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Metal and Oddities Reviews
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16 juin 2016

TARSIUS TARSIER - La Boca Del Culturista

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Nadie Subcultura Recordings - Dark Crust - Espagne - 6 Juin 2016 - 6 titres – 21 minutes

« Malheureusement pour tes lecteurs, l’histoire du groupe n’est pas très originale…Le groupe a été formé il y a deux ans par Jesus, Javi et moi, dans le but de jouer un Hardcore rapide, sombre et intense. Nous avons commencé à chercher un batteur, et un mois plus tard, Pedrosa a rejoint le groupe. Tout s’est fait très vite ! Et quelques mois plus tard, nous avons donné nos premiers concerts et réfléchi à notre premier enregistrement. » 

C’est un beau roman, c’est une belle histoire ? Non, juste la routine de la gestation et formation  d’un groupe dans ce qu’elle a de plus banal et courant, et c’est comme ça que Manuel, guitariste des TARSIUS TARSIER présente la chose au webzine Idioteq. De l’honnêteté et de la sincérité, autant dans le fond que dans la forme de ses propos, et une fois écoutée cette première cassette des Espagnols, on se rend très vite compte que les déclarations de Manuel sont assez proches de la réalité.

Car le Hardcore du quatuor est en effet rapide, sombre et intense, à la croisée des chemins, et qu’ils ne cherchent pas à révolutionner un style quelconque mais y apporter leur patte. C’est sans doute comme ça que les choses fonctionnent, même si on aimerait parfois qu’une légende naisse de nulle part… 

TARSIUS TARSIER donc. En français, son nom de baptême est plus étrange, puisque son apparence le compare étymologiquement à un spectre, de par sa couleur pale, ses yeux énormes et sa vie nocturne. C’est un petit primate assez mignon en fait, aux yeux fixes qui l’obligent à tourner la tête pour voir de côté, doté d’un odorat et d’une ouïe très fine, communiquant avec ses congénères par des cris très aigus.

 

Une analogie intéressante entre la faune et la musique, puisque celle des Espagnols est plutôt du genre nocturne elle aussi, assez sombre, et que les hurlements stridents de Javier pourraient certainement lui permettre d’entamer un dialogue sous la lune avec cet étrange primate dont ils ont adopté le nom. Musicalement, le quatuor aurait pourtant de quoi effrayer ce petit animal paisible, puisque ses cousins humains éloignés pratiquent une sorte de Crossover très Dark, mélangeant le Crust, le Darkcore, le Screamo, rejoignant cette nouvelle mouvance qui brouille encore plus les frontières entre les styles.

 

Disponible via leur Bandcamp en format digital depuis le 6 juin, et en tape le 6 août sur celui du label Nadie Subcultura Recordings, La Boca Del Culturista fait suite à un premier EP paru il y a un an et demi, Ceremonia de Atadura de Manos qui développait déjà l’identité du groupe tout en laissant quelques pistes ouvertes. Ces mêmes pistes ont été exploitées sur ce nouvel EP, qui en une vingtaine de minutes nous dit presque tout ce qu’il a à savoir sur la nouvelle école du Crust à tendance Dark qui envahit nos colonnes depuis quelques mois. Une fois de plus, la recette est la même, une base emprunté à DISCHARGE et autres cadors du genre, sur laquelle les musiciens brodent des motifs mélodiques inquiétants, rendant le tout assez oppressant dans un ballet de promiscuité avec un Screamo réellement venimeux. On peut ne pas se sentir concerné par la démarche, mais elle est appliquée ici avec une énergie diabolique, et une gravité de ton assez profonde. 

Mais ce second EP est assez symptomatique de la diversité de la scène Madrilène qui fait feu de tout bois, et aborde le Grind, le Stoner et le Hardcore avec la même décomplexion, dans une quête de l’extrême qui en dit long sur leur faim de loup. Six morceaux donc, assez homogènes, tout aussi puissants, tournant tous autour des trois minutes réglementaires, qui sans évoquer la folie et la puissance des NAILS ont su adapter la violence instrumentale crue à un contexte de Screamo/Crust. 

Une bande rythmique assez stable, une guitare qui riffe un peu diffus, et un chant qui se tâte entre égorgements Grind et hurlements Black, donnant à l’ensemble un joli parfum de folie. Quelques ralentissements Heavy assez sévères, et une production massive apportent à La Boca Del Culturista ce petit plus qui fait la différence avec la masse grouillante des groupes Core un peu hybrides, et au final, un EP qui s’écoute avec beaucoup de plaisir, même s’il ne surprend pas vraiment. 

On se noie parfois dans un pur marigot Crust à tendance Screamo (« Espana Crujia », aux mélodies amères et ténébreuses), on flirte parfois avec le Black bordélique avant de revenir très vite dans le giron Crust vraiment très épais (« Ojo De Lana »), et on termine le périple par son étape la plus longue (« Negatoscopio »), qui reprend peu ou prou toutes les recettes employées dans les segments précédents, avec toutefois quelques breaks sournois qui donnent plus de place au silence et aux espaces négatifs. 

Pas grand-chose d’autre à déclarer, c’est propre tout en restant sale, c’est un point de convergence extrême comme on en trouve de plus en plus sur la scène Crust/Hardcore, un genre de centre de gravité inversé. En tout cas, un témoignage de la diversité de la scène Madrilène, de plus en plus prolixe, qui va finir par rejoindre ses homologues Polonaise et Sud-américaine en termes de productivité et de qualité.  

 

 

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