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Metal and Oddities Reviews
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16 juin 2016

COOKIE CROTCH NUTS - Number Two

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Futtbuck Records - Comedy Synthetic Indus Metal - USA - 11 Juin 2016 - 16 titres – 48 minutes

Les groupes parodiques dans le Metal, c’est chose courante depuis les années 80. Back in time, nous avions évidemment les irrésistibles SPINAL TAP et leur Hard Rock de pacotille, leurs filles aux gros culs et leur Stonehenge de carton-pâte, mais aussi les BAD NEWS et leur humour un peu limite parfois. Depuis, le style a évolué, s’est sophistiqué ou au contraire est devenu plus primitif, et les GWAR, NANOWAR, LORDI, ont commencé à agiter les scènes du monde entier.

On pourrait parler dans une moindre mesure – et beaucoup plus de talent évidemment – de Patton et ses projets annexes, ou de nos CARNIVAL IN COAL, jamais avares d’une bonne référence ou d’un calembour éprouvé. En restant en France, GRONIBAR ferait aussi l’affaire, tout comme les ULTRA VOMIT. Comme vous le voyez, la liste peut-être longue, très longue.

Surtout si on y ajoute un nouveau nom qui n’est pas vraiment nouveau sur la scène, celui des ricains de COOKIE CROTCH NUTS.

 

Ce groupe/concept/entité/sketch n’est pas né d’hier, mais plutôt à la fin des nineties, aux alentours de 1997, s’articulant sur un axe de joyeux trublions bien décidés à mélanger humour borderline et musique dansante. On le sait, l’équilibre entre farce de fin de banquet et musique de qualité est très difficile à trouver. Les plus doués des pasticheurs savent bien que composer de bonnes chansons et les illustrer de lyrics de bon ton est un art délicat qui demande intelligence de ton et de fond, et souvent les combos se fourvoient dans des blagues vaseuses qui se noient dans une bande son insipide et sans intérêt. Mais l’avantage avec ce sextette US, c’est qu’il n’a justement pas négligé l’aspect musical de son entreprise. Ils ont d’ailleurs commencé à graver des pistes en 2006, en mettant en branle leur premier LP, Abusement Park, qui, étrangement, mit six ans à sortir et ne fut proposé sur le marché qu’en 2012. Depuis, les clowns électro ont donné pas mal de concerts/happenings, et ont travaillé leur répertoire pour proposer une suite à l’histoire, suite que j’ai donc entre les oreilles.

 

Conscients de la difficulté de propager leur bonne parole potache, Johnny Thrust (chant, guitare, claviers), Spunk Injector 3000 (chant, claviers), Mud Whistle (guitare), Wick Nice (voix claviers), Ace Of Bass (basse) et Mister Fister (batterie) ont fondé leur propre structure de distribution, Futtbuck Records, et sont passés par le crowndfunding pour réunir les fonds nécessaires à l’élaboration d’un second LP. Visiblement, le but a été atteint puisque ce Number Two a vu le jour, mais à l’écoute des blagues musicales qui en forment l’ossature, je dois reconnaître qu’il eut été dommage que l’affaire soit tuée dans l’œuf. Car outre un sens de la provocation assumé jusqu’au bout (mais mieux vaut ne pas savoir lequel…), la troupe assure l’ambiance dans un déluge de rythmiques synthétiques et de riffs d’acier, le tout teinté d’un joli pluralisme qui leur permet de toucher à tous les styles (et aussi à autre chose que la morale m’empêche de nommer). 

Selon leur bio, leur musique justement se concentre sur des hymnes Metal un peu branques, subtilement adoucis par une touche de Pop, mais aussi enrichis d’un background remontant à la New Wave des années 80, au Blues, en passant par le Rap, la Country, l’Industriel, et même ce bon vieux Rock N’Roll. Si cette assertion n’est pas complètement erronée, il faut quand même avouer que globalement, les chansons de CCN sont plutôt ancrées dans un délire Electro-Metal à la WHITE ZOMBIE.

Les rythmiques sont en effet très dansantes, et étoffées par des riffs purement Metal qu’un petit clavier Casio vient enjoliver de ses intonations puériles. Si vous doutez de mon analyse, écoutez par exemple un morceau comme « Cellar Dweller » pour vous persuader du bien fondé de mon interprétation. 

Comique certes, souvent borderline dans les harangues humoristiques, Number Two n’en reste pas moins une sérieuse affaire de musique ludique et efficace. Certes, le sextette pousse le bouchon en termes de blagounettes de mauvais goût, mais ils n’en ont pas pour autant oublié de composer. Et avec seize morceaux pour presque cinquante minutes de musique, il valait mieux travailler le fond autant que la forme. Ils ne se posent évidemment pas en synthèse ironique de plus de soixante ans de musique populaire et restent concentrés sur une approche bien précise, mais leurs hymnes paillards et rigolards donnent salement envie de trépigner et de danser.

 

On pense à du MANSON exilé au Saturday Night Live, à du Rob Zombie projeté dans un pastiche des films d’horreur des années 80, aux JESUS ON EXTASY dropés dans une rave improbable avec masques de clowns lubriques et déguisements de routiers salace, en gros, à un démarquage Electro adapté à un humour un peu rétro qui fonctionne pourtant à tous les niveaux. Il n’est pas rare que la progression des chansons soit stoppée par des intermèdes comiques (« Truckin' 'n' Fuckin' », quand je vous parlais des routiers, ça n’était pas pour faire joli), ou par des pas de côté histoire de tâter un peu de l’Electro-Indie à l’économie (« Sweaty Richard »). On se permet même de mélanger des hymnes à la LORDI aux histoires branques à la TENACIOUS D, en jouant le tout comme un SYSTEM OF A DOWN qui aurait sombré dans le second degré (« Diarrhea »). 

Une petite boutade minimaliste 80’s (« Cosbypolitan », son beat de TR-808, et boucles de claviers genre bontempi), un salut de la main aux FAITH NO MORE, MR BUNGLE et autres fantaisies Pattoniennes à base de groove luxurieux et de Jazz juteux (« Peter Pry », irrésistible), avant de lâcher un gros morceau en réintroduisant les guitares par le canal le plus étroit (« Scrodisious », court métrage musical foutraque et branque, qui ose enfin la double grosse caisse et la puissance), avant de finir la soirée sur un truc improbable, genre de karaoké chanté par un imitateur local de Dylan (« Beach House Bukkake », encore des allusions fines et bien placées). 

Il est certain que les anglophones apprécieront plus le délire proposé par ce sextette que rien n’arrête, surtout pas les blagues de mauvais goût. Une fois les textes et la musique juxtaposés et bien compris, la chose fonctionne en effet de façon optimale.

Mais il n’est pas interdit non plus d’apprécier la musique pour ce qu’elle est, puisque les COOKIE CROTCH NUTS proposent quand même un joli lot de compos efficaces et lubriques, avec en première partie un Electro-Metal très efficace, et des choses plus bricolées et expérimentales en face B. 

Un album de débiles qui s’adresse à des tarés, sans pour autant les prendre pour des cons. Plutôt bon non ?     

 

 

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