Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
4 juin 2016

PARADOX - Pangea

ParadoxPangea

AFM Records - Thrash - Allemagne - 3 Juin 2016 - 10 titres – 59 minutes

Comme le disait très justement Bernie, dans la vie, tu marches ou tu crèves. En musique, l’adage vaut aussi, et le nombre de groupes étant restés sur le carreau après que leur élan fut brisé est sans aucun doute beaucoup plus important que ceux ayant gravi les hautes marches du succès. Et ce constat, applicable à la musique grand public, est aussi valable pour des créneaux plus spécialisés, dont le Thrash fait évidemment partie.

Thrasheur, dans les 80’s, tu étais Bay Area, ou Ruhr, parfois les deux, souvent même. Les deux écoles partageaient des vues communes, mais là où la première se singularisait par une technique et une finesse indéniable, la seconde se matérialisait autour de riffs massifs et de rythmiques compactes. L’affrontement était inévitable et permanent, mais si les deux pays (USA et Allemagne) bataillaient ferme dans les mid eighties, la fin de la décennie à clairement désigné son vainqueur, faute d’opposant viable. Oui, le Thrash germain a connu un sale quart d’heure au tournant des décennies, et nombre de ses représentants ont baissé pavillon, faute de succès et de moyens.

 

Long préambule je vous l’accorde, mais qui représente l’introduction parfaite à l’album et au groupe dont je m’apprête à vous parler. Les esthètes de la violence nuancée qui n’ont pas la mémoire courte n’ont pas pu oublier deux albums parus il y a quelques années (euphémisme, quand tu nous tiens…), et qui savaient combiner à merveille la précision typiquement Américaine et la puissance brute Germaine. Le premier s’intitulait Product Of Imagination, et ne lui laissait d’ailleurs que peu de place, et le second Heresy. 

Le groupe responsable de ces deux presque classiques ?

 

PARADOX.

 

Un second couteau pour beaucoup, une référence pour une poignée d’autres. Mais aujourd’hui, le passé étant ce qu’il est, le quatuor Allemand revient donc quatre ans après le massif Tales Of The Weird pour fêter son trentième anniversaire (1986-2016, si, tu sais compter Thrasheur, ne pousse pas), si possible avec grandeur et sans décadence. Las, cet anniversaire, aussi tonitruant et éclatant soit-il, n’est pas ce qu’il aurait dû être. A la base, le line-up responsable du séminal Product Of Imagination aurait dû se réunir et travailler sur une suite à Heresy, très simplement baptisée Heresy II, mais des complications ont empêché la finalisation de ce projet. Mais une telle célébration n’aurait pas le même goût sans un clin d’œil appuyé, alors nous retrouvons quand même les anciens dans les chœurs du morceau éponyme, ce qui n’est déjà pas si mal…

PARADOX est dans les faits un quatuor. Mais en regardant au-delà des apparences, il est évident qu’il est avant tout le vecteur d’expression de son leader, Charly Steinhauer, guitariste/chanteur seul rescapé de la formation d’origine, qui mène aujourd’hui sa barque entouré de jeunes loups ou de requins confirmés. Et à la rigueur, peu importe le casting, puisque la musique de PARADOX reste fidèle aux valeurs qu’elle prônait dans les années 80, et n’a jamais changé son approche d’un iota. De la puissance, de la vitesse, de la mélodie, des soli incendiaires, des vocaux convaincants, et un pont dressé entre le Thrash made in USA et la sidérurgie Allemande.

Solide, mais ouvragé. Compact, mais aéré. Violent, mais pas méchant. Recette difficile à maintenir en équilibre, mais qui trouve une sorte d’apogée sur ce Pangea.

 

Il aura fallu un an et demi à Charly pour venir à bout de ce chantier, devant affronter des problèmes de santé et des déconvenues, mais il aura une fois de plus atteint son but, non sans mal. Il se permet même au passage de signer l’album le plus long de sa discographie, avec une heure au compteur, ce qui est assez ambitieux au vu du style pratiqué qui ne supporte ni les errances, ni les approximations. Mais pas d’inquiétude à avoir, l’heure est longue mais bien remplie, même si quelques idées semblent se contenter d’une tiédeur mélodique assez malvenue. De toute façon, qu’attendre d’un album de PARADOX mis à part…un album de PARADOX ? La recette n’a pratiquement pas changé depuis les débuts du groupe, encore moins depuis sa reformation, et d’autant moins depuis le dernier opus des Allemands.

Un Thrash incisif, aux soli pertinents, aux vocaux convaincants, et à la rythmique redoutablement percutante.

 

Non, Charly n’a pas l’aura ou le génie d’un Mustaine, mais il n’en a pas non plus la complaisance. Ce qui lui permet d’éviter l’écueil de l’auto satisfaction, et le pousse à travailler ses compositions.

Ses albums ne révèlent jamais de trésor caché, mais ne donnent pas non plus envie de se demander ce qu’on a bien pu lui trouver un jour. C’est un travailleur honnête, conscient de son potentiel et de ses moyens, et s’il s’avère être un chanteur modeste, il n’en reste pas moins un brillant guitariste et un compositeur solide. Solide, c’est le terme qui colle aux sillons de ce Pangea, qui une fois de plus, déroule et force l’admiration. On y trouve tous les éléments qui sont la marque de fabrique du groupe, et surtout, cette capacité à allier harmonie et vélocité, sans pour autant cracher sur de fameux passages en mid tempo, plus efficaces qu’originaux. Mais certains morceaux se détachent clairement du lot, comme ce magnifique et épique « Manhunt », que TESTAMENT aurait pu enfanter, et qui nous réjouit de son intro veloutée, avant de nous fracasser de son Heavy Thrash qui adopte peu ou prou la recette mise au point par les ARMORED SAINT des jeunes années. Du travail soigné, qui ne se perd jamais dans le dédale des minutes bêtement gaspillées. 

Evidemment, l’intro tonitruante « Apophis » s’impose comme entrée en matière impitoyable, avec son entame grandiloquente, qui met de suite les choses au point.

La suite ? Une tuerie dans les règles, qui nous remémore l’attaque limpide de morceaux comme « Paradox », avec toutefois une emphase plus prononcée sur la mélodie. Le titre éponyme est aussi un excellent moment, qui prend son temps pour se mettre en place. Mais une fois l’unisson prête, l’explosion prend des airs de feu d’artifices qui convient très bien à l’ambiance festive & Thrash de cet anniversaire. On retrouve donc avec joie les musiciens d’origine en arrière-plan, qui se délectent de cette réunion en hommage à leur passé. Une fois encore, la rythmique pilonne (le nouveau duo basse/batterie constitué de Kostas Milonas et Tilen Hudrap décape, c’est le cas de le dire), tandis que la guitare du maître se veut volubile, mais tranchante.  

Pengea n’est certes pas un chef d’œuvre, mais PARADOX n’a jamais prétendu avoir la perfection comme objectif. C’est un album de Thrash qui s’impose par ses propres qualités, qui oppose une basse féroce à une guitare qui rosse, et qui propose une vision de l’extrême en vogue dans les années 80, adaptée aux exigences de notre époque.

Du beau travail Charly, tu peux être fier de toi. Et il n’y a aucun paradoxe dans cette conclusion. Beaucoup de sincérité surtout. Comme ta musique.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité