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Metal and Oddities Reviews
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16 juin 2016

AUTARCH-SOOTHSAYER - Split

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Replenish / Reality Is a Cult Records - Space Crust / Dark Crust - USA - 27 Mai 2016 - 6 titres – 35 minutes

Oui, j’aime les splits. Pas les banana hein, trop lourd parce que trop de chantilly. Mais oui, j’aime quand deux, trois, quatre ou cinq groupes expriment leurs vues différentes et/ou complémentaires sur une ou deux faces partagées. Le concept n’est pas inintéressant, et surtout, profondément ancré dans l’underground, et comme vous le savez, pour moi, l’underground, c’est sacré. Alors j’en rajoute un de plus à mon tableau de chasse, avec un exemple de dualité subtile et totalement Américaine dans le fond et la forme. 

Deux groupes seulement cette fois ci, mais pas mal de temps pour nous exposer leurs vues sur la violence instrumentale ricaine. D’un côté, Pittsburgh, de l’autre Asheville. Pennsylvanie contre Caroline du Nord, pour une direction qui semble commune, tout du moins partagée sur certains points.

A gauche, les AUTARCH, à droite les SOOTHSAYER, et au centre, toi, auditeur potentiel qui te demande à quelle sauce tu vas être bouffé.

Cette sauce est éminemment relevée, mais subtilement agencée. Si les ingrédients de base sont piochés dans le bocal du Crust et du Darkcore, on y trouve aussi quelques traces de Sludge, de Space Noise, de Hardcore, un poil de Punk traité comme du Black, beaucoup de violence donc, mais une violence sourde qui n’hésite pas à attaquer le palais et les papilles sans prévenir.

 

AUTARCH donc, un Bandcamp, une page Facebook, quelques labels, et des sorties. Pas beaucoup, mais déjà de quoi se faire une idée sur la question. Les AUTARCH nous viennent donc d’Asheville, sont quatre, et ont vu le jour aux alentours de 2010. Ils ont déjà à leur actif un LP, The Death Of Actiacus, paru en 2013, constitué de cinq morceaux, mais aussi un EP sorti un an plus tôt et éponyme. Leur musique selon les blogs pourrait éventuellement se rattacher à la mouvance des TRAGEDY, HOLY MOUNTAIN ou autres AMBER, dans une veine Crust très sombre qui n’hésite pas à fouiller dans le Post Metal quelques éléments mélodiques et contemplatifs. Sur ce Split, ils proposent comme leurs petits camarades trois morceaux, qui font un carton plein et présentent leur philosophie aux néophytes sans prendre de gants. 

Si vous souhaitez commencer par le plus emblématique, celui qui vous permettra de piger le truc sans avoir à passer par l’exhaustivité, adoptez d’emblée le long « Pleiades », qui pendant six minutes vous brossera un tableau assez fidèle de la personnalité du quatuor.

Riffs entiers et épais, agressivité, lourdeur, épisodes/intermèdes harmoniques et très Post, furieuses embardées, c’est sinon créatif du moins efficace, et assez inquiétant et ténébreux dans la forme. Mais rien ne vous empêche au contraire de vous taper les trois interventions, qui toutes à leur niveau ont quelque chose à proposer. On sent une jolie cohérence avec les travaux précédents, mais aussi un petit bond en avant qui laisse augurer une ouverture potentielle sur un autre univers dans le futur.

Une affaire à suivre en tout cas, et un petit quart d’heure de Néo/Dark Crust qui ne se contente pas du minimum.

 

Le cas SOOTHSAYER est évidemment différent. Groupe beaucoup plus jeune puisque assemblé en 2014, les originaires de Pittsburgh ont sur leur CV une démo trois titres, ainsi qu’un LP de six morceaux, In My Chest Is The Sound Of A Thousand Oceans, publié en mai 2015. Leurs théories, quoique adjacentes à celles de leurs confrères diffèrent quelque peu, et leur Hardcore est beaucoup plus sec et plus complexe à la fois.

Le chant, partagé entre des intonations masculines et féminines est très efficace et confère à leur musique une atmosphère étrange. Comme pour AUTARCH, trois morceaux leur sont accordés, dont deux restent dans des balises raisonnables. S’ils définissent eux-mêmes leur mixture comme étant du Space Crust, il est plus aisé et paradoxal de les ranger dans la catégorie des groupes inclassables puisqu’on retrouve dans leurs morceaux des éléments de Post Hardcore, de Post Metal et surtout, un parfum délicieusement vintage dans les accalmies les plus décalées, souvent dominées de cette voix féminine éthérée qui nous rappelle délicieusement les seventies (« Old Gods »).

 

Le gros du plat consiste en une longue suite de plus de dix minutes, « Strange Fruit », qui porte admirablement bien son nom, et commence comme une litanie Doom progressive une fois de plus survolée de volutes vocales acides, alors même que l’instrumental se met en place doucement. Un peu Doom dans l’esprit, légèrement Stoner passéiste, pour un rendu très envoutant, qui prend son temps pour installer les divers éléments.    

Un énorme riff à la SAB’ déchire soudain l’espace, alors que la musique se transforme soudain en une digression sur les trames des HAWKWIND et autres ST VITUS, lorsque tout à coup la machine s’affole et tombe dans un Crust très violent. Crust certes, mais toujours abordé de biais, avec une production pas vraiment contemporaine mais plutôt entre plusieurs époques, qui ne rechigne pas à imposer des interruptions très efficaces en up tempo, soutenu par cette dualité vocale décidemment très intéressante. 

« War of The Roses » persiste dans cette voie, de façon plus concise et moins évolutive, et referme la porte sur une intervention décidemment captivante.

 

Si AUTARCH ne démérite pas dans la violence, il faut avouer que ce sont les SOOTHSAYER qui se tirent la part du lion sur ce split. Pas franchement « labellisable », le quintette surprend par sa diversité, alors que les AUTARCH se contentent d’appuyer là où ça fait mal, avec brio ne le nions pas.

Mais le résultat et l’opposition des deux groupes est assez réussi en soi, et je ne saurais que trop vous recommander ce split si vous souhaitez explorer l’underground Crust Américain qui a décidemment envie d’emmener les choses un peu plus loin et un peu plus…haut.   

 

 



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