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Metal and Oddities Reviews
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4 juin 2016

NERVOSA - Agony

nervosa-agony

Napalm Records - Thrash - Brésil - 3 Juin 2016 - 12 titres – 46 minutes

Elles sont trois, très jolies, et vivent des aventures mouvementées qui leur évite l’ennui. Sauf qu’elles ne paradent pas en maillot de bain, qu’elles n’adorent pas Charlie, et qu’elles ne s’improvisent pas détective privé sexy à la gomme, mais thrashent et dégomment. 

Leur nom ?

 

Les NERVOSA, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles n’ont pas choisi leur nom au hasard. Trio originaire de Sao Paulo, au Brésil, les NERVOSA enchaînent déjà sur leur second album, après un Victim Of Yourself qui avait piqué au vif l’oreille des Thrasheurs du monde entier qui avaient reconnu en leur musique une sauvagerie bestiale, et un Thrash fatal. Les filles n’ont pas changé leur rythmique d’épaule, et reviennent donc en 2016 sous la bannière Napalm Records agiter nos tignasses de leurs riffs fumants et lignes vocales de déments. Et il faut admettre que dans le créneau pourtant déjà bien chargé de l’agression vintage, elles ont largement leur place et que leur réputation n’est pas usurpée. 

Mais qui se cache donc derrière cette nervosité assumée ? Fernanda Lima (cris et basse), Prika Amaral (guitare et chœurs de bête) et Pitchu Ferraz (fûts), qui se connaissent depuis un bon moment, et tournent rond en formule trio sans avoir besoin d’une adjonction quelconque. La machine allait bon train il y a deux ans, qu’en est-il maintenant ?

La vitesse est la même, l’intensité aussi, et ces douze titres viennent nous rassurer quant à l’héritage Brésilien en terme de violence instrumentale. Certes, les filles ne viennent pas de Belo Horizonte, mais elles n’en ont cure, puisque leurs influences ne sortent pas de la production locale des SEPULTURA, mais bien des exportations Allemandes des années 80.

Il n’est donc pas étonnant de retrouver derrière la console un habitué des aciéries germaniques du passé, puisque c’est Andy Classen lui-même qui se charge de la production et du mixage, et il n’a certainement pas oublié comment le processus fonctionne.

 

Classen donc, frère, la coïncidence est plus que troublante. En admettant que le Thrash des Brésiliennes rappelle quand même étrangement celui d’Andy & Sabina, et que la voix de Fernanda retrouve les intonations de cette dernière en plus d’une occasion, je ne peux croire au hasard…Et de hasard, il n’y a certainement pas. Pas plus que d’approximations, même si Agony est plus proche des derniers efforts de HOLY MOSES, puisqu’il faut bien les nommer, sans toutefois occulter l’approche légèrement techno Thrash d’un album comme The New Machine Of Lichtenstein. Du Thrash directement influencé par les glorieuses eighties, remis au goût du jour pour ne pas sonner trop daté, mais ne soyez pas dupes. Tout, de la rythmique baston mais de raison, aux riffs d’oraison, en passant par des lignes vocales béton, tout le Thrash d’il y a trente ans est là, sous sa patine la plus germanique, avec quelques accès de fureur incontrôlables qui dévient parfois sur les blasts d’un Black light (« Failed System »). 

Vous souhaitez un aperçu qui vous condense le tout sans vous laisser déçu mais bien repu ? Alors jetez un coup d’œil et d’oreille à la vidéo tournée pour illustrer le morceau « Hostages », puisque la tactique de sauvetage des Brésiliennes y est exposée sans détour. Une cadence allegro ma non troppo, quelques breaks de derrière les fagots, et des passages écrasants en down tempo. Une guitare qui scie tout ce qui bouge, un duo basse/batterie pas constamment dans le rouge, et un chant qui a de l’allant et éructe avec grogne et talent. Voici donc la méthode des NERVOSA, et elle est appliquée à tout va, sur l’intégralité du méfait.

On peut certes se sentir un peu étouffé par les ressemblances entre les morceaux, mais il faut reconnaître le coup du chapeau et les buts alignés avec brio. Les trois musiciennes jouent en rangs serrés, font preuve d’une technique avérée, mais n’en rajoutent pas là ou un ou deux plans suffisent à caler.

 

On peut aussi déplorer un son de batterie un peu systématique et manquant d’ampleur sur les graves, mais le créneau étant occupé par le chant et la basse, aucun vide ne se fait sentir. Certes, c’est parfois un peu léger dans les désirs les plus « romantiques » (le passage d’intro mélodique de « Surrounded By Serpents » siffle un peu à côté de la gamme), mais lorsque les filles punkifient leur Thrash à la manière d’un WARFARE ou d’un BULLDOZER, ça chauffe et pas qu’à moitié (« Cyber War », qui montre les dents et rappelle même le « Ausgebombt » de SODOM).

 

Les morceaux sont bien évidemment concis, et évitent le trop plein roboratif, même si quelques interventions sont plus développées que de raison (« Hypocrisy », moins teigneux que WITCHES, mais plus hargneux que les MOSES), sans parler d’un final plus ou moins épique qui change complètement de ton et instaure une ambiance étrange de saison. « Wayfarer » est en effet la grosse cerise sur le gros gâteau, avec son entame progressive et presque Stoner, qui se permet quelques riffs bien SAB’ et bluesy, un peu dans une optique PANTERA de là-bas. Mais les NERVOSA reviennent vite dans le giron Thrash avec force roulements de double grosse caisse, nous rassurant quant à leurs intentions. Avant de terminer leur périple d’une bien étrange façon, laissant Fernanda nous donner un aperçu de son talent vocal sans aucune animosité, dans un registre Gospel/Soul de toute beauté…Et a cappella s’il vous plaît… 

Etrange point final à un album plutôt franc du collier…Mais belle surprise que le trio nous a concoctée !

 

En dehors de ces quelques étonnements, le reste du LP va toujours de l’avant. Et de l’amorçage nucléaire de « Arrogance » qui met les clous sur le bracelet de Kerry K. lui-même, à « Guerra Santa » qui frise presque les dangereuses cimes du Thrashcore et flirte avec le boucan épileptique des premiers SEPULTURA, l’exercice se place sous l’égide des influences habituelles, EXUMER, SLAYER, KREATOR, tout en se collant aux amplis des HOLY MOSES. Rien de particulier à signaler sous le soleil de l’hiver nucléaire, mais les NERVOSA font preuve d’une énergie de tous les diables, et impriment leur emprunte avec conviction.   

Un peu plus de quarante-cinq minutes en bonne compagnie. Celles de musiciennes qui connaissent leurs classiques, et qui pourraient à l’avenir se tailler une jolie place dans l’univers si masculin du Thrash fatal. Mais un conseil. Oubliez leur minois et n’oubliez pas qu’elles envoient du bois.

Et sur un malentendu, il pourrait vous tomber sur le coin de la gueule.  

 

 

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