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Metal and Oddities Reviews
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20 mai 2016

SUNSTORM - Edge of Tomorrow

sunstormedgecdFrontiers Records - Hard Mélodique/AOR - USA - 13 Mai 2016 - 11 titres – 54 minutes

Lorsqu’on est un chanteur dont l’émergence remonte aux années 70, qu’on a fait partie de groupes aussi réputés que FANDANGO, RAINBOW, DEEP PURPLE, HTP, qu’on a collaboré avec Yngwie Malmsteen, Blackmore, Glenn Hughes, John Waite, Billy Joel, mais que vos fans en 2016 vous parlent de votre actualité musicale comme étant source de réjouissances énormes, alors vous pouvez estimer que vous avez traversé le temps avec un talent hors normes. C’est la vérité. Combien d’artistes capitalisent sur un passé lointain pour faire vivre leur présent, sans jamais proposer quelque chose de neuf ? Un nombre incalculable, qui se contentent de tournées anniversaires, de best-of, d’apparitions TV/Télé réalité grotesques…

Mais tout le monde ne peut pas rentrer dans le costume taillé pour coller au génie de Joe Lynn Turner. Et pour cause, il a été confectionné sur mesure, et seul lui peut le porter. La preuve ? 

Le quatrième album de son projet SUNSTORM. 

Joe Lynn Turner…Le genre de mec qui échappe à tout superlatif. Quarante ans de parcours, une aventure en solo qui certes n’a pas échappé à quelques approximations et dérives commerciales un peu mièvres, mais une voix, une putain de voix…

 

Une voix qui gravite dans la galaxie éloignée des vocalistes d’exception, celle où on retrouve les empreintes de Coverdale, Page, Dio, Gillan, Tate, et quelques autres étoiles qui n’ont pas encore pali et ne s’éteindront vraiment jamais. Mais la voix de Joe en 2016, c’est celle de SUNSTORM, depuis trois albums déjà…Il aurait pu, depuis le temps, se ranger, et piocher dans le rétroviseur de quoi alimenter sa vue sur l’horizon, mais ce serait mal connaître le bonhomme…Infatigable, inépuisable, il a participé au projet culte RATED X, aux côtés de Karl Cochran, Tony Franklin et Carmine Appice, pour un tour de piste Hard Rock de grande classe, avant de faire repartir de plus belle la machine SUNSTORM, pour un quatrième LP qu’il voulait résolument plus Hard, plus dur, sans pour autant perdre ce feeling mélodique qu’il affectionne tant.

 

Le résultat ? Une tuerie dans les grandes largeurs, qui pourrait résumer à elle seule la carrière de Joe Lynn. Ça vous paraît excessif ? Ça ne l’est aucunement.

Avec un line-up remanié autour d’Alessandro Del Vecchio (claviers, chant), Simone Mularoni (guitare), Nik Mazzucconi (basse) et Francesco Jovino (batterie), soit la crème de la crème des musiciens de Heavy mélodique, Edge of Tomorrow se pose en B-A-BA du Hard Rock saignant qui n’a pas oublié les harmonies dans le tiroir de la cuisine, mais qui a par contre banni le mot “mièvrerie” de son vocabulaire musical. Si les trois premiers efforts voguaient en eaux classiques et délicatement agitées, ce petit dernier fait parler la lave et déclenche des remous qui font tanguer le navire, en pleine conquête du public Heavy, multipliant les riffs assassins, les envolées lyriques, et les soli flamboyants. C’est simple, il y a très longtemps que Joe Lynn ne nous avait pas pris aux tripes de cette façon et tant bousculés. A croire que l’expérience RATED X lui a vraiment fait du bien au Rock…

Et qu’en dit-il d’ailleurs, puisque après tout, il est le mieux placé pour en parler ? 

« Ce nouvel album de SUNSTORM est le meilleur de tous ! Nous sommes revenus plus durs, plus forts, plus lourds que jamais sans perdre de vue l’intégrité du projet. J’appelle ça du Metal mélodique ! Les chansons sont très bien construites, le message est profond, et les performances individuelles incroyables...comme le son ! Nous pouvons tous être fiers de cette musique » 

Difficile d’être plus dithyrambique à propos d’un travail commun ! Mais je ne contredirai certainement pas Joe dans son enthousiasme, puisqu’il ne fait que décrire des faits. Ce Edge Of Tomorrow est sans conteste le meilleur album de la jeune carrière de SUNSTORM, et surpasse même en fraîcheur le premier LP éponyme qui avait pourtant fait grand bruit il y a…dix ans. 

Oui, déjà…

 

Et pourtant, Joe n’a rien perdu de son allant, et chante comme jamais, au gré des onze pistes de ces lendemains qui chantent, et qui chantent d’une façon aussi puissante qu’il y a quarante ans. Tout y passe, le Heavy brûlant au mid tempo martelé, le Hard Rock racé qui décolle les oreilles, l’AOR discret et radiophonique des années 80, et ces fameux arrangements emphatiques et dramatiques que le vocaliste à l’organe torride aime tant.

 

L’épisode RATED X lui a donné envie d’injecter pas mal de fuel Heavy dans son carburateur, et même si des chansons comme «The Darkness Of This Dawn » portent la marque de RAINBOW au fer rouge, c’est bien de Turner que la plupart des titres revendiquent l’héritage, puisqu’on retrouve son Adn sur toutes les notes, mélangé à celui de Del Vecchio qui lui aussi devient une référence incontournable de la scène Hard mélodique Européenne, avec FRONTLINE ou en solo. Les deux s’entendent comme larrons en foire, mais ils peuvent surtout compter sur le talent incroyable de Simone Mularoni (DGM, EMPYRIOS, LALU) qui s’en donne à cœur joie pour faire rugir des riffs vraiment hargneux et des soli totalement teigneux. L’homme brille de mille feux, et s’adapte sans problème aux différentes approches, que le Hard Rock décolle et ne ralentisse pas (« You Hold Me Down », sorte de mélange entre JUDAS PRIEST et DEEP PURPLE), ou que le Heavy se modernise et ne flétrisse pas (« Heart Of The Storm », qui mérite bien son titre et survole un ciel Néo sombre et pourtant harmonieux). 

Alors, épaulé par une telle équipe, Joe frappe fort. La confiance est au maximum, même dans les instants les plus sensibles, comme en témoigne la superbe ballade « Angel Eyes » qui excuse les poncifs de son appellation par sa mélodie splendide. « Nothing Left To Say » remonte aux origines des influences du chanteur, avec ce Hard Rock subtilement teinté de radiophonie US, de la même façon que l’imparable « Tangled Up In Blue » qui rappelle plus vivement RAINBOW que Bob Dylan, et si tout se termine sur un ultime prototype AOR de grande classe (« Burning Fire »), Edge Of Tomorrow laissera le souvenir d’un Joe rockant comme un beau diable dans une mer de Heavy déchaînée. 

Il y a les légendes qu’on enjolive pour les rendre impérissables, il y a les étoiles qu’on continue de voir briller alors qu’elles sont en train de mourir, et puis il y a les héros qui ne faiblissent jamais. Ceux qui sont de tous les combats, de toutes les batailles, l’épée à la main, et le regard au lointain.

Sauf que l’épée de Joe Lynn Turner est un micro, et que personne ne le manie comme lui. Un homme dont la carrière est un soleil qui nous réchauffera toujours de ses tempêtes.

 

 

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