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Metal and Oddities Reviews
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10 juin 2016

RECESSIONS - Keep Reaching For Nothing

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Sacred Plague Records - Crust - USA - 30 Mai 2016 - 13 titres – 15 minutes

Récession. Un terme d’actualité que les gouvernements se plaisent à démentir, évoquant une croissance fantôme basée sur des calculs fallacieux. France, Grèce, Espagne, les pays d’Europe ne sont pas épargnés, mais les USA semblent quant à eux protégés. Enfin, certains états, puisque visiblement l’Oregon n’échappe pas à la restriction et au serrage de ceinture. On trouve des dizaines de combos qui agitent Portland. Des combos la plupart du temps Hardcore, Grind, Crust ou Powerviolence.

La tonalité locale est généralement assez grave, mais les festivals se multiplient, et on découvre chaque jour de nouveaux groupes prêts à reprendre le flambeau. Tiens d’ailleurs, ce matin, je suis encore tombé sur un exemple assez probant et symptomatique.

 

Les RECESSIONS ont une philosophie assez résignée, qui s’accorde assez bien de la gravité plombée de leurs morceaux. D’ailleurs, on n’intitule pas un second effort Keep Reaching For Nothing sans arrière-pensée…Donc, si j’en crois leurs lyrics, ils essaient, tentent comme ils peuvent mais en vain. Mais qu’essaient-ils au juste ? D’aller mieux dans un monde qui va mal ? Mener leur petite révolution dans leur coin ?

Il faudrait leur poser la question…

Pas d’infos viables à vous communiquer sur eux, puisque je n’ai trouvé trace de leur parcours que sur le Bandcamp de leur label, qui se contente de quelques infos techniques sur cette dernière réalisation. Je suis tombé sur un Bandcamp qui semble être perso (le logo étant le même), mais qui n’offre en écoute qu’un EP éponyme. Pas de trace donc de ce nouvel effort alors encore une fois, raisonnons à l’aveugle.

 

Blind date, ça commence à être une sale habitude dans l’underground, mais cette musique est suffisamment explicite pour qu’on ne s’emmerde pas d’une bio, qui de toute façon, ne nous dira pas grand-chose. Mais musicalement, les choses sont un peu plus claires. Les RECESSIONS jouent un gros Crust à l’Américaine, truffé de riffs saignants, de rythmiques pleines d’allant, et d’un chant véhément. Vous me direz, et à juste titre, « comme tous les groupes de Crust ». Et vous aurez en partie raison. Sauf que les RECESSIONS abordent le Crust comme on rentre dans les ordres, et qu’ils en adoptent tous les codes sans faire aucune concession. 

Ce second EP reprend les choses là où les DISCHARGE n’ont pas encore arrêté les leurs, et ajoutent au savoir-faire Anglais une rigueur violente tout à fait US, ce qui rend leurs morceaux imparables, quoi que tous plus ou moins semblables. Le tout est enlevé d’une belle énergie qui se ne dément jamais, n’offre que peu de surprises, mais s’écoute avec plaisir dans un genre Crust un peu sourd et désabusé.

 

Son assez étouffé, mais bel équilibre dans l’instrumental,  chanteur dont les inflexions me rappellent la période la plus chaotique des CEREBRAL FIX (donc encore très Anglais tout ça), pour une douzaine de morceaux qui ne dépassent jamais la minute et quelques. On reste en une occasion au niveau des trente secondes (« Colors », pas forcément plus violent que le reste, mais chaotique), on note que les morceaux n’ont droit qu’à un seul mot en guise de titre (genre le Pearl Jam de Ten), mais ces mêmes titres ne laissent planer aucun doute sur la lucidité des bonhommes (« Cicatrices », « Jobs », « Renvois », « Nécrologies », « Fossiles », « Echelles »). Rapide mais pas furieux pour autant, bruyant mais pas assourdissant, chaotique mais maitrisé, c’est un EP d’une ambiance étrange, qui fonce dans le tas, mais sans trop faire de dégâts. 

Pas de quoi chambouler le grand échiquier du Crust, inamovible depuis longtemps, mais un subtil dosage de Dark Core et de Fast Core, pour un résultat qui passe habilement la rampe.

De quoi meubler une soirée en attendant la prochaine grosse sortie, mais aussi de quoi être fier de faire partie de la scène de Portland, Oregon. 

Du Dark Crust qui ne se savoure pas vraiment, mais qui s’écoute sans déplaisir.

 

 

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