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Metal and Oddities Reviews
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22 mai 2016

BENCA! - Destruição da Humanidade

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Crust Grind - Brésil - 13 Mai 2016 - 11 titres – 11 minutes

La lusophonie est-elle inhérente au samedi ? Question sans importance, mais qui me vient à l’esprit alors que je me retrouve aujourd’hui en plein cœur de Vila Velha, Brésil. 

Pour y faire quoi ? Pas mon marché c’est certain, mais pour vous parler d’un quartette local qui ne se perd pas en digressions inutiles et autres complexités de surface. Le Brésil, on le sait, est une terre fertile en groupes extrêmes, qui dans les années 80 a exporté des valeurs sures de la scène Hardcore et Thrash, dont je ne répèterai pas les noms une fois de plus. Il semblerait qu’outre la samba, le Thrash, le Crust, le Powerviolence et le Grind se tapent la part du roi, et trouvent des échos dans les désirs des musiciens locaux. Un nouvel exemple vient s’ajouter à un catalogue bien fourni, un exemple qui s’appelle BENCA !, avec un gros point d’exclamation pour bien accentuer la colère.

 

BENÇA !, ce sont quatre potes (Ricardo "Perrela" – chant, Marcelo Garcia – guitare, Moreno – basse et  Fábio – batterie), qui sortent en ce pas si joli mois de mai leur premier forfait qui ne fait certes pas dans la dentelle, mais plutôt dans le béton, l’acier et tout ce qui peut passer à portée de leurs mains habiles mais puissantes. En résumé, les quatre Brésiliens jouent un genre de Crust overboosté par un Powerviolence très cru, lu même dynamité par des allusions Grind absolument touffues.

En onze minutes pour autant de morceaux, pas le temps de prendre la pelle pour les ramasser, mais ne croyez pas pour autant avoir affaire à une bande de barbares sachant à peine jouer. Les mecs connaissent leur affaire, et font preuve d’un joli savoir-faire, qui nous renvoie aux meilleurs exemples du genre, d’INFEST à TRAP THEM, en passant par THE KILL et tous les afficionados d’un boucan élaboré et bien dense.

 

Ce premier EP/LP a été enregistré entre avril et mai 2016 aux studios M-arte, et nous offre donc onze tranches de vie locale, qu’on pourra estimer d’une violence assez soutenue. La philosophie du groupe semble exposée sans fard sur la pochette de l’effort en question, et nous présente Obama, Benoit XVI et Vladimir, gentiment flanqués de tatouages frontaux pas forcément rassurants. Remise en cause du pouvoir, des institutions ?

En plein dans le mille Emile, et une fois de plus, l’underground Core n’a pas oublié sa conscience sociale au vestiaire.

La destruction de l’humanité pour les BENÇA! passe d’abord par une dénonciation via une destruction de la mélodie et de l’harmonie, et d’une assertion. L’héritage des DISCHARGE et autres NAPALM DEATH n’est pas prêt de manquer de légataires, et le Crust à encore de très beaux jours devant lui, à l’inverse d’une société qui s’enferme de plus en plus dans les inégalités et la violence. 

Celle de Destruição da Humanidade est simple et radicale. Onze saillies qui vont de la poignée de secondes (« Parasitas », « Conceitos Perdidos », « Excluidos » ou « Hospital Bomba »), à la minute et des poussières (« Guerra Santa », « Destino », « Cortando O Mal Pela Raiz »), voire jusqu’à la frontière des deux minutes, rarement effleurée toutefois (« Ja Basta ! »), et qui font le tri dans les riffs les plus tranchants et les plans rythmiques stables mais assez déments.

 

Du gros Crust à tendance Grind qui évidemment ne cache pas ses racines Hardcore, et qui tente de transposer une vision globale du monde au travers d’impulsions très nerveuses, amplifiées par un chant vraiment investi et véhément. Tout ça nous donne un résultat évidemment explosif, qui s’il ne transcende pas le genre, en applique les dogmes avec respect et passion. Quelques samples pour agiter le tout, quelques soli très discrets, de solides passages en mid tempo bien puissants (« Guerra Banhada A Sangue »), des insertions assez étranges de musique électronique qui bouffent la moitié d’un morceau (« Sem Chance »), et puis…Du Crust et du Grind. 

Le radicalisme d’Amérique du Sud dans toute sa rigueur et sa colère, doté d’un son sec comme un coup de trique, et au final, un premier EP qui impose sa marque au fer rouge et établit la colère comme seule réaction possible à un ordre mondial oppressant et inégalitaire. Et puis je ne sais pas, le chant en Portugais…ça me sied. 

De quoi finir une matinée ensoleillée du samedi du bon pied. Et d’en foutre un grand coup dans la fourmilière.

 

 

 

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