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Metal and Oddities Reviews
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29 mai 2016

ONIRICOUS - La Caverna De Fuego

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Equinox Discos - Death - Espagne - 28 Avril 2016 - 11 titres – 36 minutes

A force d’être dilué, génétiquement modifié, adapté aux exigences modernes, le Death s’est dénaturé. Triste constat s’il en est, mais réaliste. Heureusement, tels des irréductibles de la cause enfermés dans un village gaulois, certains se battent encore pour elle, celle d’une pureté de ton et d’intention, et ne semblent toujours pas accepter que leur musique chérie soit malmenée par des musiciens avides de modernité et de complaisance. 

Où peut-on les trouver ? 

Un peu partout dans le monde, mais dans ce cas très particulier, en Espagne, du côté de Las Pedroñeras, depuis disons…2011.

 

Mais ces pourfendeurs de mort bon marché existaient bien avant, battant la lande sous le pavillon GHÜL, et ce depuis la moitié des années 2000. Depuis cette époque, pas grand-chose n’a changé, et surtout pas leur approche d’un Metal radical et putride, directement influencé par les racines du genre…D’ailleurs, si vous cherchez des références auxquelles vous raccrocher, il faudra citer quelques noms fameux. 

MASSACRE, DEATH, POSSESSED, PESTILENCE…

 

Tout ceci vous parle, j’en suis persuadé. Mais pour être convaincu de cette affiliation et dissiper les derniers doutes, il vous suffira d’écouter le second album de ce quatuor de barbares sans loi mais avec foi, La Caverna De Fuego, qui fait suite à un premier effort acclamé et paru il y a trois ans, Ritos Diabolicos. La Caverne de Feu, les Rites Diaboliques, tout ça ne fait aucun doute, les Ibères sont clairement sous la coupe de H.P Lovecraft, et ne s’en cachent pas. Alors, en juxtaposant un amour inconditionnel pour le Death primaire tel qu’on le pratiquait il y a plus de vingt ans et des obsessions maléfiques et occultes, les ONIRICOUS, loin de se perdre dans les dédales d’un rêve en Technicolor, erreraient plus volontiers dans les profondeurs de la terre à la recherche de réponses. Qu’est ce qui fait tourner les blondes au point de leur arracher la tête ?

 

Simple. Des rythmiques basiques et rapides, des riffs primaires et primaux, et un chant caverneux au possible. Si les références sont légion, comme les démons, une se taille la part du cornu, celle de MASSACRE, dont l’ombre du séminal From Beyond flotte au-dessus des onze morceaux de ce second album. Même propension à garder une ligne de conduite du début à la fin, même amour des ambiances délétères et glauques, et même concision dans l’horreur des développements. Pour autant, les ONIRICOUS sont tout sauf une réunion de vieux nostalgiques chiants qui n’arrivent toujours pas à se remettre de l’évolution d’un style qu’on présentait moribond dès sa découverte. Les mecs jouent, et plutôt très bien même, et s’arrangent toujours pour trouver l’idée fatale qui fera décoller des morceaux à l’attaque létale. 

Une rythmique un peu plus rapide que la moyenne, un intermède mélodique, et surtout, une propension à ne pas s’appesantir et jouer les prolongations lorsque la chanson décide de rester sous la barre des trois minutes. Pas question pour eux d’aller flirter avec les beautés locales Scandinaves, leur Death est clairement estampillé US, et ils assument leur position.

Enregistré aux Moontower Studios de Barcelone par Javi Felez et mixé par Patrick Engel en Allemagne, La Caverna De Fuego adapte ses contours à son titre, et fait montre d’une puissance de feu étouffante, qui pourtant ne brûle jamais les chairs à vif trop rapidement. Le quatuor prend son temps sans le perdre, et fricote de plus ou moins près avec la brutalité outrancière d’un MORBID ANGEL qui reprendrait à son compte les recettes sanglantes de POSSESSED (“Moribundo”), tout en retenant bien évidemment l’essentiel de l’enseignement de MASSACRE (« La Ultima Puerta »).

 

Au menu donc, des plats déjà servis en 1987 par l’initiateur Schuldiner sur Scream Bloody Gore, retravaillé par la cuisine espagnole, pas trop grasse, mais terriblement riche. Les riffs se perdent toujours en volutes circulaires mélodiques, mais l’époque ayant changé, les Ibères sont conscients qu’un simple plagiat ne saurait rasséréner les fans potentiels.

Alors on ajoute à la base des accélérations foudroyantes rappelant les crises de colère d’ENTOMBED première période (avec qui ils partagent une fascination pour Lovecraft d’ailleurs), on concasse avec des parties en double soulignées d’arpèges de guitares amers (« Tras el Cristal »), on évoque les créatures fantasmagoriques en pratiquant le staccato à outrance (« Dagon »), et surtout, on croit dur comme fer à ce qu’on fait, conférant de fait une puissance incroyable à un album qui tenait déjà debout par lui-même. 

Je vous vois venir, tout ça, vous allez me dire, on connaît par cœur. C’est un fait, mais dans une ère de sophistication à outrance, il est toujours plaisant de voir que certains musiciens n’ont pas la mémoire courte et savent se souvenir des racines d’un style qui finalement, dans son essence la plus pure, et resté l’un des plus efficaces et sauvages de l’extrême.

Les Espagnols n’ont rien inventé, mais sont fidèles à une démarche, que beaucoup semblent oublier. Mais à l’instar du revival Thrash qui prend des proportions toujours plus dantesques d’année en année, le revival « True Death » semble trouver de plus en plus d’adeptes, nous ramenant à l’époque fétide de la fin des 80’s, lorsque tout restait encore à décomposer. 

Si cette mouvance devient une lame de fond, gageons que les ONIRICOUS feront partie des instigateurs des grandes profondeurs, eux qui les explorent avec brio et sincérité.

 

 

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