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Metal and Oddities Reviews
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22 mai 2016

GRUESOME - Dimensions Of Horror

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Relapse - Death Old School - USA - 20 Mai 2016 - 6 titres – 19 minutes

Ô Death metalleux des années 80…Je te sens nostalgique, tu as la mine triste, le regard perdu au loin…Je te parle mais tu n’écoutes pas, tu balbuties toujours la même litanie…

Je le sens, tu regrettes…

Les productions made in Tampa te manquent, tu conchies la sophistication à laquelle ton style favori à cédé depuis la fin des années 90. Ces mixages qui frisent la perfection, ces compos alambiquées qui alignent bien trop de breaks, cette double grosse caisse triggée jusqu’à l’os…Tes patches flétrissent, ton dossard se fane, et ta veste en jean fait la gueule…Tu ne vois rien pour te sortir de cette apathie le confinant à la dépression.

Mais moi je t’aime, parce que je te ressemble un peu après tout. Alors voilà le conseil que je pourrais te donner.

 

Si tu perds ton appétit, si les écouteurs de ton casque ne vibrent plus des pulsions morbides d’antan, procure-toi immédiatement le dernier EP des Américains de GRUESOME, ça te fera le plus grand bien. Tu ne me crois pas ? Tu penses à un piège, une énième farce Techno-Néo-Death qui va une fois de plus te désappointer ? 

Non, fais-moi confiance, j’ai des arguments qui te prouveront que j’ai raison.

Dis-toi déjà que tu trouveras dans ce groupe des figures connues, que tu as vénérées. D’abord, Matt Harvey, guitariste et hurleur des EXHUMED. Ensuite, Robin Mazen, bassiste de DARKETA. Mais aussi Gus Rios, ex batteur de MALEVOLENT CREATION. Et pour compléter ce line-up déjà alléchant, Daniel Gonzales, guitariste de POSSESSED, et ex MASTER live. Tu te sens déjà mieux ? Tes hôtes semblent sympathiques ? Ils le sont, mais surtout, ils jouent ce que tu aimes le plus.

Un gros Death old school de tradition qui n’a pas subi le poids des années et qui carbure encore aux gros riffs de la mort.

 

Mon petit protégé entre de bonnes mains, je peux enfin m’adresser à toi, cher lecteur. Avec un artwork signé Repka, et des influences notables, Dimensions Of Horror se pose en juste extension du travail accompli sur le premier album des furieux Floridiens, Savage Land, paru l’année dernière. Les obsessions sont toujours les mêmes, jouer le Death à la mode 87/88, comme si une faille spatio-temporelle avait ramené les musiciens vingt ans en arrière.

Ce qui pour beaucoup s’apparenterait à du passéisme, se révèle en fait être un véritable amour du genre. Beaucoup de mes confrères ont utilisé l’analogie DEATH pour aborder le cas de GRUESOME, mais à chaque fois en se référant au séminal Scream Bloody Gore, ce qui est d’un ridicule achevé (même si le groupe visiblement cautionne…). Il n’y a aucun point commun entre le premier jet de Chuck et le bourbier de GRUESOME, mais on peut par contre en trouver avec les premières démos de MANTAS et Schuldiner.

 

Cela dit, les analogies les plus flagrantes sont comme la vérité, ailleurs. Le meilleur parallèle entre ce Dimensions Of Horror et les glorieuses eighties se trouve dans la corrélation entre l’œuvre de POSSESSED et d’AUTOPSY, et l’hommage rendu par la nouvelle génération, via ses plus crédibles représentants. Même passion pour les riffs sombres et sommaires, les rythmiques barbares, et même ce chant qui aurait rendu Jeff Becerra si fier de ses enfants illégitimes. Tout comme sur Savage Land, tout est fait pour recréer la magie des prémices du Death, en saluant le talent de visionnaires de Chris Reifert et Larry Lalonde, sans chercher à dénaturer leur approche par une technique moderne ou quelques fioritures de composition. 

Celle dont bénéficie ce nouvel EP est très crue, très accès sur les médiums, comme il y a trente ans, et met la dynamique à plat pour susciter le malaise originel. C’est très bien vu d’autant plus que la musique du quatuor s’en accommode parfaitement. On retrouve cette inclinaison pour les structures simples, pour les morceaux reposant sur un ou deux riffs porteurs et un break bien putride, pour les vocaux régurgités avec haine, et une rythmique modérée qui ne crache pas sur une petite accélération de temps à autres.

Pour ne pas jouer les avocats du diable, je concèderai quand même une jolie ressemblance entre le début de « Dimensions Of Horror» et « Evil Dead » de DEATH, et un léger parfum « Zombie Ritual » qui exhale du riff de « Seven Doors », qui lui sent le Fulci à plein nez. 

Quoiqu’il en soit, et faisant fi des querelles d’école, ce nouvel EP de GRUESOME est une nouvelle réussite, et conforte leur position de nouveaux leaders du revival Death barbare.

Vingt minutes de soufflet POSSESSED à la sauce AUTOPSY/DEATH, joué avec le cœur et aussi fidèle qu’un fan de « Hopital Central » après vingt ans de diffusion, c’est un bel hommage à une musique qui n’en finit plus de se putréfier tout en restant fertile.

 

Un comble pour un style musical dont la naissance représentait aussi la fin de tout.  

 

 

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