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Metal and Oddities Reviews
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10 juin 2016

PROJEKT F - The Butterfly Effect

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Industrial Metal - Canada - 4 Mars 2016 - 7 titres – 25 minutes

Chronique #2000. Oui, ça me donne le tournis. Mais ce n’est qu’un nombre après tout. Alors j’avais le choix. Me taper une grosse sortie pour marquer le coup. Ou traiter d’un album important qui a marqué mon adolescence. Ou faire ce que j’ai fait, et rester fidèle à une éthique. Rester dans l’underground, parce que finalement, c’est l’univers qui me fascine le plus, et qui se montre le plus fidèle et reconnaissant. Les autres n’en ont rien à foutre et moi non plus.

Alors voilà. Sans tambour ni trompette, mais avec un sentiment de travail accompli.

Direction Montréal, Québec, pour vous parler du dernier EP digital de PROJEKT F, entité Indus/Electro/Metal fondée en 2006 par John M. Miller.

Depuis, l’homme seul a été rejoint par Simon Sayz (guitare), William Hicks (basse) et Fred Linx (batterie), et remué la scène Québécoise de ses pulsations dansantes et agressives, avec deux EP et un longue durée, Skins en 2013.

 

Le but premier de ce quatuor ? Réanimer l’esprit de la scène Metal Indus des 90’s, avec en étendard des influences comme MANSON évidemment, Rob ZOMBIE, MINISTRY, et toute la clique. On pourrait aussi parler de références comme COMBICHRIST, RAMMSTEIN, et tous ceux qui un jour ont combiné la puissance des guitares distordues à l’écho des beats Industriels et EBM. Et si le style a déjà dit plus ou moins tout ce qu’il avait à dire, il reste encore des conteurs qui savent écrire des histoires qu’on prend plaisir à écouter, et ce nouvel EP des PROJEKT F en est assurément une. Rien de nouveau sous le soleil noir pourtant, mais une belle énergie, des rythmes groovy ou martiaux, des riffs plombés et saccadés, et un talent certain pour tisser des ambiances un peu moites. Et n’est-ce pas le minimum qu’on puisse demander à des groupes de cet acabit ? 

The Butterfly Effect. Je ne vais pas vous rappeler ici cette sempiternelle théorie sur le battement d’ailes du papillon, vous la connaissez aussi bien que moi, sinon, allez voir le film et lisez les livres. Mais après avoir écouté l’EP s’il vous plaît, histoire que je ne parle pas dans le vide. Si l’on considère ces morceaux comme ces fameux battements, quelles sont les répercussions possibles ? Un tremblement de terre au Sri Lanka ? Un Tsunami au Japon ? Ou tout simplement une horde de fans trépignant de plaisir dans les sous-sols des clubs Nord-Américains ?

Plutôt la troisième option, puisque ces sept morceaux ne font pas tant de bruit que ça et n’ont qu’une importance toute relative. Relative certes, mais manifeste. Puisqu’après tout, cette musique, aussi peu originale soit-elle, est diablement efficace. Si le but avoué de PROJECKT F était de revisiter à sa sauce les tendances similaires des nineties, la mission est menée à bien, avec brio. On retrouve en effet des parfums connus, des tempi reconnus, et des arrangements bien foutus.

Et surtout, la ligne de conduite adoptée sur Skins, l’album précédent, dont The Butterfly Effect n’est qu’une extension, un prolongement.

 

L’ensemble sonne lourd, compact, et n’a que peu de rapport avec la sensualité délicieusement surannée de l’Electro Body Music. Pas question ici de flirter avec la douceur vénéneuse des SKINNY PUPPY, mais plutôt de s’irriter la peau sur l’abrasivité des guitares du Metal Indus. Aussi coulant et nerveux soit-il, cet EP est plutôt du genre efficace, et ne cherche pas la petite bête dans les recoins d’un club interlope. Sept morceaux seulement, dont une intro et un final plutôt Ambient et mélancolique, ce qui nous laisse avec cinq « vraies » chansons, toutes répondant à une logique de composition homogène. Du synthétique, de l’électrique, des mouvements du corps et des sinuosités vocales, des harangues inquiétantes, et des feulements suggestifs. 

« Nous voyons en The Butterfly Effect un EP très brut et honnête. Très tôt pendant sa conception, nous savions que nous n’allions pas tourner de vidéo pour le supporter. Mais nous pensions qu’il nous fallait quand même offrir quelque chose de neuf à nos fans. Alors nous avons décidé de faire un clip qui montrerait une facette méconnue du groupe. A l’image de cet EP, très brute et honnête. »

 

La vidéo en question illustre le morceau « Unbegun », et se montre en effet fidèle à l’image que les musiciens en avaient à priori. Elle sert de support à une des chansons les plus « évidentes » du lot, et pas forcément la plus intéressante d’ailleurs. J’ai moi-même, très subjectivement porté mon choix sur «Tongue », qui rappelle clairement le meilleur MANSON subtilement mâtiné de RAMMSTEIN, avec ces riffs lourds et martiaux en intro, et ce chant qui louvoie et ondule comme un serpent qui siffle mais qui fascine. On pense aussi à NIN évidemment à l’écoute, et même au DEFTONES pour cette façon un peu plaintive de concevoir une ligne vocale. C’est en tout cas un mélange très bien dosé, avec des couplets très courbés qui se redressent soudain à l’appel d’un refrain hautement corrosif et puissant.

En mettant de côté l’intermède très Reznor de « 05:03:47:09:08:1945 », il nous reste quand même une ou deux belles pièces, dont le up tempo diabolique « Fat Man », que je pensais au départ reprise des POP WILL EAT ITSELF, mais qui s’est avéré être un nouvel archétype de métissage entre le Néo Metal d’un SPINESHANK et l’Indus light de MANSON, alternant classiquement la douceur et la brutalité maîtrisée, avec talent il faut le préciser, même si sans surprise. 

Ne reste plus au listing que le dansant « Cut Your Wings » qui étale les BPM et les pas de côté, pour finalement nous faire transpirer sur la piste sans arrière-pensée. Cette fois ci, la patte FRONTLINE ASSEMBLY/KMFDM est plus présente, et ce titre est sans doute le plus direct du lot, dans une veine Electro Indus Metal de très bonne facture.

Avec une production fort bien équilibrée et un mixage parfait, The Butterfly Effect est un joli travail de continuité dans l’œuvre des Québécois. Pas un réel étonnement, puisqu’il reprend les débats là ou Skins les avait laissés, mais le plaisir d’écouter une musique « classique », que l’on apprécie depuis deux décennies, et qui continue de nous trémousser de ses beats/riffs efficaces. 

Ainsi se termine la chronique #2000. Pas pire qu’une autre, mais honnête. Point final ou parenthèse ? Seul l’avenir le dira.          

 

 

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