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Metal and Oddities Reviews
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10 juin 2016

LETLIVE - If I'm the Devil...

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Epitaph Records - Post Hardcore - USA - 10 Juin 2016 - 11 titres – 45 minutes

Post Hardcore, Metalcore, le frontière devient de plus en plus floue…A tel point qu’il est maintenant presque impossible de dissocier les deux. Accordons quand même une certaine liberté créative aux premiers, et une efficacité redoutable aux seconds. Mais en fait, le débat n’est pas vraiment d’importance. Sauf pour ceux qui, comme moi, détestent cordialement le Metalcore. Jusqu’au plus profond de leurs os.

Quel intérêt, dès lors me direz-vous, de chroniquer le quatrième album d’un groupe qui se situe justement à la lisière de ces deux genres ? Question légitime, à laquelle je n’ai qu’une seule réponse. Je n’en sais rien.

Ce que je sais, c’est que la réputation des LETLIVE. n’est plus à faire depuis longtemps, et que la chronique d’un scribouillard de mon envergure n’y changera pas grand-chose.

 

Et puis, au bout du compte, tout ça n’a pas non plus d’importance, puisque j’ai apprécié cet album. Les LETLIVE selon moi ont toujours eu quelque chose de plus qu’un simple combo de Post/Metalcore lambda. Et comme en plus, ils ont signé sur Epitaph depuis l’album précédent, un label pour lequel j’éprouve un immense respect, l’affaire est donc réglée. LETLIVE, qu’est-ce que c’est au juste. Génériquement, c’est une liberté de ton. Une sauvagerie live. Et puis aussi, disons-le, une dénonciation de tous les travers de la société actuelle. Cette prise de position je le concède n’a jamais garanti la probité d’une musique, mais dans le cas des Californiens, le problème ne se pose pas. La leur est créative, agressive, multiple, et efficace, tout en gardant une grosse part d’ouverture et d’originalité.

Et If I'm the Devil... ne fait pas exception à la règle.

 

Alors les mecs, vous vous demandez vraiment ce qui se passerait si vous étiez le diable ? Il me semble qu’il ferait encore plus chaud en enfer, mais que la démocratie aurait une place plus grande. Et même si Jason est le seul membre survivant de la formation d’origine, même si depuis le célébré The Blackest Beautiful le batteur Loniel Robinson a rejoint la troupe à temps complet, on sent une homogénéité dans l’œuvre. Un fil conducteur, une rage qui perdure, mais qui s’exprime au travers d’un médium bien plus complexe qu’il n’y paraît. D’ailleurs, votre maison de disques ne tarit pas d’éloges à votre propos. Mais c’est le propre des employeurs paraît-il, au moins jusqu’à ce que les choses dégénèrent.

Mais qu’à cela ne tienne, je les approuve. Sans savoir encore si ce quatrième LP est supérieur au troisième, je peux au moins affirmer qu’il ne déçoit pas. Non, il rassure même. Sans vraiment surprendre. Mais c’est accessoire. 

« Nous voulions tous garder ce son que nous avons mis des années à créer pour bâtir un ensemble dynamique et moderne ».

 

Cette déclaration de Jeff Sahyoun, assez vague, décrit pourtant fidèlement le processus d’enregistrement de l’album. Produit par Justyn Pilbrow aux Kingsize Studiolabs de Los Angeles, If I’m The Devil est sans conteste une cathédrale sonore érigée à la gloire du Post Hardcore/Metalcore contemporain en vogue aux USA, tout aussi bien qu’un temple à l’intérieur duquel les fans viendront prier par milliers. Le son est gigantesque, mais d’une clarté incroyable, les carillons de guitare sonnent comme du cristal, alors même que la rythmique ne subit pas l’emphase traditionnelle qui consiste à prendre les fréquences de la basse et de la grosse caisse pour les échos interminables d’une caverne. Equilibre donc, mais aussi au niveau des compos. Les Californiens sont réputés pour être versatiles, et ces onze nouveaux morceaux le prouvent sans ambages.

On passe sans transition de la longue variation presque Trip-Hop Metal « Who You Are Not », au refrain tallé pour les charts digitaux, à la ballade Pop-Punk absolument délicieuse qu’est « A Weak Ago », faussement simpliste, mais réellement accrocheuse. Sur ce genre d’interventions, la voix de Butler est toujours aussi magique, caressante dans les approches Pop, subtilement écorchée dans les refrains Core. 

« Ça va paraître lénifiant, mais je pense que la vie propose constamment de nouvelles idées. Ces choses dont tu peux t’inspirer, admirer, détester ou débattre, il y en a partout, tout autour de toi. Alors il me fallait juste prendre un moment pour comprendre celles qui m’importaient le plus dans le cadre de ce nouvel album ».

 

C’est Jason, dans ses propres termes, adressés à Upset. Alors, effectivement, les thèmes évoluent, le son aussi, et finalement, LETLIVE se pose en juste observateur interne/externe de son propre monde, et du notre. S’ils ont ardemment souhaité oublier la parenthèse The Blackest Beautiful, ils s’y réfèrent pourtant, en tant qu’épisode phare de leur carrière, en tant que morceau d’identité. Les points communs sont nombreux, mais le quatuor est quand même parvenu à proposer du neuf. Du neuf par petites touches s’entend. Alors la cohésion est inévitable, tout comme la qualité est au rendez-vous.

Les morceaux de bravoure ne manquent pas, du puissant et mélodique « Reluctantly Dead », au titre éponyme, progressif, lourd et inquiétant.

Ce dernier, basé sur une montée dramatique, propose une introduction ouvragée, de quelques notes de guitare et de chœurs discrets, dominés de la voix éraillée de Jason, qui soudain feule pour se montrer plus fragile. Puis la rythmique légèrement synthétique rentre en lice, et le groupe explose sans retenue lors d’un refrain emphatique qui vous plaque au sol. Du cousu main, du LETLIVE dans le texte. 

Difficile de retenir une chanson plutôt qu’une autre, puisque toutes sont de qualité, chacune dans leur style. J’ai pour ma part été fasciné par le bondissant « Nb Romantics », véritable pile électrique aussi Pop-Punk qu’Electro-hop-Metal, sans doute à cause de cette basse grondante et de cette guitare ludique, sans oublier bien sûr ces chœurs en cache-cache, diablement mutins. « Elephant », dans son genre n’est pas mal non plus. Moins de trois minutes de Pop Metal à l’accroche Punky, pour un résultat léger et jouissif. Mais tout ça, aussi rafraîchissant soit-il, ne sont qu’intermèdes plaisants comparés aux titres les plus solides. 

Vous voyez ? Il est possible, pour quelqu’un d’aussi réfractaire que moi, d’apprécier un groupe évoluant dans des horizons différents des siens. Tout simplement parce que les LETLIVE n’ont cure des étiquettes, et se contentent de jouer une musique, certes emprunte de tics connus, mais affranchie des figures imposées les plus irritantes.

The Blackest Beautiful était une parfaite réussite, une pierre angulaire, et il est possible que If I'm the Devil... en soit une aussi.

Mais avant tout, c’est un putain d’album, et peu importe qu’il soit affilié au Post Hardcore ou au Metalcore. Il est avant tout une pièce musicale qui porte un regard sans complaisance sur notre monde, mais aussi une tranche de vie. Celle d’un groupe qui fait ce qu’il veut en rendant des millions de gens heureux.  

 

 

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