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Metal and Oddities Reviews
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10 juin 2016

AGGGRESSOR - Bury Your Idols

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American Line Productions - Thrash - Mexique - 22 Avril 2016 - 12 titres – 55 minutes

On connaissait déjà combien de groupes portant le nom d’AGRESSOR ? Ben déjà les nôtres, mais aussi selon la bible extrême Encyclopaedia Metallum des Argentins, des Brésiliens, des Colombiens, des Allemands, Hongrois, Américains, et même une troupe du Costa Rica. Comme ça commençait sans doute à faire beaucoup et qu’il fallait se différencier, nos amis de l’après-midi ont opté pour une mutation patronymique amusante, en orthographiant le tout AGGGRESSOR, avec trois G, qui une fois « logoïsés » donnent un ludique 666. 

Pas mal j’avoue. 

Mais la musique alors ?

 

Généralement, lorsqu’on opte pour tel nom de baptême, c’est que l’on n’a pas des intentions louables. Plutôt l’envie de faire pas mal de bruit, tout du moins de jouer une musique salement agggressive. Et dans le mille, puisque nos AGGGRESSOR Mexicains n’ont rien à envier à leurs homologues en termes de décibels et de rythmiques rebelles.

 

Oui, le quatuor de Cuernavaca (Jack Daniel – guitare et chant, Emmanuel « Tata » Bahena – guitare, Dexter Martin – basse et Luis Alvarez – batterie) joue du Thrash, et le précise même en double exemplaire sur sa page Facebook. Alors, old school les mecs ? Hum ? Mais de quelle vieille école parlons-nous ? Américaine ou Européenne ? Pour en savoir un peu plus, je me suis passé votre skeud, et j’ai eu ma réponse assez vite. Les deux. Avec quand même une légère emphase sur la production germaine, niveau riffs et rythmique, et une petite fixette semble-il sur DESTRUCTION. La formation du groupe remonte donc…en fait, nous n’en savons rien puisqu’ils ne veulent pas nous le dire. Selon eux, seule la musique compte. Et ils ont raison…

Mais après quelques recherches, je peux vous préciser que leurs origines remontent à 2010, une fois que leur ensemble précédent MANDRA eut rendu les armes, qu’ils ont déjà un LP sous le bras, Release Of Agggression, paru il y a trois ans, et que ce Bury Your Idols est donc leur second effort…logique.

 

Second effort, mais faut-il en faire pour l’apprécier ? Que nenni, le Thrash à la Mexicaine est coulant en bouche et très subtilement relevé d’épices, mais ne vous oblige pas à porter le godet aux lèvres toutes les deux bouchées. Comme je le précisais, il a un arrière-goût assez prononcé de boucherie/charcuterie Allemande des années 80, un peu fumé mais a su garder la précision de préparation des meilleurs étals US. En toute honnêteté, on a quand même parfois le sentiment que quelques riffs ont été discrètement piqués à des classiques comme « Eternal Ban » ou « Mad Butcher », mais c’est fait avec tant de respect et de passion qu’on veut bien fermer les yeux. 

Niveau structure, le quatuor n’a pas fait dans la simplicité. Avec douze titres pour presque une heure de musique, ils rassasient sans problème, mais ont pris le risque de l’indigestion. Il est certain que les plus grandes réussites du genre dépassaient rarement les quarante minutes, mais après tout, l’époque n’est plus la même. Alors autant en donner un maximum aux fans potentiels. D’ailleurs, pour n’abuser personne, AGGGRESSOR affiche même son crédo sur un titre de presque sept minutes, le bien nommé « Thrash Therefore I Am », le « Je thrashe donc je suis » adapté à la philosophie du pays. Et même en version longue, ça fonctionne, les deux guitaristes ayant du flair pour trouver les parties les plus mordantes sans trop se répéter.

Ils manipulent aussi bien la vitesse raisonnable (« You are God ») que la marche en terrain miné et boueux (« Angelus Novus »), et développent un joli paquet d’idées qui font pratiquement mouche à tous les coups. 

Parfois, les débats s’enveniment et le tempo accélère drastiquement (« All You Need Is Blood », c’est le fantôme de John Lennon qui va être content, d’ailleurs, ils lui conseillent d’aller se faire foutre sur le final, comme ça au moins c’est clair), rapprochant notre horde de barbares de formations comme SDI, WEHRMACHT et même TANKARD pour ce final pastiche plutôt très bien senti.

De la concision, de la puissance, mais aussi de l’humour, cocktail fatal pour défonce radicale comme le dit l’adage, et plus les morceaux s’enchaînent, plus le temps passe, plus on se laisse séduire par cette mixture très bien équilibrée qui parvient toujours à trouver LE plan qui frappe où il faut (le refrain diabolique de « Agents of Chaos », qui intervient après des couplets redondants et jubilatoires).

Ces Mexicains sont décidemment très malins, et ne se sont pas contenté de tirer leurs meilleures cartouches en premier.

 

En sus d’être de redoutables instrumentistes et des compositeurs tout sauf factices, ils savent aussi montrer que leur culture musicale ne s’arrête pas là où commence la radicalisation, et se damnent lors d’un gros Boogie Thrash bien crade comme il faut, qui cite tout autant PANTERA que les CRUMBSUCKERS ou la vague Hardcore des 90’s (« Black Flag (We Are Pirates) », au groove irrésistible). Et s’ils enchaînent sans temps mort sur un titre très évolutif et étrange (« No Man’s Land »), c’est pour mieux nous rappeler les TESTAMENT, OVERKILL et autres maîtres du lapidaire mélodique. « Profanation » renoue avec l’épileptique qui vous bourre de tics au niveau de la nuque qui pique, alors même que l’album se termine sur un dernier pastiche/massacre, avec une cover improbable de Chuck Berry dont le Johnny devient plutôt méchant et honni (« Johnny B.Bad », qu’ils décrivent comme un remake les sagouins). C’est quand même plus festif et féroce que les JUDAS PRIEST dans le même exercice, et confirme tout le bien que je commençais à penser de ces trublions enragés. 

Old school, certes, on commençait à connaître. Mais une fois n’est pas coutume, un groupe a osé la briser et proposer une relecture des incunables sur un ton très personnel, n’hésitant pas à injecter une sacrée dose de fun à une musique radicale et persuasive.

Ils affirmaient avec morgue vouloir enterrer leurs idoles, et les nôtres, se moquent du flower-power et des Beatles, mais ont les arguments qu’il faut pour ne pas passer pour de simples flambeurs mal élevés. Retenez bien ce nom.

Et visiblement, si AGGGRESSION a eu besoin de trois G pour se différencier, c’est tout simplement pour matérialiser en pression ce que leur musique fait subir à votre raison.  

 

 

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