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20 mai 2016

DESASTRE NATURAL - Desastre Natural

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Crust Grind - Argentine - 5 Mai 2016 - 8 titres – 18 minutes

Glissement géographique, mais statisme de style. Après l’Indonésie, bonjour l’Argentine, pour d’autres horizons mondiaux mais les mêmes préoccupations de violence. Me voilà donc de retour à Buenos Aires pour y rencontrer un quintette éminemment sympathique (Foka – chant, Tomas – basse/chant, Demian – batterie, Guido et Damian – guitares/chœurs), se complaisant dans une violence outrancière qu’ils se plaisent à définir comme étant du Crust Punk Grind mutant. Je ne suis pas contre, car après tout je suis le premier à extrapoler pour baliser le terrain couvert par certaines formations.

Mais cette description est-elle pour autant proche de la vérité ? 

En quelque sorte, voire en certaines occasions complètement fiable. 

De Crust il est bien question ici, mais pas son versant sale popularisé par la scène anglaise. Non, voyez le plutôt comme son interprétation sud-américaine, avec cette folie euphorisante dont seuls les groupes locaux savent faire preuve.

 

Avec huit morceaux pour à peine plus du double en durée, les DESASTRE NATURAL jouent la prudence et la concision, et ne se perdent pas en bavardage inutiles qui pourraient les éloigner de leur mission. Quelle mission ?

Nous ouvrir les yeux sur la situation politique, sociale et humaine mondiale, via une pochette qui se veut claire dans son graphisme. L’homme étant le pire ennemi de l’homme, les cinq amis se proposent de nous présenter la réalité sans fard, au travers d’une musique crue, mais extrêmement puissante et disons-le, presque joyeuse dans la forme.  

Pour se faire, des rythmiques évidemment, parfois carrément en surchauffe de plans (« Zombie Tras La Puerta »), mais souvent stable et épileptique (« Pertenecer a Nada », « Desastre Natural »), mais aussi des guitares bien sûr, qui ne se contentent pas de nous refourguer des plans Crust usés jusqu'à la couenne, et qui savent se montrer furieusement Hardcore quand il le faut (« Inconciencia »). Le tout est accompagné d’une basse ronde, qui claque et gigote dans tous les coins (« Tramitando la Demencia »), et d’un chant qui vomit sa colère secondé par des chœurs gravissimes, offrant une juxtaposition de timbres symptomatiques de l’école Suédoise/Nordique.

 

La vitesse est reine, et le rythme ne décélère que très rarement, préférant rester concentré sur un tempo hyper rapide qui ne se gêne pas pour autant à multiplier les attaques de toms et autres roulements épidermiques. Le tout bien mélangé donne un LP à haute teneur en énergie, qui vous donne carrément envie de défoncer le premier crétin qui se présentera sur votre route, et qui synthétise tout ce que ces courants extrêmes ont de meilleur à proposer. Le chant en idiome natal offre un surplus de rage à des chansons qui n’en demandaient pas tant, et qui peuvent de fait rivaliser avec les meilleurs sorties du genre, comprenez celles des scènes scandinaves et américaines. 

On atteint parfois des pics d’intensité sidérants de maîtrise dans la violence (« Cruces Infernales », ballet ébouriffant de rythmiques qui semblent rebondir sur les parois du studio), et si en sus, je vous précise que les Argentins terminent par un hommage bien senti aux maîtres absolus du boucan made in Florida (« Miedo al Napalm », cover du terrassant « Fear Of Napalm » de TERORIZER, repris religieusement mais très honnêtement), vous comprendrez où se situent leurs obsessions…

 

Oui, à la rigueur, il serait presque possible par moments de voir en DESASTRE NATURAL des enfants de l’école Crust/Grind  des glorieuses eighties, qui auraient adapté leurs modèles aux exigences de notre époque. Plus rapides, plus concis, mais aussi plus précis, et d’ailleurs, le parallèle avec les TERRORIZER n’est pas si innocent et gratuit qu’il n’en a l’air…On retrouve cette même euphorie rythmique qui le confine parfois à une épiphanie de violence contrôlée mais débridée qui avait transformé il y a un paquet d’années de simples récréations comme Grind Finale ou World Downfall en pamphlets d’ultraviolence. 

Je ne peux pas encore affirmer si les Argentins laisseront la même trace dans l’histoire de l’underground que leurs illustres prédécesseurs, mais il est certain qu’ils sauront se faire une place de choix sur la scène Crust Sud-américaine s’ils continuent de jouer à ce rythme, et avec une telle implication. Avec Desastre Natural, les locaux renvoient dans les cordes tous les préjugés sur le pseudo amateurisme des formations d’Amérique du Sud et s’imposent sans en avoir l’air.  

Vous pouvez toujours vous mettre une flûte de pan dans le cul et essayer de jouer « El Condor Pasa » après un bon chili, vous n’irez jamais aussi vite et loin que ces tarés là. Mais ça, ce serait un vrai désastre naturel en soi…

 



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