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Metal and Oddities Reviews
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29 mai 2016

NOMADS - Love It Or Leave It

NOMAD cover web

Melotov - Punk/Powerviolence - USA - 22 Avril 2016 - 11 titres – 21 minutes

Oui, L.A, le soleil, les dents blanches, le bronzage, la futilité et la superficialité, bla, bla, on connaît tout ça. Sauf que tous les Californiens de voient pas la même réalité. Certains parviennent à voir la véréalité sous une grosse couche de maquillage et d’autobronzant, et passent leur temps à dénoncer les mirages de la chaleur et des rues soi-disant agréables aux devantures chatoyantes. L’argent peut tout acheter, mais pas forcément l’honnêteté. Et sans ces foutues lunettes de soleil, une fois dans l’ombre, on regarde les murs se lézarder et la pauvreté avancer, comme un char qui piétine les rêves, même les plus modestes.

Si vous connaissez les NOMADS, vous savez déjà de quel côté ils se situent. Si vous ne les connaissez pas, un simple coup d’œil à l’artwork de leur dernier album vous suffira pour piger qu’ils ne bronzent pas sur des serviettes.

Et si vous ne réalisez pas ça, ne posez surtout pas vos délicates oreilles sur Love It Or Leave It. Vous souffririez le martyre d’une telle lucidité. Violente d’abord, mais lucidité avant tout.

 

Les NOMADS, c’est une histoire commencée en 2011, avec d’ex membres de PRODUCT OF WASTE ou MINORITY UNIT, et même le batteur de DESPISE et ACxDC. C’est une histoire qui continue aujourd’hui dans le bruit et la fureur avec cette nouvelle déflagration, qui ne fait aucun mystère de son message. Les NOMADS, se sont une horde qui descend les rues à fond la caisse sur des planches de fortune et qui ne ralentissent jamais. Qui propage son message en le hurlant à plein poumons. 

Et croyez-moi, il y a assez d’air dans ces poumons pour assourdir tout le monde. Des références Punk, Hardcore, Powerviolence, toutes sublimées et accentuées pour atteindre un niveau sonore hallucinant, comme si les DISCHARGE et NAILS étaient placés dans des tripods pour être fondus l’un dans l’autre, voyant leur puissance et leur violence décuplées. Le son NOMADS, c’est ça. Une grosse base Hardcore passée à l’amplificateur Crust/D-Beat, lacérée de dissonances et de riffs acides et graves. Plus concrètement, le plus scandinave des groupes US.

 

Love It Or Leave It, est une sorte de pinacle dans leur carrière. C’est leur album le plus fou, le plus concassant, le plus efficace. On y retrouve cette philosophie de vie captée sur bande par Taylor Young (NAILS) et Brad Boatright, une philosophie crue et sale, non édulcorée, qui trouve son expression dans une basse énorme qui fouette les chairs, des guitares abrasives qui ne font rien pour sonner clean, une rythmique qui bastonne comme si chaque coup était fatal, et un chant évidemment, à l’avenant, qui porte le tout à ébullition. La trame est connue, l’histoire aussi, ce qui n’empêche pas la bande de nous proposer sur ce dernier né deux petits cadeaux assez inhabituels. D’abord, le moins imprévisible des bonds, la reprise du « Commit Suicide » de G.G « shit lover » Allin, qui trouve ici non une seconde jeunesse, mais un surplus de colère et de nihilisme, mais surtout une incursion étonnante sur un terrain qui ne leur est pas forcément familier, celui du Goth Dark Rock des SISTERS OF MERCY, dont ils s’approprient le « Lucretia, My Reflection ».

La reprise est restituée avec respect, sans pour autant abandonner le son qui les caractérise, notamment cette basse roulante qui éclipse presque la batterie de sa force, tandis que le chant se gave d’écho. Un joli cadeau, emballé dans des couplets qui explosent d’une haine farouche. Bien vu les mecs. 

Le reste ? Il est à l’image de cette pochette fabuleuse et monochrome. Un mélange dangereux de tout ce qui fait que le « vrai » Hardcore reste l’approche la plus véhémente de l’underground. Des références qui se multiplient, les EXTREME NOISE TERROR, NAILS, TRAP THEM, pour un ballet d’ultraviolence pas du tout stylisée à la Kubrick, mais livrée telle quelle. De l’urgence palpable, qui s’incarne dans des morceaux courts et lapidaires, qui parfois s’emballent dans une sorte de danse hystérique à la frontière entre le Thrashcore et le Grind (« Fall Out »), ou qui au contraire prennent le temps de poser les mots sur la bande son horrifique (« Too Little, Too Late », un Powerviolence comme vous en entendrez rarement, un peu comme si les NAPALM DEATH reprenaient les WEEKEND NACHOS).

Mais surtout, un esprit de tribu, en rangs soudés, qui pioche dans des samples lorsque les mots sont vains, et qui n’hésite pas à accélérer le tempo pour que la claque soit encore plus efficace (« Gang Mentality », le genre d’avertissement qu’on n’aimerait pas recevoir au coin d’une vieille impasse de L.A). 

De simple épisode, les NOMADS avec Love It Or Leave It deviennent une part importante de l’histoire de la violence urbaine et musicale Californienne. Ils imposent sans se préoccuper de quoi que ce soit ce son si ample, mais la force de persuasion dont ils font preuve laisse pantois, et n’a que peu d’égal dans le répertoire Core moderne.

On frise la perfection dans l’overdose, puisque s’ils en font toujours des tonnes, ils n’en font jamais trop. On reste toujours à la limite du supportable, puisqu’en sus ils gardent des limites assez raisonnables. Vingt minutes, difficile d’aller plus loin sans tomber dans l’exagération, pour un tremblement de terre qui pourrait faire glisser dangereusement la faille de San Andréas. 

Mais si vous aimez votre Hardcore sans concession, sans politesse ni effet de manche, alors Love It Or Leave It est pour vous.

Et d’ailleurs, tout est dans le titre. Vous ne pouvez pas choisir.

Mais il serait dommage de partir sans écouter ce qu’ils ont à vous dire. Même si ça ne va pas forcément vous plaire.       

 

 

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