarre de nouveau, mais l’entaille est profonde, et le mal est fait. 

Mais la blessure guérit d’elle-même. La méthode curative et la posologie sont inconnues, mais «Joseph » donne quelques indices. Dans ces indices, on retrouve encore une photo des DEFTONES prise par les BLOODY VALENTINE, une photo aux couleurs automnales, remplie de détails électroniques, d’arrangements décalés, jusqu’à ce qu’un des riffs les plus énormes que j’ai pu entendre ne la brûle aux quatre coins…C’est sans doute dans cette progression que le néologisme « Sludgegaze » prend tout son sens… 

Et puis…Si on oubliait tout ça, pour se concentrer sur la musique ? Sludge, Doom, Shoegaze, Indie, après tout, quelle importance ?

Ce sont des vagues, parfois douces et caressantes, parfois abruptes et violentes, une mer de sons. Un autre paysage, aux contours plus flous mais à la vue panoramique superbe. 

Qui détend et relaxe autant qu’elle n’intrigue. 

 

 

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